Chapitre 9

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Malia

— Putain !

Je peste contre la télécommande de la télé qui n'a pas l'air d'avoir envie de fonctionner alors que les essais libres vont commencer d'une minute à l'autre. Je déteste cette journée, cette semaine entière même.

L'infirmier qui est venu me retirer mes points de suture m'a fait un mal de chien et a semblé prendre plaisir à me voir autant souffrir. Par chance, les médecins chinois ont effectué un travail exceptionnel. La cicatrice que j'ai dans le bas du dos est encore bien visible mais je suis sûre qu'elle finira par disparaitre d'ici quelques temps.

Je suis rentrée à Monaco il y a quelques jours, accompagné de mon père, de Spencer et de ses parents. Le vol retour a presque été gênant. Nos parents s'entendent à merveille, un peu trop même, puisqu'ils ont décidé de garder contact pour venir aux mêmes grands prix cette année. Nous les retrouverons donc dans le paddock dès la prochaine course.

En attendant, Spencer et moi sommes bloqués chez nous. Lui pour se reposer, moi parce que je suis punie. Nous sommes contraints de vivre le grand prix de Miami à travers notre télé. Je déteste suivre une course à la télé. Il n'y a pas le bruit des moteurs pour me stimuler, les cris des fans pour m'ambiancer, l'odeur de l'asphalte pour m'animer.

Je ne sers à rien coincée dans mon canapé. J'ai tout de même envoyé un rapport détaillé de la piste à Maurizio pour qu'il le transmette à Teo et je compte bien analyser chaque séance d'essais libres pour dire quels réglages faire sur la monoplace aux mécaniciens.

Je n'ai pas le droit d'être sur place, mais personne ne m'a interdit d'essayer de faire mon travail depuis chez moi.

— Ah ! Enfin ! m'écrié-je en trouvant les deux piles neuves qu'il me reste au fond d'un tiroir.

Mes doigts s'empressent de remplacer les anciennes et d'appuyer frénétiquement sur le bouton d'allumage. Le chrono vient tout juste de se lancer quand l'image s'affiche. La voiture rouge est l'une des premières à prendre la piste. Les commentateurs, deux hommes que je commence à bien connaitre à force de les croiser sur le paddock, donnent la température de l'air et celle du sol.

Cela ne fait que quelques années que les pilotes se déplacent à Miami pour courir. C'est un tracé récent, avec près d'une vingtaine de virages, où la vitesse de pointe est très importante ; notre point fort à l'écurie.

Je monte le volume de la télé au maximum, prend autant de notes que possible sur ce que peuvent dire les pilotes à la radio. La feuille du cahier posé sur mes genoux est noircie d'encre à la fin de la séance. Pourtant je ne parviens pas à être satisfaite des informations que je récupère. Elles ne me permettent pas de prodiguer de bons conseils.

Teo ne se débrouille pas mal, mais il n'a pas l'air très à l'aise avec la voiture. Son résultat à la fin de ces essais le prouve : seulement onzième.

Je lui avais promis de rester silencieuse ce weekend, toutefois je ne peux pas m'empêcher d'appeler Mauri pour participer au débrief qui va suivre.

— Malia ? répond-il au bout de la troisième sonnerie.

— Mets moi en haut-parleur quand tu seras en salle de réunion. Je veux entendre ce que les ingés et le pilote ont pensé de ces premiers tours.

Alors que je pense qu'il va faire ce que je lui demande, et qu'il va même me remercier d'être aussi investie dans mon travail, mon team principal ne fait rien de tout ça.

— Je t'ai dit que je ne voulais pas entendre parler de toi ce weekend !

— Mais...

— Il n'y a pas de mais, Malia. Tes actes ont entraîné des conséquences, tu les assumes, et tu en profites pour te reposer. On se débrouillera sans toi à Miami. Si tu m'appelles encore une fois, je bloque ton numéro.

DRS // Driving, Risking, Surviving - Chasing herDonde viven las historias. Descúbrelo ahora