ENTRE SES MAINS [TOME 2] ➹ minsung

▪︎ chapitre 3

Après que Jisung eut retrouvé sa place à table, Minho revint peu de temps après. Il avait évité son regard tout le reste de la soirée, toujours aussi perturbé par sa présence, mais aussi par leur conversation pendant qu'ils fumaient. Il était important de mettre les choses au clair dès le départ, s’il devait y avoir collaboration entre eux. Il était tout simplement hors de question pour Jisung de travailler avec Minho, de près ou de loin, sans qu'il ne l'ait mis en garde. Même si le revoir avait éveillé en lui différentes émotions qu'il pensait avoir enterrées pour de bon, il était conscient de tout le mal qu'il avait ressenti quand l'homme l'avait abandonné quelques années auparavant. Et cette souffrance était devenue son moteur lors de ses cinq ans passés aux États-Unis, ce qui lui permettait de se lever le matin et d'avoir envie de se surpasser.

Cependant, il n'allait pas se réjouir de tout ce mal qu'il lui avait causé ou alors prétendre que c'était grâce à lui. Minho n'allait quand même pas recevoir tout le mérite alors que Jisung avait trimé pour s'en sortir et devenir qui il était aujourd'hui. Quelqu'un d'important, certes, mais avant tout un homme qui savait où il allait et ce qu'il voulait. Et surtout ce qu'il ne voulait plus.

Il inspira à pleins poumons et se redressa sur sa chaise, le menton légèrement relevé en signe de détermination. Désormais, plus que jamais, il ne montrerait plus ses faiblesses, et certainement pas devant Minho. Il allait lui prouver qu'il avait mûri, qu'il avait évolué, et qu'il était passé à autre chose. De toute façon, même s'il avait tenté d'avoir une discussion un peu plus tôt, Minho ne semblait plus intéressé par lui. Il était un homme d'affaires, qui courait après un empire à construire, après la reconnaissance et l'argent, qui évoluait dans son monde fait d'hypocrisie et d'apparence. Finalement, ça n'avait pas changé. Il était toujours le même homme, intéressé par son petit confort, ses biens matériels et sa réputation. Jisung avait fini par croire que c'était là tout ce qui pouvait le satisfaire et le rendre heureux. Minho n'était pas fait pour aimer quelqu'un d'autre que lui-même et ce qu'il possédait.

Le reste de la soirée fut rythmé par les discours, les dons, les prestations artistiques et les autres plats. Jisung s'était arrêté de boire de l'alcool depuis un moment, il n'avait aucune envie de finir saoul et de passer la nuit à vomir. Minho, quant à lui, avait enchaîné les verres de vin et s'était plusieurs fois éclipsé pour fumer avec d'autres invités présents à leur table. À chaque fois qu'il se levait, Jisung était obligé de jeter un discret coup d'œil dans sa direction, par réflexe, et ça l'agaçait. Mais il le voyait sombrer de plus en plus dans un état second, sans doute à cause de l'alcool et de la fatigue. Il l'avait connu bon vivant, toujours partant pour boire un verre, mais là c'était exagéré. Cependant, il n'était pas là pour le juger ou s'en inquiéter. Minho était un grand garçon et il était le seul à pouvoir gérer sa vie.

— Ça vous dirait un dernier verre au bar de l'hôtel ? proposa Minseok tandis que tout le monde se levait. On pourrait discuter plus amplement.

Sooyoung accepta aussitôt et, après avoir demandé l'autorisation silencieusement à son patron, Hyunjin acquiesça lui aussi. Jisung n'osa pas refuser de peur de vexer Minseok, surtout s'il était question d'aborder le sujet d'une collaboration pour un prochain drama. Cependant, Minho n'avait pas encore donné de réponse, tout comme l'autre acteur qui les accompagnait.

— Monsieur Lee ? demanda Minseok.

Le concerné haussa un sourcil, son regard était encore froid et indéchiffrable, si bien que Jisung ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Son attitude condescendante était encore plus agaçante qu'avant. S'il avait pu trouver son comportement attirant bien que déjà mystérieux il y avait de cela cinq ans, aujourd'hui il ne le supportait plus. Travailler à son contact ne serait pas si facile. Il pouvait essayer d'agir pour le bien de tous, il était incapable d'ignorer à quel point Minho était arrogant, presque méprisant parfois.