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Je suis seule.

Je ne souffre pas de ma solitude, c'est devenue une habitude, une attitude face à un monde qui avance sans moi.

Je stagne. Je suis immuable.

J'avance dans la vie avec une seule pensée: Je dois continuer.

J'ai grandi en étant dans l'ombre, je n'ai jamais été rien ni personne.

Mon prénom est en lui même une allégorie de la lumière, ce qui est ironique vu que je suis destinée à raser les murs dans l'ombre.

J'ai grandi, j'ai merdé et je suis tombée enceinte.

La maternité n'est pas un rêve. J'ai perdu quelque chose que je ne retrouverai jamais. Je me suis perdue moi.

J'ai laissé la peur, l'angoisse, la solitude et la tristesse avoir raison de moi. Je me suis laissée aller au chagrin et je pense être tombée tellement bas qu'il est impossible de sauver quoique ce soit en moi.

Je me contente de me terrer dans mes bras et d'hurler dans mes oreillers. Je me torture en comptant tout ce que je n'ai pas.

Et j'écris des textes de ce genre pour me libérer avant de les brûler dans la corbeille de ma chanvre et d'allumer une cigarette avec les flammes.

Au moins avec chance je crèverai du cancer, je me dis ça souvent.

La mort ne m'a jamais fait peur elle mais c'est un raccourci bien trop facile.

Ma fille me dit souvent de ne pas pleurer. Elle ne parle pas mais je le sens quand elle me sait triste et qu'elle vient me chanter une berceuse dans une langue que je ne comprends pas.

Il ne faut pas que je pleure. Il ne faut pas que je sois triste. Je n'ai pas le droit de l'être.

À l'écrire ma vie semble déprimante. Mais pas du tout en réalité.

J'ai de quoi manger et nourrir ma fille, on a un toit sur la tête, des vêtements et un endroit où dormir.

Je me convaincs de mon bonheur en imaginant que pour les autres c'est encore pire. C'est la meilleure façon que j'ai de relativiser.

Mais je stagne encore et encore.

Les autres obtiennent des diplômes, des boulots de rêves, vivent des histoires d'amour passionnées quand moi je stagne, me drogue à la bonne musique et à la nicotine en espérant que demain j'ai assez pour renouveler mes assurances.

J'ai l'impression de les entendre me narguer à travers ces foutues notifications de mise à jour de statut.

Je voudrais un avenir radieux où tout se passe comme je veux. Une vie meilleure, un instant de paresse.

Mais pour l'instant ce qui me ramène à la réalité c'est le son de mon réveil. Encore une nuit blanche où j'ai encore réfléchi trop longtemps.

C(RÊ)VEWhere stories live. Discover now