« descends en bas de chez toi stp »
Je fixe le message plusieurs minutes, sceptique, avant d'envoyer à mon tour :
« C'est qui? »
La réponse arrive dans la seconde.
« lezo. c'est zazou qui m'a filé ton num »
Je souffle. Si même mes potes me trahissent, je sais plus sur qui compter. J'hésite mais finit par me lever de mon lit pour la rejoindre.
Quand j'ouvre la porte, une mine exaspérée au visage, le sien m'illumine de son sourire espiègle. Je sais pas pourquoi, je le sens pas. Ça me met mal à l'aise de la découvrir de si bonne humeur. Je note qu'elle a mis des lunettes aujourd'hui, je dois avouer que ça lui donne un charme. Enfin, elle est jolie Lezo, c'est juste quand elle ouvre sa bouche qu'elle gâche tout.
Miaou est arrivé quand j'ai ouvert la porte, et il traîne maintenant entre nous, nonchalant. Son pelage contre ma jambe me donne la force nécessaire pour commencer :
— Tu veux quoi ?
— J'ai eu une idée.Je fais la moue. Les femmes, quand ça dit ça, c'est jamais bon signe. Je le sais, ça, avec l'expérience. Ma mère et ma sœur me suffisent à prouver mon argument.
— Et ? je demande, l'incitant à en dire davantage – ce qu'elle attendait, évidemment.
— On devrait faire moit-moit. Une semaine sur 2.
— Comme les parents divorcés ? C'est mort.
— Ce sera plus juste !Je la fusille du regard.
— Mais c'est pas juste, c'est mon chat. T'as rien à voir là-dedans. Et c'est hors de question que je me prive de Miaou pendant une semaine.
Elle reste muette, me laissant continuer. Je sais qu'elle veut intervenir, mais elle se contient probablement pour pouvoir m'amadouer plus facilement. C'est vraiment une vipère.
— En plus, c'est bancal ton plan. T'as de quoi le nourrir chez toi au moins ?
Elle sourit.
— J'ai fait un powerpoint de pourquoi on devrait faire garde alternée. Et oui, je lui ai acheté des croquettes. J'ai demandé la marque que tu lui donnes déjà à ta mère.
Elle fouille dans son tote bag, avant d'en ressortir un objet qui me fait grincer des dents.
— Je lui ai pris un collier au passage.
— Il est trop moche, t'aurais pu prendre autre chose.
— T'es toujours si rabat-joie, Marius, elle souffle.Mon prénom dans sa bouche sonne toujours comme une déception. C'est frustrant. On ne se connaît pas. Elle n'a pas le droit d'agir comme ça.
Elle s'abaisse vers le chat, qui vient immédiatement lui réclamer des caresses. Elle lui offre, sa main effleure ma jambe imperceptiblement, mais le frisson que ça me procure me dérange et je me décale. Si elle le remarque, elle l'ignore royalement, se contentant de mettre le collier à l'animal. Nan, vraiment, c'est hideux. Je fais la moue.
— T'as fait un powerpoint ?
— Tu veux le voir ? Ce serait dommage qu'il serve pas, j'ai mis au moins deux heures.