un an après

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Je sais même pas par où commencer.

Faut dire qu'à l'instant où je tape ces mots, j'ai le cœur qui bat à cent à l'heure.
Et si mon cœur s'affole ainsi, c'est parce que ces mots je les tape pour toi.

Ça fait plus d'un an et demi.
Dans mon dernier texte, je parlais de ton labyrinthe de roses ; tu sais, celui dans lequel je m'étais perdue. Ça me paraît si loin et pourtant si proche ; sans doute parce que j'ai eu le temps de grandir depuis, mais que je n'arrête jamais de penser à toi.
Chaque jour.
Chaque jour t'es là.

J'ai des souvenirs flous de cet amour fou, mais il y a des choses qui ne s'effaceront pas. Le rythme des battements de mon cœur lorsque tu m'envoyais un message. Les chansons que j'écoutais en boucle parce qu'elles me faisaient penser à toi. Ce soir d'octobre où je t'ai dit que t'étais l'homme de ma vie. Le timbre de ta voix, l'odeur de ta peau, la couleur de tes yeux.
T'as jamais quitté mon esprit, à vrai dire ; je serai incapable d'oublier tout ça, tout ce que t'as fait pour moi, tout ce que j'aurais donné pour toi. Mais la passion avec laquelle je t'aimais s'était éteinte depuis longtemps ; en tout cas, c'est ce que je pensais.
Je commençais à croire que tu avais raison, quand tu me disais que mes sentiments étaient illusoires et éphémères.

Il y a quelques semaines, je me suis retrouvée de nouveau épuisée par la vie – j'ai failli me l'ôter, d'ailleurs, mais j'ai fini par me raviser ; j'ai décidé de me comporter en adulte, et j'ai posé mes valises chez les fous.

Unité ouverte, sortie parc, chambre 6, repas en chambre, visite du psychiatre deux fois par semaine, permissions de 48 heures maximum.
Fumer des clopes et créer des liens, payer des cafés et stocker les sachets de sucre.
Les transmissions, le banc magique, les blagues, la musique, le sexe pour certains.
Les neuroleptiques du matin au soir.
À l'hôpital psy, on se crée vite de nouvelles routines : c'est rassurant, c'est prévisible.
Ce que j'avais pas prévu, en revanche, c'était d'y rencontrer ton putain de sosie ; pourtant c'est arrivé, et ça a suffi à réveiller tous ces souvenirs endormis.

J'ai repensé à toi avec plus d'ardeur que d'habitude, j'ai réécouté les vieilles chansons, relu les vieux textes ; y a certaines phrases qui ont résonné dans ma tête, j'étais surprise qu'elles aient toujours autant de sens un an après.

Je disais que t'avais rien de spécial, mais c'était tout l'inverse ; t'étais peut-être un mec normal au fond, mais pour moi tu resteras le plus exceptionnel de tous. Je rêvais de nos retrouvailles, aujourd'hui encore il m'arrive d'y penser ; comme à l'époque, j'ai la certitude qu'on ne se verra plus, et comme à l'époque, j'ai espoir de me tromper.
Et puis y avait cette phrase, « je serai faible mille fois si tu revenais mille fois » ; c'est toujours le cas. Si tu revenais dans ma vie, je t'y accueillerais, je te laisserais retrouver cette place dans mon cœur, cette place qui a toujours été la tienne et que personne d'autre ne pourrait occuper.
La seule chose qui a changé, c'est que je ne parlerais pas de faiblesse, parce que j'ai grandi, appris à distinguer les termes, à reconnaître la vérité, à accepter, à lâcher prise ; je suis sereine et mon cœur n'est plus en mille morceaux. Mais jamais je ne pourrais oublier, jamais je ne pourrais tourner le dos à celui qui m'a tant donné, que j'ai tant aimé, et que j'aime toujours autant.

Je voudrais revenir en arrière pour faire les choses autrement. Rire au lieu de pleurer. Te rejoindre sur un banc sans dissocier. Attraper ce quelque chose en toi qui m'a toujours échappé.

Enfin bref, j'avais besoin de t'écrire ce soir ; tu réponds plus à mes messages, alors je me suis dit que c'était le signe que j'attendais pour t'écrire mon dernier texte. J'voulais te dire que j'avais raison, te confirmer que c'était bel et bien de l'amour et pas une illusion, te prouver que t'avais tort parce qu'un an après ça m'est toujours pas passé, et honnêtement je pense que ça me passera jamais.

Bonne soirée p'tite tête.
Tu me manques.

mille morceauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant