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TW : Dépression, suicide, rapports familiaux.

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EZIA.

J'ai envie de vomir. Ça me le fait souvent en ce moment. Je lutte tellement contre le sommeil que j'en viens à me rendre malade. Malade d'être fatiguée, malade de ne plus arriver à suivre. Cette nuit, le visage de mon père s'est mélangé au sien. Celui de Côme Torrance, l'ami de Skylar. 

Je me souviens de lui comme je me souviens du mal qui me ronge depuis que Skylar a décidé de me tourner le dos : avec clarté, dans les moindres détails. À la différence que cette fois-ci, mes souvenirs sont saupoudrés d'une haine que je me parviens pas à décrire. Il est évidemment que c'est lui qui tire les ficelles. Depuis le début. Toutes les réactions excessives de mon frère, ce comportement qui ne lui ressemble pas.. notre éloignement soudain.. tout était orchestré par ce malade mental accusé de meurtre. 

Ça me revient maintenant : après l'épisode du ranch, j'ai revu Côme. Indirectement parlant. Il était présent sur pratiquement toutes les publications Instagram de Skylar, ce qui me fait penser qu'ils sont bien plus que de simples amis à l'heure actuelle. Malheureusement je n'ai pas pu vérifier mes propos car le compte de mon frère a disparu de mes followers. Il m'a bloqué. Violemment, sans aucune raison. Mais je n'ai pas pleuré. Je ne pouvais pas. Surtout pas après l'épisode de la cafétéria où il a laissé Mona me malmener comme bon lui semblait. 

Après mes corvées matinales, face auxquelles je me suis retrouvée en difficulté à cause des blessures infligés par mon bourreau, je suis rentrée commencer mes devoirs. Il était sept heures. Il est maintenant presque neuf heures lorsque je me rends compte que je n'ai pas avancé une ligne de ma prochaine rédaction philosophique. 

« Faut-il vouloir être heureux ? Si oui, citez des exemples qui vous rendent heureux au quotidien afin d'illustrer votre rédaction / dans le cas contraire expliquez pourquoi »

Je tourne et retourne le sujet dans tous les sens, je ne parviens toujours pas à me faire une opinion à propos du fait d'être heureux. Qu'est-ce que ça signifie vraiment ? Est-ce que je l'ai déjà été ? Heureuse.. si oui, quand ? C'est comme si toute ma vie d'avant s'était envolée avec mon père. Comme si il ne me restait plus qu'une coquille vide que j'essaie de combler tant bien que mal pour ne pas souffrir plus que je ne souffre déjà. 

Les yeux rivés sur l'extérieur, j'admire les branches des arbres danser sous le mouvement du vent, les mains positionnées sous mon menton. Je ne sais pas combien de temps je reste à observer l'extérieur, certainement trop car, les écouteurs à fond sur les oreilles, je n'entends pas Molly tambouriner derrière la porte. Du moins, pas la première fois. Toutes mes pensées vacillent entre mon père, Skylar et Côme Torrance. 

- Ezia ! Oncle Jacob est là ! Et il nous a apporté du poulets frits !

Elle disparaît aussi vite qu'elle est apparue. Ses pas martèlent le parquet qui se met à trembler sous l'assaut de ses chaussures, que je reconnais comme étant ses petites bottes à talons. Combien de fois papa lui a répété de ne pas se promener dans la maison avec ses chaussures ? Trop de fois. Le fait qu'elle ne l'écoutait pas de son vivant et qu'elle ne l'écoute toujours pas malgré sa mort me fait monter la moutarde au nez. 

Je quitte précipitamment ma chambre afin de me rendre jusqu'au salon, où je la retrouve en compagnie de Terry, assis sur le canapé en train de jouer à sa console. 

- Molly ! - l'appelle-je d'un ton colérique – Combien de fois on t'a dit de retirer tes chaussures en entrant dans la maison ?!

La principale concernée pousse un profond soupir exaspéré en se vautrant aux côtés de notre petit frère, trop absorbé pour daigner me saluer. 

Butterfly EffectOù les histoires vivent. Découvrez maintenant