Discret

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Ainsi, ils s'éloignent et se mettent dans un endroit isolé, non-épargné par certains regards interrogés et avides. C'est à l'arrière du bâtiment qu'ils se trouvent, dans un silence pesant. Sidjil s'installe contre le mur, il sort une cigarette et son briquet de la poche de son baggy, la cigarette mise entre ses lèvres, il l'allume en mettant sa main devant celle-ci afin de ne pas être gêné par le vent. Puis il tire une première taffe, Maxime ne peut pas s'empêcher de remarquer qu'il aspire plus de nicotine que d'habitude, il souffle cette fumée, lorsqu'il la souffle, on pourrait dire qu'il soupire.

-T'as décidé de me faire la gueule comme ça, d'un coup?

-Non.

-Alors pourquoi?

Sidjil ne tourne pas une seconde son regard sur Maxime. Il regarde un point vide. Perdu et absorbé par ses pensées. Contradictoirement à Maxime, qui lui regardait et cherchait Sidjil à partir de son regard. Il aimait se dire qu'à ce moment, son regard était d'une certaine intensité qui devait capter le regard de Sidjil.

-C'est complètement con, mais ça m'a énervé que tu veuilles pas me voir hier. Je t'ai senti hyper détaché de la conv'. L'autre soir aussi, t'avais l'air ailleurs. Ça m'énerve que tu te confies pas à moi.

-Sidjil...

De ce fait, Maxime se rend alors compte de la discrétion dont il avait fait preuve. Même si Sidjil ne savait pas la raison de son comportement détaché, il avait remarqué son comportement. Il ne savait absolument pas comment le justifier, enfin si, il se justifiait, mais de la manière la plus simple possible, parce qu'il détestait prendre des risques.

-Désolé si tu l'as mal pris. J'étais juste fatigué.

C'est là que Sidjil ose enfin tourner la tête vers lui, qu'il prend la peine de le regarder, mais ses yeux n'étaient remplis que de pitié, il tire une nouvelle taffe et secoue la tête.

-Tu mens et j'le sais.

-Comment?

-Parce que je te connais.

-Pourquoi t'es si sûr de me connaître?

Sidjil se rapproche d'un pas de Maxime, d'un pas indolent, il prend le menton de Maxime de sa main élancée. Ainsi, il lève la tête du plus petit, Maxime tente de ne laisser rien paraître, de ne pas montrer à quel point il se sentait vulnérable et dominé. Il détestait cette position. Mais pas parce que c'était Sidjil, au contraire, plutôt à cause de la situation principale. Une tension étrange s'était installée, l'atmosphère avait changé, et aucun des deux hommes ne saurait l'expliquer.

-Parce que je te regarde plus que tu ne le penses, Max.

Il regarde sa montre.

-Il reste dix minutes avant qu'on reprenne.

Puis il s'en va, penaud, laissant un Maxime avec les bras ballants, remettant toute sa vie en question, comme à chaque fois que Sidjil faisait quelque chose qui était, à ses yeux, bizarre.

Il sort son téléphone de son pantalon, il appelle Elian, cinq bip se font entendre, aucune réponse.
Il avait, présentement, vraiment besoin de parler. Ça n'était pas souvent le cas pour Maxime, parce qu'il détestait se confier, mais là s'en était trop pour lui, il fallait qu'il partage son ressenti à quelqu'un d'autre.

Grim. Alors il appelle Grim. Grim était un ami de confiance. Au bout de trois sonneries, une voix se fait entendre à l'autre bout de la ligne.

-Ouais ?

-Mec, j'ai besoin de te parler.

-Oula... Maxime qui veut se confier à son pote le plus beau-gosse c'est bizarre... Tu vas me dire que t'es plus puceau?

Désemparé(s)-Djilsime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant