Chapitre 5 • Apprenti Virtuose

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Maniac - Michael Sambello

He's a maniac, maniac on the floor
And he's dancing like he's never danced before

Plusieurs musiques se sont écoulées, à présent, baignant la pièce d'un rythme régulier. Le bouclé se révèle être une personne extrêmement sympathique ; il ne pose jamais de questions trop personnelles et je l'apprécie pour cela. Même si pour être honnête, j'aurais été surprise du contraire.

C'est probablement ce qui se cache derrière son magnétisme ; le fait qu'il fasse sentir à tous ceux qui lui adressent la parole, qu'ils détiennent toute son attention, quoi qu'il se passe. Ou peut-être est-ce le fait que pendant qu'il m'écoute, je ne suis pas constamment en train de me demander ce que diable je fiche ici. Gonflé d'un regain d'énergie, le bouclé se lève à l'improviste. Et sans que je ne m'y attende, il se met à danser sur les notes qui résonnent à travers les murs. Surprise par son comportement soudain, je soulève un sourcil, le questionnant du regard.

— Je connais cette chanson encore mieux que mon code de carte bleue ! s'exclame-t-il, rayonnant.

Son corps se déchaîne au rythme des paroles, quelques-unes de ses boucles noisette prennent la liberté de s'éparpiller autour de son visage. Je ne peux m'empêcher de partager son enthousiasme. Ses pas dessinent des motifs aléatoires sur le sol carrelé, les damiers noirs et blancs faisant office de piste de danse.

Et il danse.

Il danse comme il ne l'a sans doute jamais fait auparavant, il danse comme si sa vie en dépendait alors que mon rire amplifie la sonorité déjà environnante. Ce qui ne fait que renforcer son engouement pour cette musique en particulier.

Est-il réel, même ?

Peut-être qu'en réalité, je suis toute seule aux toilettes depuis tout à l'heure et mon cerveau commence à divaguer. Il s'imagine toutes sortes d'individus aléatoires afin de combler la solitude. Mais lorsque le bouclé revient s'asseoir à côté de moi et repose l'arrière de son crâne contre le mur glacé, je sais qu'il est réel. Ses yeux sont réels ; ils sont si verts, si puissants. Comme un carré d'herbe fraîche au fond du jardin. Comme la cime des arbres ; ondoyante au cours d'une chaude journée d'été. Comme une promesse ou un espoir que personne ne parviendrait à briser.

Jamais.

Toutes les pensées embrumées autour de la couleur de ses iris s'estompent dans mon esprit. Mes lèvres se courbent dans un soupir.

— Bon... Je suppose que c'est à ton tour de me raconter la raison pour laquelle tu te trouves ici.

Si quelqu'un venait à entrer à l'improviste dans la pièce, il serait désarçonné à coup sûr par notre conversation ; on pourrait croire que cette question sort tout droit d'une réunion alcooliques anonymes.

— Mmh... J'avais besoin d'air, bafouille-t-il, accompagnant ses paroles d'abstraits signes de mains.

— Besoin d'air ? (Je soulève un sourcil.) Tu es venu prendre l'air dans les toilettes ?

— Bien, je veux dire. Pas besoin d'air, à proprement parler. Mais disons besoin d'être seul.

— Oh.

C'est le seul son que je parviens à produire à ce moment-là.

La situation se révèle un tantinet ironique, étant donné que je partageais moi aussi ce souhait lorsque je me suis réfugiée ici. À croire qu'une vilaine malédiction s'est abattue sur notre sort.

— Il faut que je quitte ma copine, lance-t-il, tout à coup.

Cette révélation est surprenante, compte tenu du fait que le bouclé semble bien loin d'être surprenant. Ceci est loin d'être une critique, cependant. Je dis juste qu'il a la tête de quelqu'un qui n'ose pas essayer une nouvelle sorte de pizza, de peur d'être déçu parce qu'elle ne lui plaît pas.

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