Chapitre 9

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Il est 17h quand Dylan et moi sortons de la forêt. Il était temps de partir une fois que j'eu fini mon monologue, parce que oui, je crois qu'on peut appeler ça comme ça, étant donné que j'ai l'impression d'avoir parlé une éternité, ce qui n'est pas dans mes habitudes.
- Je te raccompagne chez toi ? me demande Dylan une fois devant sa voiture.
Je m'apprête à accepter quand je me rappelle avoir laissé mon vélo, et unique moyen de transport pour le lendemain, à l'école.
- J'ai laissé mon vélo à l'école, j'annonce en soufflant.
Il semble réfléchir un instant, puis arque un sourcil ce qui lui donne un air assez sexy... j'ai du mal à croire que j'ai écrit ça.
- Je peux passer te prendre demain matin ? me propose-t-il.
J'ouvre la bouche, plus que surprise par sa proposition. Mais rien ne sort.
- Tu reprendras ton vélo demain après les cours, continue-il, je doute que quelqu'un ait l'idée de le voler, tu ne crois pas ?
En effet, qui voudrais d'un truc rouillé et moche qu'on ne peut presque plus appeler un "vélo". Mais ce n'est pas ça qui me retient d'accepter. C'est plutôt le fait que Dylan vienne me chercher chez moi, la maison dans laquelle vivent les gens qui ne veulent même pas que j'ai des amis.
- Mes parents ne seront jamais d'accord.
Il hoche la tête, compréhensif. Je n'ai pas vraiment dit ça pour lui, mais plus pour moi. J'essaie de me raisonner à voix haute. Bizarre, n'est-ce pas ? Je sais. Et ma réponse l'est tout autant ;
- C'est d'accord. De toute façon, je rentrerais trop tard en vélo.
Il me sourit et m'invite à m'assoir côté passager. Je ne sais pas trop ce qu'il m'a pris. Peut-être que je prends ça comme une sorte de rébellion. En tout cas je risque gros, mais pour l'instant je m'en fou. Le trajet se fait en silence, jusqu'à ce que je ressente le besoin de le remercier.
- Merci ... de m'avoir écouté, j'ajoute voyant l'incompréhension prendre forme sur son visage.
- De rien, il répond en souriant.
Mais il sourit tout le temps ce gars. On dirait mon opposé. Et non je ne dirai pas "les opposés s'attirent". Étant donné que ce n'est pas le cas.
- Tu sais, il commence, on fond je ne sais pas grand-chose sur toi.
- Je viens de te parler de moi pendant plus d'une heure.
- Oui d'accord, mais tu m'as parlé des moments de ta vie, pas de ce que tu aimes, n'aimes pas, ... Tu vois ce que je veux dire ?
- Oui... mais je ne vois pas trop ce que je pourrais te dire.
- Humm... c'est quoi ta couleur préférée ?
Ma couleur préférée ? Personne ne m'avait jamais posé la question. Et honnêtement, jusqu'à maintenant je n'y avais jamais réfléchi.
- Le vert, je crois.
- Comme la forêt ?
- Oui. Et toi ?
- L'orange. Ton film préféré ?
- Je-je n'en sais rien. Les seuls films que j'ai vus datent d'il y a 10 ans, je ne m'en rappelle pas.
- Attends... Tu veux dire que ça fait 10 ans que tu n'as plus jamais vu de films ? Que ça fait 10 ans que tu n'es pas allée au cinéma ?
Il me regarde avec des yeux plus qu'ébahis. Et pourtant c'est vrai. Mes parents adoptifs ne me laissent pas aller au cinéma, ni même regarder autre chose que le journal télévisé.
- Dingue... tu veux dire que tu n'as jamais vu les Hunger Games, Divergente et tout le reste ?
- Non, je n'ai jamais vu.
- C'est clair.
- Qu'est-ce qui est clair ? je demande sans comprendre.
- Qu'il faut que je t'emmène au cinéma.
- C'est une invitation ?
- On peut dire ça, répond-il en se tournant vers moi. Ça te tente ?
- Pourquoi pas, mais quand je ne vivrai plus chez mes parents.
Cette dernière phrase réinstalla le silence. Peut-être que j'aurais dû me taire, mais c'est la vérité. Tant que je vis chez mes "parents", la liberté n'existe pas.
- Tu n'as jamais pensé à en parler à la police ou quelqu'un d'autre ? me demande-t-il.
- Si j'y ai pensé, mais je ne veux pas être envoyée une nouvelle fois dans un orphelinat.
- Il doit y avoir une autre solution...
- Ça fait 10 ans que je cherche, et je n'ai toujours pas trouvé. Mais si tu en as une, je suis preneuse.
C'est à ce moment-là qu'une question qui me trotte dans la tête depuis un moment, refait surface. Et, voyant que l'on est bientôt arrivé, je me décide à la lui poser.
- Je peux te poser une question, je lui demande.
- Bien sûr.
- C'est vrai que tu vas inviter Léa, au bal d'hiver ?
- Quoi ? Bien sûr que non ! Ce n'est pas vraiment mon genre de fille, pas du tout même. Et puis, je ne pense pas y aller.
- Pourquoi ?
- Deux raisons. D'abord, je trouve ça inutile, sauf si on est accompagné évidemment, et, par conséquent, la deuxième raison est que la fille que j'aurais voulu inviter ne pourra certainement pas y aller, à cause de ses parents.
Je reste muette. Il n'y va pas parce que je ne peux pas y aller. Ça me fait plaisir qu'il ait voulu m'inviter, mais je ne veux pas qu'il se prive d'y aller à cause de moi. Malheureusement, je n'ai pas le temps de le lui dire. Il arrête la voiture quelques maisons avant celle où je vis. Et c'est là que je me rends compte qu'il est beaucoup plus intelligent que n'importe qui d'autre. Quelqu'un d'autre n'aurait pas penser à ne pas se garer devant la maison, pour m'éviter la mort. J'ouvre la portière et me tourne une dernière fois vers lui.
- Merci, encore.
- De rien, encore.
Il me sourit et je lui rends son sourire. Je ferme la portière et commence à marcher alors que j'entends sa voiture s'éloigner.
J'ouvre la porte d'entrée sans faire de bruit. Et je m'apprête à monter directement dans ma chambre, quand quelqu'un apparaît devant moi.
- Tu es en retard, me lance Frank.
J'hoche la tête, n'osant pas lui répondre.
- Dépêche-toi, on a faim.
Je me dépêche d'aller préparer à manger.

Pendant le repas, je ne peux m'empêcher de sourire en pensant à Dylan. Et les personnes en faces et à côté de moi, ne manquent pas de le remarquer.
- Qu'est-ce qui te fait sourire comme une idiote ? me demande Léa sur un ton de reproche.
- Rien du tout.
Mais même sa remarque ne m'enlève pas ce rictus qui s'accroche à mon visage. Ce qui, vu les traits de son visage, doit énerver Frank.
- Bon ça suffit ! On t'a assez vu ! Monte dans ta chambre !
Je m'exécute, même si je n'ai pas fini de manger. Ça m'évite de faire la vaisselle, il devrait réfléchir un peu.
Une fois dans ma chambre, je m'affale sur mon lit. Je m'endors toute habillée et le sourire aux lèvres.

Fais-moi revivre (Dylan O'Brien)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant