Chapitre 1 • Le bal de Promo

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Orange.

Rouge.

Vert.

Ni une ni deux, la semelle de ma chaussure se presse vigoureusement contre la pédale d'accélération, propulsant mon corps tout entier en avant lorsque le véhicule démarre dans la précipitation. Mon sang ne fait qu'un tour à l'intérieur de mes veines, je tourne la tête en direction du prochain carrefour ; le panneau indiquant l'entrée sur la troisième avenue retient en particulier mon attention.

Plus que quelques secondes.

Nous sommes lundi, et ce soir a lieu le bal de promo.

La soirée tant attendue par tous les élèves de Senior Year depuis le début de l'année. Ce que je conçois, certes, mais ce n'est pas pour autant que je me fais une joie d'y aller. Il s'avère qu'après avoir intentionnellement raté le bal de la Saint-Valentin à mon plus grand bonheur, quelques mois auparavant, Venice et Rena ont passé la semaine à essayer de me convaincre de me rendre à celui de fin d'année. Elles ne parlaient que de ça au cours de la pause déjeuner, insistant bien une cinquantaine de fois pour savoir si j'étais sûre et certaine de ne pas vouloir y aller. Ce à quoi j'ai répondu une cinquantaine de fois que je n'ai jamais été aussi sûre de toute ma vie.

Quel est l'intérêt de ce bal, de toute façon ?

Alors que je gare ma voiture dans l'allée devant la maison de Rena, cette question tourne en boucle dans ma tête, de la même manière que le ferait un disque rayé ; encore et encore. Au point que je ne sois même plus capable de me focaliser sur autre chose que cette fichue fête. C'est donc lorsque la porte d'entrée finit par s'ouvrir sur des iris ambre et un carré lisse, que les mots s'échappent de ma bouche pour atterrir dans l'air tiède du séjour de la brune. Laquelle me regarde hébétée.

Ses cheveux ébènes plaqués vers l'arrière et ses yeux entourés d'un trait de crayon mauve, accordé à la couleur de sa robe, s'élargissent, tandis que je ne peux m'empêcher de rouler les miens à sa réaction excessive.

Rena ne me répond rien, cependant.

Elle se contente juste de m'inviter à entrer.

Les épaisses marches d'escaliers défilent sous nos pas, laissant pour seul bruit celui des craquements du bois clair derrière notre passage, ainsi que les rires et discussions des deux autres filles déjà apprêtées faisant écho depuis la chambre.

— Toujours en retard.

La voix toujours aussi rugueuse de Venice m'accueille, ses mots crus atteignant mes oreilles sans difficulté. Je serre les dents à sa remarque. Venice ne peut se restreindre à me saluer amicalement comme toute personne civilisée le ferait, non il faut toujours qu'elle se comporte comme Venice.

— Je me suis tapée tous les feux rouges sur la route, je réponds sans prêter attention à son expression sévère, mais elle renchérit aussitôt.

— C'est ça de ne pas partir à temps.

Dans un haussement d'épaules, elle détourne le regard. Une vague odeur de monoï émane de ses ondulations rousses. Je me retiens de lui balancer à la figure que je ne devrais même pas être là de toute façon ; que la seule raison pour laquelle je me trouve ici ce soir, n'est autre que le fait que je ne supportais plus leur insistance en ce qui concerne ma présence au bal. Mais je ne dis rien. Au lieu de ça, je mords l'intérieur de ma joue avec force afin de réprimer les nombreuses insultes qui menacent de dévaler mes lèvres.

— Stella, repose ça s'il te plaît. Ordonne Rena à la petite tête brune qui gambade à travers la chambre, une palette de fards à paupières

Yves Saint Laurent à la main. Rena est la seule de nous trois à avoir une petite sœur, et il s'avère que parfois, n'ayant que des garçons à la maison, je l'envie terriblement.

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