Ta vie pour la mienne

16 - Inconnus

Dans la tête de Liam

Les clés de Zayn en main, j'hésite à entrer comme je le fais toujours. Il n'a répondu à aucun de mes messages, ce week-end... Alors, je ne me sens plus légitime d'utiliser ces clés. Il est 18h30 et, connaissant le rythme de vie des jumeaux, je sais qu'ils ne seront pas endormis. Je préfère donc sonner, attendant que le châtain vienne m'ouvrir. Dans ma tête, une voix me murmure que je m'apprête à passer mes derniers instants en compagnie de ces enfants... Ma gorge se serre douloureusement.

Plus d'une minute s'écoule avant que la porte ne s'ouvre. Gêné, je mordille doucement ma lèvre, fuyant le regard doré posé sur moi. Savoir qu'il m'en veut sûrement m'intimide plus encore...

- « Oh ! C'est toi... s'étonne-t-il. Salut... »

Ses mots me blessent légèrement. Attendait-il quelqu'un d'autre ? Pourquoi paraître si étonné alors qu'il sait que je dois m'occuper de ses enfants ?! Est-ce qu'il m'a déjà remplacé... ?

- « Tu as perdu les clés ? Tu ne sonnes jamais, d'habitude... »

Oh... Il est seulement surpris que je ne sois pas entré par moi-même... Je ne peux m'empêcher de remarquer que le ton de sa voix n'est pas chaleureux, comme il l'est en temps normal. Faisant quelques pas en avant, je laisse mes yeux croiser les siens. Et, tout aussi vite, je détourne le regard... Parce que le sien est si voilé et, ça fait tellement mal de ne pas le voir briller d'amusement ou d'amour pour ses enfants.

Lorsque j'arrive dans le salon, un petit sourire étire mes lèvres. Lya se déplace à quatre pattes, jusqu'à pouvoir s'accrocher à mon jogging. Elle tend une main vers moi, me demandant silencieusement de la prendre aux bras. Alors, je le fais... Mon visage se niche au creux de son cou et, inspirant fortement son odeur de bébé, je repousse l'émotion qui cherche à m'envahir trop violemment. Je suis déjà tellement attaché à eux... Je ne veux pas qu'il me remplace...

- « Ils ont déjà pris leur bain. Tu as juste à les nourrir, les changer et les mettre au lit...

- Est-ce qu'on peut discuter, Zayn ? Murmurai-je, relevant la tête.

- Est-ce que ça concerne les enfants ?

- En partie, je suppose. J'aimerais qu'on parle de... De vendredi...

- Ce que tu fais de ta vie, en dehors de cet appartement, ça ne me regarde pas, rétorque-t-il, d'une voix tranchante. Si tu le veux toujours, tu peux rester le baby-sitter des jumeaux. Jusqu'à la fin de l'année... Dès le mois de décembre, je chercherai quelqu'un d'autre. »

Savoir qu'il y a maintenant une fin prévue à mon contrat me déchire le cœur. Pourquoi ne veut-il pas entendre que je ne reprendrai les concerts qu'au prochain été ? Pourquoi suis-je devenu un ennemi, à ses yeux ? C'est la première fois que mon métier repousse autant une personne. D'habitude, c'est même ce qui m'aide à mettre une conquête dans mon lit... J'ai besoin de comprendre.

- « J-je... Oui... Je veux toujours vous aider...

- Très bien... Je te demande seulement de m'envoyer un message toutes les deux heures, pour me dire si tout va bien. En dehors de ça, s'il n'y a pas de problème avec eux, tu n'as pas à m'écrire.

- Pourquoi mon métier est si dérangeant pour toi ? l'affrontai-je, blessé. Tu apprends que je suis musicien et, derrière, tu me repousses comme si j'étais un foutu criminel ! Je n'ai plus le droit à un sourire, plus le droit à une discussion basique ?