Chapitre 65

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Matéo

— Full black ? Sérieux ?

— Bah quoi ? Vaut mieux être discret, rétorque-t-elle.

— C'est sûr, mais on est pas dans un film, la taquinais-je, détaillant sa tenue toute noir.

Elle roule des yeux, et nous arrivons sur le lieu du rendez-vous :

— Il est 22h35, ils ne devraient pas tarder, me dit-elle.

Je l'espère bien, non pas que je sois impatient, mais bon...

Joy se gare au fond du parking, dépourvu de toute lumière. C'est parfait avec la petite citadine noir de sa mère qui passe inaperçue.

Après un instant d'observation des lieux, elle m'avoue :

— Tu as été parfait ce soir.

C'est con à dire, mais mon coeur fait un looping.

Elle m'a trouvé parfait.

Je suis parfait pour elle.

— Merci, murmurais-je, gêné.

— On ne m'avait jamais fait une aussi belle surprise.

— Sérieux ?

Elle hoche la tête. Comment peut-on ne pas tout lui donner ? Comment peut-on ne pas donner corps et âme pour cette femme ? Elle mérite tout le bonheur du monde. Le sait-elle ?

Mes yeux sont ancrés sur son visage. Ils dévient doucement de ses yeux à sa bouche, puis de nouveau à ses yeux...Si elle savait tout ce que je ressens pour elle.

— Tu sais...

La sonnerie de son téléphone retentit, brisant le silence de la nuit, et cramant notre discrétion, au passage.

— Oh, merde ! se précipite-t-elle.

Elle parvient enfin à sortir son téléphone de sa poche, tandis que je regarde les alentours, affolé.

— C'est Paul, me dit-elle, septique.

— À presque 23 heures ?

Elle affiche une mine stupéfaite.

— Réponds, l'encouragais-je.

— Allô ? Oui, bonsoir Paul...il y a un problème ? Ah, ouf...d'accord...mmh...

Puis plus rien. Le visage de Joy se fige, et à en croire les traits de son visage, elle n'écoute plus du tout Paul à l'autre bout du fil. J'entend sa voix lointaine qui appelle Joy.

— Joy, ça va ? je lui demande prudemment.

Je ne sais vraiment pas quelle attitude adopter.

— Oui, je suis là, répond-elle subitement, comme sortie de sa trans.

Puis elle me regarde avec de grands yeux. Je lui demande silencieusement ce qu'il se passe, mais Paul lui parle encore.

— Oui...d'accord.

Je n'arrive même pas à discerner si elle est heureuse ou triste.

J'entends couper, et Joy fait glisser son téléphone lentement le long de sa joue, pour le laisser tomber sur sa cuisse.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? je lui demande, inquiet.

Elle fixe un point invisible devant elle, son visage se détend doucement. Puis, il s'illumine soudainement jusqu'à ce qu'elle soit prise d'un fou rire incontrôlable. Mais au moins, ça a le don de me détendre à mon tour. Je ris, prit d'un fou rire à mon tour, mais Joy s'arrête d'un seul coup, toujours le regard rivé sur ce point imaginaire :

— Joy ?

— Mon roman a été sélectionné à la dernière minute pour les awards du livre la semaine prochaine.

— Les awards du livre ?

— Oui, c'est comme les awards, mais pour les livres, quoi, m'explique-t-elle, toujours déconnectée.

Elle est là, sans être là. Je cherche son regard, en vain. Elle semble loin, dans ses pensées, tout en étant capable d'être avec moi.

— Et qu'est-ce que ça implique ?

— Que je vais, selon Paul, très certainement reçevoir des récompenses. En tout cas, il est confiant.

— C'est super ça !

Elle lève enfin ses yeux ronds vers moi et déclare :

— Matéo...ça veut dire que je peux vivre de ma passion désormais, murmure-t-elle comme si elle n'y croyait pas elle-même.

Quoi ?

— Quoi ? dis-je, ouvrant grands mes yeux. Tu vas devenir une star ?

Elle éclate de rire, puis se ressaisit :

— Oh bordel, Matéo, je n'en sais rien !

Puis elle repart. Mon fou rire se mêle au sien.

— Et la plus grande récompense est une adaptation en film ou série !

Un bruit de moteur nous stop net :

— C'est quoi ça ?

— Pas la voiture de mon frère en tout cas, ça doit être son rendez-vous.

Je jette un coup d'œil à l'heure. 22h54. Il se stationne près du bâtiment abandonné, éteint son moteur tout en laissant ses phares allumés. Seulement deux minutes après, j'aperçois la voiture de mon frère se positionner juste à côté de cet inconnu.

Je sens la main de Joy sur mon avant-bras lorsque mon frère sort de sa voiture. Un autre homme, bien plus âgé, au cheveux grisonnant sort de la sienne. Les deux hommes vont à la rencontre l'un de l'autre.

Aucune poignée de main, rien.

De là où nous sommes, nous pouvons voir leurs lèvres bouger tour à tour. Ils discutent, mais de quoi ? Impossible de le savoir de là où nous sommes.

Mon frère sort quelque chose de sa poche :

— Qu'est-ce que c'est ?

— Une clé USB, me répond Joy.

Je tourne la tête dans sa direction et reste surpris quelques secondes :

— Une paire de jumelles ? Vraiment ?

— Je me suis dit qu'on en aurait peut-être besoin, et je ne me suis pas trompé, rétorque-t-elle, fière.

Je souris, épaté :

— Le vieux sort quelque chose de sa poche aussi, me dit-elle.

— Fais-voir.

Elle me tend les jumelles :

— Putain...soufflais-je, retirant les jumelles de mes yeux.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Il lui a filé une enveloppe pleine de billets.

— T'es pas sérieux ?! s'exclame-t-elle en m'arrachant les jumelles des mains pour voir la scène.

— Putain...Il est en train de les compter, et il y a l'air d'y en avoir beaucoup...

Je lui arrache les jumelles à mon tour.

Effectivement, il y en a beaucoup.

— Qu'est-ce qu'il fabrique, putain ? je réfléchis à voix haute, inquiet.

— Franchement, pour la première fois de ma vie, je ne sais pas quoi répondre.

— Le voilà, ton film.

Nous échangeons un regard grave, conscient de cette situation beaucoup trop étrange.

Qu'est-ce que tu fais, frangin ?

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 18 ⏰

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Un amour dans l'ombre, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant