34.Couronnement

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Mme Despatîs rajusta ma robe bleu, zigzaguant entre moi et les filles afin d'enlever les épingles.
- Madame, lui rappelais-je, je ne suis pas censée être le centre de cette cérémonie.
La robe était bien trop tap à l'œil à mon goût.
- Rien n'est trop beau pour mon petit cygne.
Finalement, je me demandais si rien n'était trop beau pour l'argent lorsqu'elle lorgna sur la bourse que le majordome lui avait donnée. Elle tressa mes dernières mèches brunes rebelles, qui s'échappaient de la coiffure montée sur ma tête, puis cala des petites fleurs blanches, s'harmonisant avec ma robe.

Les heures s'écoulaient, marquées par une agitation fébrile et incessante. Les préparatifs étaient presque terminés. Les miroirs reflétaient une image de moi-même que j'avais du mal à reconnaître : une femme parée d'une splendeur qui semblait presque irréelle. Les broderies d'argent de ma robe scintillaient sous la lumière du jour naissant, et chaque détail de ma tenue semblait raconter une histoire de grandeur et de majesté.

Lorsque le moment vint de se rendre dans la grande salle du trône, je pris une profonde inspiration et suivis les autres dans le long couloir bordé de portraits de rois et reines passés. Chaque visage semblait me scruter, pesant sur mes épaules la lourdeur de l'histoire et des attentes. Le bruit de mes pas résonnait dans ce passage solennel, ajoutant à la gravité du moment. À l'entrée de la salle, une vague de murmures monta à notre arrivée, mais mon regard ne cherchait que Val. Il se tenait là, majestueux dans ses habits royaux, une lueur déterminée dans les yeux.

On m'installa sur le siège adjacent à celui de l'empereur. Je jetai un regard inquisiteur à Val, mais il hocha la tête en me souriant.

— Cela ne va pas poser de problème ? demandai-je au garde à mes côtés. Nous ne sommes pas encore mariés.

— Ne vous inquiétez pas, Votre Altesse, si quiconque s'amuse à vous faire une remarque, nous nous en occuperons.

Je pris place sur le siège imposant. L'évêque arriva et la cérémonie commença. Elle débuta avec une série de rituels anciens. Les prêtres récitèrent des incantations, bénissant Val avec des symboles sacrés.

— Vous, Luca Valentin Edouard d'Ephrasa, promettez-vous de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour subvenir aux besoins de votre peuple ?

— Je le promets, dit-il.

— Jurez-vous de ne pas dépasser vos privilèges, et de perpétuer la lignée impériale ?

Il ne leva pas les yeux, un genou à terre, mais je jurai avoir vu un sourire taquin sur son visage. Je rougis légèrement.

— Je le jure, répondit-il.

— Moi, en les pouvoirs divins accordés par notre protectrice Ephrasie, je vous déclare, vous Luca Valentin Edouard d'Ephrasa, empereur.

Il prit la couronne d'or ornée de pierres précieuses et la posa doucement sur la tête de Val. Un silence solennel envahit la salle, puis un murmure d'admiration se répandit parmi les invités. Val, désormais couronné, se leva et se tourna vers l'assemblée. Je pouvais voir dans ses yeux la détermination et l'émotion.

Les festivités commencèrent. Les jardins royaux étaient transformés en un lieu de célébration, avec des tables chargées de mets somptueux, des musiciens jouant des airs joyeux et des enfants courant partout. Val et moi circulions parmi les invités, échangeant des sourires et des paroles aimables. Chaque fois que nos regards se croisaient, il y avait une compréhension silencieuse entre nous, un lien qui allait au-delà des mots.

Alors que la journée avançait, je me retrouvais un moment seule sur la terrasse du palais, contemplant le paysage. Le soleil déclinait, teintant le ciel de nuances orangées et rosées. Je réfléchissais à tout ce qui nous avait menés jusqu'ici, à nos rêves partagés et aux obstacles surmontés. Val me rejoignit, passant un bras autour de mes épaules. Nous restâmes un moment en silence, savourant la tranquillité avant de retourner à la foule.

— Je savais que tu serais à la hauteur, murmurai-je.

Il sourit, ce sourire qui avait toujours le pouvoir de faire battre mon cœur plus vite. Ce sourire qui, même dans les moments les plus sombres, savait apporter une lueur d'espoir et de réconfort. Ses yeux, brillants d'une émotion contenue, se plongèrent dans les miens, créant une connexion silencieuse mais puissante. Ses lèvres se posèrent tendrement sur les miennes, et en cet instant, le monde sembla s'arrêter. Un baiser délicat, empreint de toute la tendresse et la profondeur de nos sentiments. Ce baiser, bien que doux, portait en lui une intensité palpable, une complexité d'émotions accumulées au fil du temps.

Chaque seconde de ce contact était un mélange de douceur et de difficulté, comme s'il essayait de transmettre à travers ce geste tout ce qu'il n'avait pas pu dire. C'était un baiser chargé de significations multiples : une promesse de fidélité, une déclaration d'amour, mais aussi une catharsis, un moyen d'expulser les derniers vestiges des épreuves passées. Je sentais la chaleur de ses lèvres se mêler à la mienne, et à travers ce baiser, je percevais la douleur qu'il avait endurée, la tristesse qui avait pesé sur son cœur, et la fatigue accumulée au fil des jours.

C'était comme s'il libérait, par ce simple acte, toutes les émotions refoulées, les peines silencieuses et les inquiétudes inexprimées. Je pouvais sentir les traces de ses combats, les cicatrices invisibles laissées par les responsabilités et les sacrifices. Pourtant, il y avait aussi une note de renouveau, une promesse d'un avenir meilleur. Ses lèvres, bien que marquées par la fatigue, portaient également la douceur d'une nouvelle espérance, d'une nouvelle vie qui commençait.

Le baiser se prolongea, chaque seconde s'étirant comme un fil d'argent tissé entre nous, renforçant notre lien. Je sentais son souffle se mêler au mien, chaque respiration un rappel de notre unité. C'était un moment de pure intimité, où nous nous trouvions vulnérables mais unis, deux âmes qui s'étaient trouvées et qui, malgré les épreuves, continuaient de se choisir. Lorsqu'il s'éloigna doucement, nos regards restèrent unis, et je vis dans ses yeux une promesse silencieuse.

La nuit tombée, le palais s'illumina de mille feux, et un bal somptueux clôtura cette journée inoubliable. Val et moi dansions sous les regards bienveillants de nos amis et de nos proches. Je savais que de nouveaux défis nous attendaient, mais en cet instant, tout semblait possible. Le couronnement de Val n'était pas seulement une cérémonie, c'était le début d'une nouvelle ère pour notre royaume, et j'étais prête à l'affronter à ses côtés.

Nos âmes liées [Réécriture à venir]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora