The Groom Curse °•○● ᵐᶦⁿˢᵘⁿᵍ

QUATRE.

- Tu veux prendre Filou ?!
Mes mains se crispent contre le volant de ma voiture.
- Oui. Les filles ont changé leurs vols, elles reviennent du Japon plus tard. Il n’y aura personne dans les parages pour s’occuper de lui et je me vois mal le laisser seul à la maison. Explique Chris à l’autre bout du fil. Je sais que c’est un peu tard pour prévenir mais j’ai décidé ça hier. Il reprend dans un toussotement.
- Je comprends vraiment…Mais je ne sais pas si la compagnie aérienne et l'hôtel acceptent les canidés comme Filou. Ce n'est pas un chiwawa dont il est question là. Je poursuis en fronçant les sourcils lorsqu'un véhicule me coupe presque la route.
- Jisung, arrête de t’inquiéter. J’ai appelé mes parents, ils sont d’accord pour s’en occuper une fois sur place. Pour l’avion, est-ce que tu peux m’envoyer le numéro du vol ainsi que le nom de la compagnie par téléphone ? Je vais demander à mon agence de faire le nécessaire. Reprend Chris, sa voix résonnant dans l'habitacle de la voiture. 
- Désolé, le fait de savoir que le départ est dans deux jours me tend. Je réponds agacé. J’espère pour toi que la carte du mec privilégié va fonctionner. Sinon tu te démerdes pour échanger nos vols. J’ajoute.

Il éclate d'un rire franc. 
Un large sourire naît alors sur mon visage.

- Bon. T'es prêt ? Je demande pour changer de sujet.
- Impatient. Il répond après un silence, la voix plus grave que d’habitude.

Chris n'a pas vu ses parents depuis plus de deux ans. Soucis de temps, de travail et il fut un temps : d'argent. Il dit toujours que les FaceTime sont assez mais je sais bien que l'Australie lui manque profondément. Séoul est une belle ville mais elle n'a probablement pas le charme et les souvenirs qu’il associe à Sydney.

- Minho a donné des nouvelles ? Demande Chris alors qu'un bruit de porte qui se claque se fait entendre derrière lui.
Ma mâchoire se serre.
- C'est une catastrophe. En presque trois mois j'ai dû lui soutirer quatre ridicules phrases. J'avais l'impression de l'harceler. Je réponds en tournant dans une rue.
- Harceler ? C'était de la traque à ce niveau là. Dit une nouvelle voix que je suppose être celle de l'homme que j'étais en train de critiquer.

Un temps passe.

J’avais presque oublié le son de sa voix.
Etonnamment, elle sonne plus grave qu’avant.

J’expire bruyamment.
- Salut. Je dis.
- Salut. Il répond.
- Tu t'arrêtes jamais de travailler ? Reprend Chris à l'attention de Minho.
- Plus que demain et je serai en vacances. Il répond d'un ton plaintif.
- C'est tes premières vraies vacances ? Demande Chris.
- Depuis cinq ans oui.

Je grimace alors que mon dos s’enfonce dans mon siège.

J’ai conscience que ma vie est mille fois plus confortable que la leur. En tant qu’écrivain, je ne fais ni partie d’une agence, ni partie d’une entreprise. Je n’ai pas été formé. Je n’ai pas vécu la pression et les violences mentales ou physiques qu’ils ont subi. Je ne sais rien de ce quotidien là. Moi je vis simplement à mon compte. Mon visage, bien qu’il soit connu du public, n'est pas traqué par des paparazzis. Je ne suis pas forcé de faire des interviews, de travailler sur des projets qui ne me plaisent pas. Je ne dépends pas d’une autorité supérieure. Mon temps, bien que cela devrait être normal, j’ai la chance de pouvoir l’utiliser comme j’en ai envie.

Alors imaginer vivre cinq ans sans vacances…
Ma tête se secoue de gauche à droite.

Après quelques minutes je me gare enfin dans une rue aux bâtiments grisâtres et aux trottoirs goudronnés.
- Chris, je vais te laisser, je viens d'arriver chez Changbin. Tiens moi au courant de la décision que prendra la compagnie aérienne pour Filou s'il te plaît.
- Ça marche, on fait comme ça. Dit-il.
- Bon courage pour le taff. J’ajoute en attrapant mon téléphone pour enlever le haut parleur.
- Merci. Répond Chris.
- Au revoir. Dit rapidement Minho alors que j'appuie sur le bouton raccrocher.