Where do you think you're going? I think you don't know

140 9 58
                                    

TW: violence et contenu explicite


Maxime sort du bar, les deux verres à la main.  D'un pas déterminé, il se dirige vers l'homme toujours enchainé au poteau de bois. Ce dernier est assis au sol, se tenant maintenant les côtes. Sa tête est baissée, et ses épaules suivent le mouvement de sa respiration saccadée. Il ne semble pas avoir remarqué la venue de Maxime, ou s'il l'a remarqué, il ne le montre pas.

Maxime s'arrête une fois arrivé à son niveau. Il dépose avec un peu plus de force que nécessaire le verre d'eau à ses pieds. Enfin, le visage de Sidjil se tourne vers lui.

Et juste comme ça, ils se regardent à nouveau. Bruns. Ses yeux sont bruns. Chaleureux même. Il n'avait pas pris le temps de les détailler auparavant. De longs cils noirs, comme des plumes, caressent ses paupières.

Pendant un instant, Maxime à l'impression de perdre la tête.

« Bois avant que je change d'avis. »

Etonnement, malgré la menace, Sidjil prend délicatement le verre. Il le tient comme si c'était quelque chose de précieux et non un simple verre d'eau, et boit la moitié. Quelque chose dans la poitrine de Maxime se resserre.

« Merci »

Maxime hoche la tête une fois, mais il n'arrive pas à détourner ses yeux. Il est captivé par ses lèvres, humidifiées par l'eau, scintillant sous la lumière tamisée d'une lanterne à proximité.

« Écoutes- »

Tout le corps de Maxime se tend. Non, c'est bon, merci, il a fait son devoir de bon citoyen, pas besoin de prolonger l'interaction. En se retournant rapidement, le liquide dans son verre s'agite et éclabousse sa main.

Mais Maxime avait sous-estimé la mobilité de Sidjil avec ses menottes, et son poignet est retenu avant qu'il ne puisse battre une retraite rapide.

« S'il te plait, laisses-moi t'expliquer. »

« Je m'en fou de tes explications. »

« S'il te plait. »

Maxime déloge la prise sur son poignet, mais il reste immobile, sans essayer de s'éloigner. Il s'assoit lourdement sur le bord du puit et regarde Sidjil avec impatience.

Maintenant que Sidjil a toute son attention, il semble hésiter. Maxime arc un sourcil.

« Je- je veux t'expliquer. Je sais juste pas par où commencer. »

« Par le début c'est toujours mieux. »

« Oui, le début... » Sidjil se racle la gorge, ses mains dansent dans une gestuelle nerveuse. « À la base- quand le Maire m'a trouvé- quand on s'est rencontré, j'étais jeune. Fils d'une famille de fermiers. On n'avait pas grand-chose, on vivait grâce à nos champs, mais même avec ça, on n'était jamais vraiment à l'abris. Mon père se faisait vieux, et je l'aidais pour garder notre famille la tête hors de l'eau. C'était du boulot difficile, mais on se débrouillait comme on pouvait. Et puis un jour, le Maire et sa bande sont venues dans le village, et je sais pas... Il a vu mon potentiel. Que j'étais bosseur, que j'étais un peu plus intelligent, un plus rapide que la moyenne. Et une partie de moi l'admirait, ce qui a surement dû aider. Il n'avait peur de rien. Il inspirait le respect chez tous. Alors quand il m'a proposé de venir avec lui, m'a dit que j'aurais accès à toute la luxure que je pouvais imaginer... » Sidjil inspire profondément et regarde à présent ses mains. « Et moi, misérable et pauvre, ça m'a séduit. Sortir des champs, découvrir la vie. Ramener de l'argent à mes parents. Leur donner ce qu'ils n'ont jamais pu s'offrir. Mais vite- vite j'ai compris le prix de toute cette richesse. La vie d'autres. C'était trop, mais le mal avait déjà été fait. »

Once Upon A Time In The WestWhere stories live. Discover now