Chapitre huit

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" A vivre au milieu des fantômes, on devient fantôme soi-même et le monde des démons n'est plus celui des étrangers mais le nôtre, surgi non de la nuit mais de nos entrailles. "


J'avais craqué et je m'en voulais d'être devenu aussi faible en sa compagnie. J'étais en colère contre moi-même et contre le monde entier mais je ne pouvais pas oublier tout ce qu'il avait fait vivre en moi. C'était comme si le monde tournait enfin, comme si quelque chose avait enfin du sens dans ma misérable vie.

Pour le moment, je ne comprenais un peu rien et je ne le voulais sûrement pas. Je ne voulais pas accepter avoir embrassé un homme et avoir aimé cela plus que tout ce que j'avais bien pu faire durant cette si triste vie. Je m'étais senti comme un personnage de film qui avait subi la mise en couleurs, tout prenait de la beauté et plus rien n'était maussade.

Je me trouvai en ce moment chez moi, sur mon lit qui grinçait à chaque petit mouvement. Cela faisait deux jours que je n'avais pas vu Aloïs et tout était redevenu triste, en noir et blanc comme autrefois. Je regardais le plafond sale et vide lorsque j'entendis quelqu'un toquer à la porte. Personne ne venait me rendre visite, d'ailleurs personne ne me connaissait et ce n'était pas dans mon intention de faire ami-ami avec le voisinage, je ne savais donc pas du tout de qui il pouvait s'agir.

Je me levai donc et alla ouvrir la porte miteuse pour y découvrir un beau brun qui faisait contraste avec la laideur de mon appartement. Il se trouvait devant moi, vêtu d'un jean noir et d'un débardeur blanc, tellement simples mais si hors du commun une fois portés sur lui. J'aurais dû être en colère de le voir à ma porte mais je ne trouvais pas cette haine, je n'arrivais qu'à ressentir ces petits picotements incessants.

« Salut. », souffla-t-il d'une petite voix.

Je m'accoudai à l'encadrement de la porte, bien décidé à écouter la raison pour laquelle il venait me troubler. J'arquai un sourcil, ce que je faisais souvent lorsque je posais une question où lorsque j'étais intrigué.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? », dis-je sur un ton plus sec que voulu.

Il sourit comme il savait si bien le faire alors que je me reculai pour le laisser rentrer, ce qu'il fit quelques secondes après. Je fis alors quelques pas et je me retrouvai dans ma minuscule cuisine, m'adossant contre la table. Je le scrutais en attendant que sa belle voix s'élève dans la pièce dans le but de répondre à ma question.

« Je voulais des explications. », lança-t-il en haussant les épaules.

Il s'avança jusqu'à moi, restant quand même à une distance raisonnable. Je pouvais tout de même sentir son parfum qui embaumait presque tout le studio, ce qui me donnait une grande envie de le serrer contre moi pour humer son odeur.

Je ne comprenais pas ce qu'il voulait alors je restai à le regarder pendant un long moment alors qu'il faisait pareil, nos regards étaient accrochés et rien ni personne n'aurait pu les détacher. Je dus pourtant rompre ce silence qui n'était pas du tout pesant, il était même agréable.

« A quel propos ? », demandai-je.

Il ne dit rien pendant un long moment alors qu'il mordait sa lèvre, ce qui me rendait complètement dingue. Chacun de ses gestes, de ses mimiques et de ses mots me rendaient dingue. J'avais l'impression de tomber malade, comme si j'avais des troubles de la personnalité qui me faisaient croire que l'embrasser était magique.

Sa voix douce me sortit de mes pensées, mes yeux se posèrent directement sur ses lèvres que j'avais embrassé il y avait de ça deux jours. C'était comme si j'en avais besoin, comme si j'avais ce besoin constant de ressentir les picotements au creux de mon ventre.

Killer • Tome I [ CORRECTION EN COURS ]Where stories live. Discover now