En milieu d'après-midi, on chargea mes "malles" - comprenez une espèce de baluchon exsangue où ne devait rester que des haillons, les deux soeurs ayant certainement fait main basse sur mes robes.
J'avais heureusement anticipé et caché mes bijoux et ceux de ma mère, la veille et les glissais dans mon corsage. On autorisa enfin Héloïse a me rejoindre dans ma chambre pour m'aider à m'habiller pour le voyage.
"Oh Héloïse"
"Ma toute petite"
"J'aimerai tant que tu viennes avec moi!"
Héloïse me serre dans ses bras et s'écarte juste assez pour me dire : "tu sais ce que lord Émlyn..."
"Oh non pitié, explique moi Héloïse. J'en ai une vague idée avec les chevaux mais..."
Héloïse ferme les yeux et les réouvre pour me dire:
"Voilà ce que ma mère a dit quand je me suis mariée : les hommes veulent s'introduire dans les femmes ... Entre les jambes... parce qu'ils en ressentent un grand plaisir... C'est en revanche douloureux pour une femme mais cela lui permet d'avoir des enfants... Il faut laisser les hommes faire pour pouvoir leur offrir une descendance. Le mieux à faire c'est... De se laisser faire, même s'il faut penser à autre chose ou détourner le regard... ""Héloïse je ne veux pas qu'il me fasse du mal!"
"Hé bien... C est surtout la premiere fois! Après c'est parfois juste... Désagréable. Mais tu as de la chance, c'est un homme jeune, et bien fait... Ça aurait pu être un vieillard ou un crapaud" dit elle dans un sourire "et tu pourras toujours prêtendre être indisposée ou souffrir quelques douleurs pour qu'il abandonne son projet... En tout cas, je suis heureuse que ce ne soit pas le vieux Barbion qu'elles avaient decrit qui soit venu te chercher! Et puis... Il s'est interposé quand..."
Je pose la main sur son avant bras. Je n'ai pas envie d'en parler, c'est trop douloureux de penser que mon père a levé la main sur moi et m'a contraint à épouser un parfait inconnu.
"Prends ça Héloïse" je dis, en sortant un collier de mon corsage.
"Non ma chérie"
"J'insiste, tant que tu l'as, tu penseras à moi, et si tu es dans le besoin un jour, il t'aidera comme j'aimerais pouvoir le faire"
Nous nous serrons dans nos bras et elle m'escorte jusqu'à la cour.
Mon père et ses maîtresses sont absents.
Lord Emlyn se gratte la tête, perplexe.
"Vos malles Mahaut, où sont elles?"
Je désigne les deux poches en cuir qui pendent sur les flancs de Commette, mon cheval noir avec une étoile sur le front. Lui au moins, je ne le laisse pas derrière moi...
"Mais... Et le reste?"
"Il semblerait que c est tout ce qui me reste ..." Dis je en haussant les épaules, avant de me hisser sans mal sur mon cheval.
"Nous irons à cheval et il y en a pour plusieurs jours... Vous ne voulez pas emprunter à votre père ..."
"Rien. Partons"
L'homme fait le tour pour rejoindre son cheval sur lequel il se hisse avec souplesse.
Un dernier regard à Héloïse et au château de mon père, tandis que le cortège se met en branle, et je commence mon périple de jeune épouse.
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Série HISTORIQUE. Tome 2. Le Pire Parti
Historical FictionMahaut vit dans une région reculée des Highlands sous la coupe d'un père sévère. Lorsque ses maîtresses lui conseillent de marier bien vite la jeune fille, elles lui glissent un nom. Il est le pire parti que Mahaut puisse espérer. Quelques jours plu...