Chapitre 12

49 12 0
                                    


Tandis que les lueurs du soleil pénétraient dans sa chambre, Sahar ouvrit les yeux à l'attente du grincement que produisit l'ouverture de sa porte.

— Que fais-tu ici Surya?

— Papa est sorti, ne t'inquiète pas. Je t'apporte le petit déjeuner, révéla-t-elle en s'approchant du lit de sa sœur.

— Depuis quand t'inquiètes-tu pour moi ? Répliqua Sahar, son regard dur fixé sur sa jeune sœur.

— Ne dis pas cela Sahar, tu sais que j'ai peur de papa. De toute façon, que pourrais-je bien faire pour l'empêcher de te frapper ? Supplia Surya d'une voix tremblante.

Sahar détourna le regard, son visage glacial et distant.

— Tu ferais mieux de sortir avant qu'il ne revienne. Prends bien soin de ressortir avec ce plateau, je ne veux rien, répliqua Sahar sèchement, repoussant le plateau du petit déjeuner que sa sœur avait apporté.

— La cérémonie du henné aura lieu aujourd'hui.

— Je te demande pardon ?

— Tu as bien entendu, Sahar. La cérémonie du henné est prévue pour aujourd'hui, et tu dois te préparer. Répondit Surya avec une pointe d'appréhension dans la voix.

Sahar sentit son cœur se serrer à cette annonce. Tout en elle refusait cette destinée qu'on lui imposait.

— Je ne participerai pas à cette cérémonie. déclara-t-elle d'un ton ferme, relevant la tête pour soutenir le regard de sa sœur.

Surya baissa les yeux, comprenant la détresse de Sahar.

— Sahar, tu sais que ce n'est pas possible. Tu dois te plier aux désirs de notre famille.

— Tu ne comprends pas, Surya. J'imagine que tu te contenteras de te plier aux désirs de notre père lorsque ce sera à ton tour de te marier ? Es-tu si inconsidérée que cela ?

— Entre nous deux, c'est toi l'inconsidérée ici. Regarde la multitude de bleus et de blessures que tu as sur le corps. Crois-tu que je peux être aussi insensée que toi en mettant ma vie en jeu, juste parce que je n'aime pas l'homme avec qui je dois me marier ?

— Surya, si tu es ici pour ne prononcer que de telles sottises, sort d'ici ! Tu n'es qu'une gamine pour le moment, mais lorsque ce sera ton tour, tu pourras me comprendre.

Sahar savait que Surya avait raison sur un point : son corps était couvert de marques, des témoins de son refus de se plier aux traditions et aux conventions imposées par leur famille. Pourtant, malgré la douleur physique et morale qu'elle endurait, Sahar restait inflexible. Elle refusait de se plier à un destin tout tracé qui ne lui laissait aucun choix, aucune liberté.

Surya, désemparée devant la détermination de sa sœur, tenta une dernière fois de la raisonner :

— Sahar, je sais que tu souffres, mais tu dois comprendre que nous n'avons pas le luxe de choisir nos destinées. Je ne comprends peut-être pas complètement ta douleur. Mais s'il te plaît, essaie de comprendre la mienne. Notre famille compte sur toi pour perpétuer nos traditions, pour assurer notre lignée. Je sais que ce mariage n'est pas ce que tu désires, mais c'est le destin qui nous est astreint.

Sahar baissa les yeux, sentant la colère et la frustration monter en elle.

— Je ne me marierai pas par obligation, Surya. Je refuse de sacrifier ma vie et ma liberté pour des coutumes qui ne me correspondent pas. Peu m'importe les attentes de notre famille.

Sahar se leva brusquement, faisant face à sa petite sœur avec un regard dur et froid.

— Tu ne comprends rien, Surya. Tu te laisses domestiquer par les traditions et les convenances, mais moi, je refuse d'être une marionnette entre les mains de notre père et de notre société. Je suis libre de mes choix, de mes sentiments, de mon destin, déclara-t-elle d'une voix tranchante. Personne ne peut décider à ma place de qui je dois aimer et avec qui je dois passer le reste de ma vie.

Surya la regarda, impuissante. Elle savait que Sahar avait raison, mais elle craignait les conséquences de sa rébellion. Leur famille était déjà confrontée à de nombreuses difficultés, et le mariage arrangé de Sahar était vu comme une chance de les sortir de leur pauvreté.

— Notre père ne tolérera pas ton refus, ton corps en témoigne. Tu risques de nous mettre tous en péril, murmura Surya, les larmes coulant sur ses joues.

— Je suis désolée, Surya. Je ne me sacrifierai pas pour que vous ayez un nouveau statut, pour que vous soyez membre de la haute société. Je suis prête à affronter les conséquences de mes actes, car c'est ma vie, et je suis la seule à pouvoir la vivre vraiment.

— Sahar, notre famille compte sur toi, pour assurer notre avenir. Tu ne peux pas te permettre de briser nos traditions, de nous déshonorer, murmura Surya d'une voix faible, presque implorante.

— Qu'est-ce que tu ne comprends pas bon sang ! Je ne participerai pas à cette cérémonie. Je refuse de me marier par obligation, de sacrifier mon bonheur pour ton bien, pou le bien de notre famille. Si cela signifie être rejetée, alors ainsi soit-il. Je préfère vivre seule et libre, que d'être liée à un homme que je n'aime pas.

— Je ferai savoir à nos parents tout ce que tu viens de me dire, la menaça-t-elle en quittant enfin la pièce.

Tandis que les pas de Surya s'éloignaient dans le couloir sombre de la maison, Sahar laissa échapper un sanglot de douleur et de libération. Elle savait que des jours sombres l'attendaient, mais elle était prête à les affronter.

Surya, sa petite sœur qu'elle avait toujours protégée et chérie, lui était devenue étrangère. Les mots qu'elle avait prononcés résonnaient dans l'air comme des couteaux acérés, pénétrant profondément dans le cœur de Sahar. Cette dernière avait toujours été proche d'elle, mais maintenant, elle semblait prête à vendre sa liberté pour la sécurité qu'un mariage arrangé leur apporterait.

Malgré la tristesse dans les yeux de Surya, malgré les larmes qui coulaient sur son visage, Sahar ne fléchissait pas.

La jeune femme était lasse de devoir se plier aux volontés de sa famille, de devoir sacrifier son bonheur pour leur bien-être. Même si sa famille la rejetait, même si elle devait affronter l'isolement et le mépris, Sahar savait au fond d'elle-même qu'elle avait fait le bon choix.

Après s'être calmée, elle se leva pour aller nettoyer les blessures qui recouvraient son corps. Elle avait l'impression de ne pas pouvoir marcher correctement tant que son corps était raide de douleurs.

Sahar sentit le poids écrasant de la culpabilité alors qu'elle nettoyait ses blessures. Elle ne voulait pas faire souffrir sa famille, mais elle refusait de sacrifier sa propre dignité et bonheur.

Pendant qu'elle examinait ses ecchymoses dans le miroir, Sahar repensa à la prière qu'elle avait formulée la nuit précédente. Face à la pression de sa famille, Sahar sentit les larmes monter et l'angoisse l'envahir. Elle était condamnée à se plier à leur volonté malgré sa résistance. 

S'était-elle mal adressée à Jésus dans sa prière ? Avait-il bien entendu ?

Alors qu'elle regardait les lueurs du soleil à travers la fenêtre et qui se reflétaient sur son miroir, elle vit une lumière bien plus flamboyante que le soleil se diriger à toute vitesse en direction de sa fenêtre.

𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant