La Chute des Notes (Sabo/OC)

Chapitre VI

Samedis 10 octobre 2015

« Qu'est-ce qui t'arrive ?

-Rien. Niai-je. Je vais bien.

-Arrête, je vois bien que tu es bizarre ces derniers temps.

-Mais, non !

-Mariella, sérieux. Tu penses vraiment que je vais te croire ? » Me questionna-t-il.

Il n'avait pas tort. Depuis que je m'étais rendu compte qu'en réalité rien n'avait changé, j'avais recommencé à me faire plus discrète. Je ne pourrais pas le nier éternellement, mais le plus longtemps serais le mieux... et malheureusement, c'est maintenant que ça prend fin.

Je fis non de la tête en réponse à sa question. Il soupira.

« Alors ? Qu'est-ce que t'as ? » Me demanda-t-il une nouvelle fois.

Mais je restai muette. Peut-être que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Je gardai la tête basse, fixant mon bol de céréales qui ressemblait maintenant à de la pappe. Celui en face de moi soupira une nouvelle fois et finit par se tourner vers son déjeuner. Le reste de notre table était animé par des discussions diverses et variées, en particulier sur la soirée qui se pointait. Ben, vous savez quoi ? Je n'irai pas. C'est vrai, pendant que les autres s'amusent, je reste dans mon coin et dès que je l'ouvre j'ai l'impression d'emmerder mon monde. Et quand Law veut me faire danser, n'en parlons pas. Ses orteils ont droit à un samedi calme je pense.

Chanter ? Et puis quoi encore ? Quand je chante tous les soirs, j'y arrive uniquement parce que je ne vois pas mon auditoire. J'ai beau savoir qu'ils sont là, je ne vois pas leurs réactions, leurs expressions et cetera. Je n'ai pas peur car il fait nuit, et la nuit, c'est mon monde. Mon univers. Mon refuge... Même si ça n'a pas toujours été le cas.

Je passai mes mains sur mon visage tout en soufflant un bon coup. Grimaçant devant mon bol et ne souhaitant qu'une seule chose: être seule, je me levai sans dire un mot, prit mon plateau et sortis.

Une idée folle me vint à l'esprit, sécher. Oui, ça peut paraître complètement con, mais étant une ''élève modèle'' je n'avais encore jamais fait ça... Mais est-ce que j'oserai ? Ça c'était la grande question. Après-tout, je veux chanter, mais je ne supporte pas que l'on me voie, je veux écrire, mais je n'aime pas qu'on me lise, je veux sortir de ma coquille, mais j'ai peur. Oh et puis merde ! C'est du nouveau que tu veux, non ?! Alors, ne réfléchis même pas et fais-le !

Ce fut, cette pensée en tête que je me rendis discrètement à l'internat, qui était vide à cette heure. Je m'enfermai à double tour dans ma chambre, où un silence régnait en maitre. Je posai mon sac, pris un livre dans ma bibliothèque et allai m'assoir sur mon appui de fenêtre, ma scène.

ooOoOoOoo

Midi. Je lisais toujours, je n'avais pas arrêté. Et c'est alors que j'étais entrain de dévorer les mots écrits par la Comptesse de Ségur que quelqu'un toqua à la porte. Je sursautai légèrement et entendis une voix familière résonnée de l'autre côté de la planche de bois.

« Mariella ? Tu es là ? » Questionna-t-elle simplement. Elle soupira. « Ouvre-moi s'il te plait... Bon, tant pis. »

J'entendis des bruits de pas s'éloigner et osai aller ouvrir la porte de ma chambre. Je regardai à gauche, à droite, personne, et ce fut alors que j'allais la refermer que je remarquai quelque chose au sol. Une assiette dans laquelle il y avait de la paella servie grossièrement. Je m'accroupis, la pris et vis alors aussi un petit bout de papier plier en deux. Je le ramassai également et rentrai dans ma chambre.