Chapitre 1

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Par où je commence ?

Comment je commence ?

Et même pourquoi ou pour qui je commence ?

Ça fait trois fois que j'efface ces premières lignes et que je les récris, qu'est ce que ça changera de toute façon ?

On dit qu'écrire c'est répondre à un besoin. Cela doit être vrai, ça me permet d'exorciser certaines choses, et d'en expliquer d'autres.

Par où je commence ?

Par la salle d'attente du docteur Petit

Une douleur chronique, quelques examens complémentaires. Trois fois rien, juste pour confirmer que tout va pour le mieux.

Perdu, ou plutôt gagné vu que j'ai, en quelques sortes, tiré le gros lot. J'étais confiant en rentrant dans le cabinet, la tronche du médecin m'a fait viré au livide. A la fin de sa première phrase mes oreilles bourdonnaient tellement que je me serais cru au Hellfest à côté des enceintes.

Pas de cancer non, cela aurait été trop simple et potentiellement soignable. Au lieu de cela, elle m'a annoncée une maladie génétique, j'avoue ne pas avoir retenu le nom, pourquoi faire ? Ca ne se soigne pas et je n'écris pas un épisode de Docteur House. J'aurais pourtant préféré un lupus en conclusion d'un diagnostique différentiel mêlant professionnalisme, vannes et problèmes personnels.

Pour en revenir à la maladie : mortelle bien sûr, durée de vie estimée : 6 à 8 mois. En général les médecins ne se ratent pas sur le restant à vivre. Ils devraient être plus considérés comme des thanatologues que comme des docteurs en médecine.

Vous feriez quoi avec 7 mois à vivre en moyenne ? Moi j'ai fais ce que tout le monde fait ou presque en pareille occasion (je me suis documenté après coup) : rien. J'ai accusé le coup, fait semblant d'y croire, accepter une carte de psy pour le soutien psychologique, pour me retrouver déambulant dans la rue (après avoir payé mes 29€ de consultation tout de même, un condamné devant s'acquitter de ses frais avant de mourir) en ayant l'impression d'être sorti d'une salle de ciné. Mais non ce n'était pas un mauvais film français mais bien ma vie ou ce qu'il en reste.

N'y voyez aucun signe dans ce palindrome horaire mais ce n'est que vers 21h12 que j'ai commencé à réaliser. J'ai pleuré toute la nuit, et le lendemain je suis parti bosser. Je me nomme Stéphane Vounier au fait


Mourir 2 foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant