Chapitre 6-Amya

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Amya déboula dans le réfectoire pour prendre place à côté de Wallace. Débouler, ce n'était pas le mot le plus adapté. Mais pour Amya, il aurait fallu en inventer un autre. Une grâce immuable habitait le corps de la jeune femme, et même si elle avait voulu se mouvoir comme une brute, elle n'aurait pas réussi.
Malgré la classe de cette entrée, il était toujours six heures du matin ; quelques élèves grognèrent à son encontre, sons qu'elle ignora pour s'asseoir à côté de son ami.
-J'espère que t'as prévu quelque chose pour te faire pardonner de Sam, commença-t-elle.
Elle s'attaqua à un cookie au chocolat enserré dans du plastique.
-Tu sais comment il est. Pas méchant, mais rancunier. Enfin, non, pas exactement, il ne comprend pas exactement comment faire des sacrifices marchent, il en fait un, et te dit toujours après de t'en souvenir et s'en ressert quand vous vous gueulez dessus.
L'emballage céda, et elle brisa le biscuit en deux, en concentrant ses deux yeux bruns dans ceux de Wallace.
-Bref, j'espère que t'as prévu de quoi te faire pardonner, ou de bonnes excuses.
Celui-ci eu un sourire signifiant qu'il était un peu tôt pour qu'il suive les bavardages d'Amya avec autant d'assiduité qu'en pleine journée. Quoi qu'il en soie, il semblait avoir saisi l'essentiel du sujet.
-Je peux lui ramener un cookie du self.
Amya lui rendit son sourire, et croqua dans une moitié du cookie.
-Très drôle. Sérieusement ?
-J'ai repéré une bonne bijouterie dans le Queens. Tu pense qu'il est plutôt or ou argent ? Fit Wallace en imitant le ton affable d'Amya. Si c'était juste moi, je lui prendrais du cuivre, parce que ça irait parfaitement avec ses yeux, mais j'ai peur qu'il en aie déjà trop.
Pas vexée pour un sou, Amya éclata de rire, un rire qui retentit à travers du self. Mais comme c'était le rire d'Amya, un rire clair et chantant qui donnait envie de prendre la jeune fille dans ses bras, les autres personnes dans la pièce lui pardonnèrent aussitôt -et se retinrent d'aller lui faire un câlin. En moins bonne forme qu'elle, Wallace réagit simplement d'un sourire. Amya se calma, battit des cils avant de se reconcentrer sur le gros des déclarations de son ami.
-Vraiment, tu as repéré une bijouterie ?
-Un truc de hipster. On récoltera probablement que des chouettes et des montres à gousset, mais apparemment ils sont pas du genre à embobiner les clients sur la qualité de la marchandise. En même, vu le prix où ils vendent leurs merdes, je me sentirais offensé si on me refilait du plastique effet métal. Quoique, les hipster sont offensés en permanence, donc...
Amya lui lança un regard plus froid, un de ceux qu'elle avait lorsqu'elle passait en mode attaque. Wallace jeta des coups d'œil autour de lui tout en mettant de l'ordre dans la vaisselle et les déchets, vestiges de son petit-déjeuner.
-On s'en occupera quand on sera rentrés. En plus, c'est les vacances. T'auras tes hiboux dans la semaine, promis. On y va ?
Il saisit son plateau, Amya y laissa l'autre moitié de son cookie, et tous deux ils quittèrent le self de la pension.

Une bottine de cuir noir, puis la seconde, entrèrent en contact avec le bitume sale du trottoir.
-Ma maison ! S'exclama Amya avec satisfaction.
Martha, l'adorable conductrice du bus retour qui avait eu la bonté de les déposer devant Central Park, pencha son corps obèse dans l'allée pour apostropher la jeune fille ainsi que Wallace ;
-Chérie, ça m'arrangerait de pas trop perdre de temps. Prenez vos bagages et allez-vous-en.
Amya plissa le front. Martha devrait arrêter la cigarette, ça n'arrangeait pas son surpoids et ça lui faisait une voix horrible, comme celle d'un ogre prêt à avaler tout rond l'adolescente. Ce détail exploré, elle termina sa descente et aida son ami avec les valises.
Dès qu'elles furent descendues et le coffre fermé, Martha mit le pied au plancher.
-Plus jamais je voyage en bus, marmonna un Wallace blême.
Amya lui donna une tape dans le dos comme si ça allait l'aider à se remettre de ses émotions, et commença à tirer sa valise sur les chemins presque vides de Central Park. Il était près de huit heures du soir, et tout le monde était parti manger -ou dormir. Wallace la suivit, un peu en retrait et toujours secoué, appréciant que son amie soie elle aussi bouche bée par la magie d'un endroit supposément bondé soudainement vide. Bien qu'Amya était envahissante, parfois même énervante, il l'appréciait énormément -mais il y avait de ces moments où il avait juste besoin de silence, et il était convaincu que c'était le cas d'Amya aussi.
Au détour d'un chemin, les deux captèrent presque au même instant deux silhouettes.
-Amya ! S'exclama la voix de Sam d'une voix crissante, comme une craie sur une ardoise.
Les deux amis -deux meilleurs amis-, s'élancèrent dans les bras l'un de l'autre, dans le but unique de parfaire le cliché, et de s'amuser. Ils restèrent quelques secondes à se faire un câlin, puis se détachèrent l'un de l'autre. Sam tendit un café à Amya et à Wallace.
-J'ai pensé à toi, dit-il en lui tendait. Cinquante pour cent de lait, zéro de caféine.
Amya saisit la chose comme une occasion pour faussement s'indigner :
-Et moi ?
Son ami haussa les épaules en faisant tourner son gobelet en carton dans sa main droite ;
-T'as pas de commande spéciale, alors je t'ai pris le même que moi.
Elle approuva d'un signe de tête, et accepta le café, avant de se pencher pour apostropher l'ombre assise sur le banc derrière Sam :
-Tu peux venir, hein, je ne mords pas !
-Sauf cas extrêmes, blagua Sam.
Acceptant l'invitation, l'ombre quitta l'ombre. Wallace la pointa du doigt, en prenant soin de ne pas faire tomber son café ;
-T'es pas censée avoir disparu ? Ou fugué ?
Elin haussa les épaules et acquiesça ;
-Si.
-C'est pas stupide de rester dans New York ?
La jeune fille haussa sourcil et épaules, son propre gobelet à la main.
-Jusque-là, il ne semblerait pas. Mais j'ai de bonnes raisons, si c'est la question.
Elle allait boire une gorgée de café lorsqu'Amya lui bondit dessus pour la saisir par l'épaule et l'enserrer d'un bras. Elin avala le peu de café qu'elle avait dans la bouche de travers, et Amya lui tapota « doucement » le dos en lui faisant un bref speech d'accueil.
-C'est pas la question. Sauf si tu veux y répondre. Anyway, bienvenue dans la squad de trois voleurs !
Sa prisonnière calma une quinte de toux, et eut un sourire presque moqueur ;
-Vous êtes des hors-la-loi sans foi ni loi qui régnez sur le Grand Ouest, c'est ça ?
Amya hocha vigoureusement la tête.
-Exactement. Enfin, Grand Est, du coup. Tu as failli m'avoir, tiens.
Sam lui donna une tape dans l'épaule en se redirigeant vers le banc, pour signifier à sa meilleure amie de lâcher Elin, qui n'avait rien demandé à personne et était beaucoup trop polie pour demander elle-même à Amya de la lâcher.
-Alors ? Ce voyage ? Demanda-t-il.
Amya fit un clin d'œil à Elin et la lâcha, pour aller s'asseoir à côté de Sam. Wallace et Elin les rejoignirent ; la jeune fille reprit sa place sur le dossier du banc, au bout et à côté d'Amya, tandis que Wallace profitait de l'espace qui s'offrait à lui pour étendre totalement ses jambes musclées sur l'autre extrémité du banc.
-Mortellement ennuyeux, soupira Amya entre deux gorgées de café. Avec ta fugue et Leo, vous avez probablement dû plus vous amuser que nous.
Sam toussa d'une façon éloquente.
-Tu crois pas si bien dire, traduisit Elin.
-Racontez-moi tout ! S'exclama Amya.
Sam sourit à son enthousiasme, mais prit attention de le refréner. Comme tout le reste de la personnalité d'Amya, sa curiosité était difficile à contenir.
-Demain, plutôt ?
-Ouais, devant un bon film d'horreur, on mangera du pop-corn et on se fera les ongles.
Elin gloussa, toujours timide et un peu incrédule. Amya se tordit le coup pour planter ses yeux pétillants dans ceux plus calmes de la jeune fille.
-Rigole tant que tu peux, mais c'est déjà arrivé.
Elle hocha la tête comme pour étayé son affirmation.
-Non ? Fit Elin.
-Tu veux voir Sam avec du vernis ? Sérieux, c'est légendaire.
Sam la bouscula d'un coup d'épaule.
-Amya !
Elle l'ignora et sortit son portable.
-Je dois encore l'avoir. Comment supprimer une photo aussi parfaite ? Ah, elle est là.
La photo montrait un Sam victorieux, le bout des doigts barbouillés de vernis. Rien que l'air du jeune homme suggérait que ç'avait dû être une sacrée soirée.
-Wallace, je te l'avais montrée, celle-ci ?
Les adolescents commencèrent à s'épandre dans différent chemin. Elin et Amya s'amusaient tour à tour à se caricaturer mutuellement, puis Elin dessina les trois en cow-boys et donna le dessin à sa nouvelle connaissance, tout en entretenant une conversation sur le cinéma et les jeux-vidéos. Les deux garçons y participèrent pour un bref moment, puis Wallace s'installa tête en bas sur le banc, donnant l'occasion rêvée pour lancer une discussion sur le parkour et le risque zéro dans la vie de tous les jours. Il était près de dix heures lorsque Sam haussa le ton.
-Regardez qui voilà ! C'est Hot Wheels, mon tétraplégique préféré !
Tout le monde jeta un coup d'œil d'un coté puis de l'autre du chemin, pour localiser la silhouette mouvante d'une chaise roulante et celle démesurément frêle de son occupant.
-Paraplégique, corrigea Wallace.

N/A : Coucou mes enfants ! Désolée pour ce chapitre en retard. Je me suis heurtée à un mur y a pas longtemps parce que je ne savais pas où j'allais avec NG et du coup ca m'embrouillait mon écriture. J'ai chopé une bronchite, je suis retombée dans mes vieux bouquins et j'ai trouvé ma voie. Donc voici ce chapitre !

Nouvelle Génération (FR)Where stories live. Discover now