CHAPITRE 44 - ISAAC

3.1K 241 50
                                    

MUSIQUES
BIRDS OF A FEATHER - BILLIE EILISH
————

    J'ai cette sensation bizarre. Un flottement dans mon esprit. Peu à peu, mes yeux s'agitent et mon âme aussi. Je la sens. Je sens tout. Les odeurs, les draps. Le petit bip incessant et fatiguant. Je ne sais pas vraiment où je me trouve, tout est flou.

    Depuis des jours j'ai l'impression de tout sentir et de ne rien sentir à la fois. Être dans un sommeil sans pouvoir sans sortir. Sans pouvoir penser ou même être conscient. Je sens : c'est tout. J'ai aussi entendu cette voix douce et féminine qui m'a rappelée tant de bons souvenirs. Sans savoir d'ou ça venait. De mon esprit ? de l'extérieur ?

    Et pourtant, quand j'ouvre les yeux et que l'obscurité s'éclaircit je comprends ou je suis. J'ai la bouche sèche, pâteuse. Je suis tout engourdi et c'est franchement pas la meilleure des sensations.

    Un médecin vient me voir, me demande des choses basiques comme mon prénom, mon âge. Je réponds tout juste et j'en suis pas peu fier.

    — Vous savez pourquoi vous êtes à l'hôpital ?

    Au début, j'ai envie de dire non, mais plus je creuse dans mon esprit et tout devient plus ou moins clair. Le match, Ray et les deux adversaires qui m'ont foncé dessus.

    — Ma tête a percuté le sol.
    — Vous avez subi un traumatisme crânien. On vous a plongé dans le coma car le traumatisme était assez important. Je suis ravi de voir que vous n'avez pas de grandes lésions au niveau de la mémoire.
    — Et le hockey ?

    Il y a tant d'autres questions mais c'est la seule dont je veux connaître la réponse.

    — On en discutera plus tard. Votre famille est ici, vous voulez les voir ?

    Je hoche doucement la tête en essayant tant bien que mal de me relever. Quand la tête de mon frère et celle de ma mère passent la porte, mon cœur bat à tout régime. Je suis tellement heureux de les voir, même si c'est dans ce contexte.

    — On a eu si peur, mon chéri, pleure maman.
    — Maman, pleure pas sinon je vais pleurer, je la préviens avec une voix rauque,

    Pendant les dix prochaines minutes, mes frères et sœurs me racontent leur vie. Ma mère a un sourire béat aux lèvres malgré la fatigue de ses yeux. Je suis entouré de ceux que j'aime, ma famille. Même s'il en manque une autre.

    — Maverick voulait te voir, dit doucement ma mère. Tu dois sûrement être fatigué alors on peut lui dire d'attendre ou...
    — Fais le rentrer, s'il te plaît.

    Quand Maverick entre, je crois que je l'ai très rarement vu au plus bas. Il se jette presque sur moi et m'enlace.

    — Me refais plus jamais ce coup là, petit con. Je t'aime, mon frère.
    — Moi aussi. M'insulte pas de petit con, je ris difficilement.

    Une bouffée d'air frais. Ce Maverick. Même si j'oublie assez difficilement ce qui s'est passé avant le match. Quoique, je ne sais plus quand c'est...

    — Ça fait combien de temps ?
    — Une semaine.

    Je hoche la tête avant que Maverick continue de m'expliquer ce qui s'est passé. Réellement passé. Et pas des événements assez étonnés par ma conscience, même si je suppose que tout va me revenir. J'apprends que Maya et T.K se sont disputés aujourd'hui, j'apprends aussi quelque chose dont je me doute depuis plusieurs mois maintenant : une relation secrète plus secrète entre lui et Brandi. Que mes amis sont tous venus me voir au moins une fois par jour. Mais jamais, il ne mentionne celle qui reste dans ma tête et dont je m'empêche de prononcer le nom. Jamais il ne parle de cette tempête rousse qui a tout emporté avec elle.

PHŒNIX [TERMINÉ]Where stories live. Discover now