22. Un coeur qui bat

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Ariane

"Une vie sans amour, c'est une vie sans soleil."
Hervé Bazin


Le lendemain, je suis plongée dans une nouvelle journée chargée à aider ma nouvelle voisine à déballer ses affaires. Steve se joint à nous au début, mais il semble vite distrait par les discussions animées sur la disposition feng shui des meubles avec ma mère. Ils discutent plus qu'ils n'agissent, me laissant ainsi la plupart des tâches à accomplir. Je ne peux m'empêcher de penser que j'ai un meilleur sens des priorités et que j'ai du bon goût, car ce nain de jardin fait tâche à côté de son bol chantant. En fin de compte, je me demande si je devrais leur facturer une consultation Feng Shui.

En milieu d'après-midi, alors que je m'attendais à ce que Steve revienne après une brève absence, c'est Bruce qui fait son entrée, prétendant avoir oublié sa veste chez moi. Je suis surprise de ne pas l'avoir remarqué auparavant.

— Je suis désolé pour le baiser. Je n'aimerais pas que ça perturbe notre relation, s'exclame-t-il faussement gêné.
— Ce n'est rien, c'est oublié.
— N'empêche que si tu changes d'avis ou que tu as besoin de te changer les idées en toute amitié, je suis encore là une semaine, plaisante-t-il en ouvrant ma porte d'entrée.

Un visage familier se tient devant moi. Mon cœur rate presque un battement en reconnaissant celui que j'ai abandonné dans la capitale. Il est là, beau comme toujours, un sac en main, mais seul son sourire habituel est absent. Ses yeux, d'ordinaire pétillants de malice, semblent empreints d'une certaine mélancolie. Un étrange mélange d'émotions m'envahit alors que je le dévisage, incapable de cacher ma surprise.

Bruce, qui se tient à côté de moi, lâche un rire crispé, tentant de dissimuler son malaise devant cette rencontre inattendue. Je sens une boule se former dans ma gorge, un mélange de confusion, de nostalgie et d'appréhension. Les souvenirs de notre relation passée affluent en moi, m'emplissant à la fois de chaleur et de douleur.

— Morgan, salut. Tu as raté le déménagement, le taquine-t-il avant de se tourner vers moi. Passe le bonjour à ta mère de ma part, et à lundi au bureau.

Bruce quitte les lieux et je reste face au grand blond qui fait bondir mon cœur. Un silence s'installe entre nous alors qu'un tourbillon d'émotions me submerge. Je me retrouve soudainement confrontée à mes sentiments. Je me sens confuse, une véritable bataille se livre entre mon cœur et ma raison.

— Je crois que je te dérange ?... C'était une connerie de venir ici, la place est prise.

Mon mutisme semble le pousser à prendre la fuite. Il dévale les escaliers alors que je reste là, toujours à me questionner sur mon désir. Désir. Amour ! Bordel, réagis ! L'électrochoc que me provoque mon cœur me pousse à le poursuivre. Impulsivement, je cours encore plus vite et le rattrape au rez-de-chaussée.

— Mo, attends !

Ma voix tremble d'émotions tandis que je prononce ces mots, mes yeux embués de larmes fixant Morgan avec un mélange de désir et de vulnérabilité. Mon souffle saccadé se calme légèrement alors qu'il s'arrête net, se retournant lentement pour me faire face. Dans son regard, je perçois un mélange d'étonnement et d'attente, comme s'il était suspendu à mes paroles.

— Pardonne-moi d'avoir eu peur de ce que je ressentais. Pardonne-moi de ne pas t'avoir répondu... de ne pas avoir osé... osé aimer.

Mes paroles se perdent presque dans un murmure, imprégné de remords et de regrets. Je sens le poids de mes aveux peser sur mes épaules, mais je sais que je dois les prononcer pour avancer. Fragilement, je termine :

Joue avec moi Where stories live. Discover now