« Du désir, voilà ce qu'elle ressentait. Cette sensation la dévorait. Elle irradiait son corps, lui ordonnant d'attraper son visage pour l'embrasser langoureusement, lui suppliant d'approcher son corps du sien pour qu'ils fusionnent et ne fassent pl...
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- Landon ! La petite Merry héla son ami de loin.
Cela faisait déjà quelques années que l'accident avec Éric avait eu lieu. Entre-temps, Peter était devenu vice-commandant de l'armée d'Eïdolon. Son poste signifiait qu'il était souvent en déplacement, et depuis cet événement, Merry avait remarqué que Landon avait changé. Il était devenu plus solitaire, plus sombre. Et Mère Nature en était témoin, ce changement d'humeur l'avait elle aussi affecté, plus qu'elle n'aurait voulu l'admettre.
Il était en train de brosser un Dikero-Alogo, Merry arrivait seulement au buste de l'énorme bête noire. Avec ses deux cornes, sa couleur, sa grandeur et son air féroce, il était difficile de penser que la bête puisse être domptable. Landon redressa la tête une seconde, lui lança un sourire en coin avant de reprendre son activité. En s'approchant, Merry sentit aussitôt l'aura apaisante de l'animal et caressa sa crinière noire veloutée. Elle regarda l'étendue des champs ; il faisait bon aujourd'hui, la brise était fraîche et le soleil éclatant. Elle lança un regard inquisiteur à son ami.
- Pourquoi n'es-tu pas avec les autres ? Ils doivent être en train de se prélasser dans les jardins du château avec une limonade bien fraîche.
Ces derniers temps, Merry s'inquiétait de la solitude de son ami. Depuis que son frère était parti, il restait seul et passait ses journées aux champs d'entrainement ou aux écuries.
- Pourquoi n'es-tu pas avec eux, toi ? Lui retourna-t-il d'un air morose. Merry se mit à rire, gênée.
- Tu sais bien qu'ils me détestent, je n'ose même pas imaginer l'horreur de me retrouver là, face à eux.
Landon s'arrêta de brosser le Dikero, redressa la tête vers Merry et une mèche de ses cheveux corbeau retomba sur ses yeux assombris et son nez aquilin. Merry s'arrêta de rire et se retrouva soudain gênée ; elle passa une main dans sa nuque. Lucie s'impatienta et tapa du pied à terre en hennissant.
- Pour quelle obscure raison devrais-je être ami avec eux, dans ce cas ? demanda-t-il sérieusement.
Merry se mit à rougir et mordit sa lèvre inférieure en baissant la tête, se sentant soudain honteuse.
- Ma position d'humaine n'a rien à voir avec la tienne, tu n'as rien à leur reprocher.
- Au contraire, cela me concerne ; mes parents possèdent plus d'ennemis que d'alliés dans ce château. Leur façon de penser est beaucoup trop révolutionnaire pour être acceptée ici. Tu n'aimerais pas savoir ce qu'ils disent de mon frère... Il secoua la tête. Je ne veux pas être associé à ces gens.
Merry ne sut pas quoi lui répondre. Elle regarda le sol, embêtée d'avoir amené un sujet difficile sur la table. Landon s'était remis à brosser le Dikero d'un air sombre et Merry se rappela pourquoi elle était venue ici.
- Je voulais te montrer quelque chose, commença-t-elle, les yeux toujours rivés sur le sol. Landon haussa un sourcil dans sa direction tandis qu'elle allait chercher la monture de l'animal.
- Il y a un peu de trotte à faire, mais je peux te promettre que tu ne seras pas déçu, lui assura-t-elle.
Il se laissa faire sans broncher. Ils montèrent sur l'animal et partirent au galop à travers champ. Merry était derrière Landon et le dirigeait ; aussi proche de lui qu'elle l'était, collée à son dos, elle pouvait sentir son odeur boisée et chaleureuse.
Ils avaient traversé les champs, puis les habitations en pierres des petites mains du château. Ils s'étaient arrêtés un moment pour que Merry remplisse son sac de gâteaux et de boissons pour finalement continuer leur chemin jusqu'à la lisière de la forêt.
- Merry... Tu n'es pas autorisée à aller plus loin, balbutia Landon d'un air gêné alors qu'ils arrivèrent à la frontière de la forêt.
Elle le tapa à l'arrière de la tête.
- J'en ai bien conscience ! On y est presque, le rassura-t-elle, il suffit juste de longer la forêt et de rentrer deux petits mètres à l'intérieur de celle-ci, fais-moi confiance.
Il hocha la tête, mais ses sourcils froncés trahissaient son inquiétude.
- Ne me dis pas que tu as peur ? Le taquina-t-elle.
Landon leva les yeux au ciel et pénétra dans la forêt sans plus attendre. Un peu plus loin sur leur gauche, comme elle l'avait promis, une petite rivière les attendait, entourée de gros rochers qui la protégeaient. À l'intérieur, d'autres rochers couverts de mousse verte parsemaient la rivière et faisaient office de petites chutes d'eau. Landon descendit de l'étalon, puis aida Merry à descendre.
- Tu m'as traîné ici pour observer une simple rivière... Commença-t-il morose. Merry ne se départit pas de son sourire.
- Ce n'est pas juste une rivière ! S'exclama-t-elle en le regardant mystérieusement. Elle déchaussa ses chaussures.
- Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-il sceptique.
Elle ne lui répondit pas et s'approcha du point d'eau.
- Ne me dit pas que tu veux te baigner ?! S'indigna-t-il, dégoûté par la mousse qui recouvrait les rochers.
- Mais non... Ce fut à son tour de lever les yeux au ciel. Elle s'assit sur un gros roché et trempa ses pieds dans l'eau gelée.
- Viens me rejoindre ! Cria-t-elle à Landon qui était resté près de Lucie. Il la regardait comme si elle avait perdu la tête, et elle soupira. .
- En quelle saison sommes-nous ?
- Nous sommes au printemps. Merry, tu commences à me faire peur, tu n'aurais pas fumé un jusquiame à grand-mère Louise, à tout hasard ?! demanda-t-il ironiquement.
- Tu n'as jamais dû lire les livres botaniques de Pachamama. Tu n'as pas dû te balader très souvent dans les forêts eïdolienne non plus... Ça te coûtera cher un jour de ne jamais sortir de ta tour de porcelaine, le réprimanda-t-elle.
Il soupira et fronça les sourcils, définitivement contrarié.
- Si j'avais su que j'allais faire tout ce chemin pour me faire insulter... Marmonna-t-il en se tournant vers la selle pour remonter sur le Dikero.
- Attends ! Merry se leva et bondit dans l'eau glacée de la rivière.
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