32.

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Fatiguée d'attendre, je me relevais. Il ne me recevrait pas, il fallait être réaliste. Mais une idée germa dans mon esprit... Je courus vers les appartements de la reine et demandais à être reçue. Je m'attendais à patienter des heures, comme avec son mari, au lieu de ça, la porte s'ouvrit quelques minutes après. La reine était assis dans son boudoir et m'invita à m'installer d'un sourire. Je m'exécutais timidement. Elle était belle, charismatique... Impressionnante ! On me servit une tasse de thé au jasmin mais je ne pouvais détacher mes yeux de la reine. Je ne savais plus quoi dire et baissais vivement le nez dans mon breuvage. Je dévisageais la reine ! Idiote... 

- Alors, mademoiselle Daubriac, chuchota-t-elle. Quelle bon vent vous amène dans mes appartements ? 

Je manquais m'étouffer avec mon thé sucré. Elle avait une voix douce, mélodieuse. J'en étais restée bouche bée. Si un jour on m'avait dit de décrire une reine, je n'aurais pas penser à mieux. 

- C'est à propos de la jeune Alice Marchand, me repris-je tant bien que mal. Vous devez faire quelque chose ! 

Elle haussa les sourcils. Devez ? Je me giflais mentalement. 

- Je veux dire... J'aimerais beaucoup que vous interveniez en sa faveur. Après tout, vous êtes vivante ! 

Mon Dieu Fifi... Tu t'y prends comme un manche ! Tu aurais voulu te faire mettre à la porte que tu ne t'y serais pas prise autrement... Je me mordis la lèvre... Mais pourquoi je n'arrivais pas à dire les choses correctement ? Je pris un profonde inspiration pour calmer la course folle qu'avait entrepris mon cœur. Ma langue trouva un passage jusque mes lèvres sèches qu'elle humidifia rapidement. Il fallait que je me ressaisisse ! 

- Votre Majesté, Alice Marchand n'a jamais voulu vous tuer ! Et elle n'a peut-être d'ailleurs jamais rien tenté ! L'exécuter ainsi... C'est totalement injuste ! Elle-même ne sait pas... Comment d'autre pourrait s'avoir ! Et puis... Vous n'êtes pas morte... Et c'est une bonne chose, ajoutais-je précipitamment. Mais la sentence est beaucoup trop fort pour quelque chose de si incertain ! Je ne suis ni reine, ni princesse et encore moins conseillère mais... Je suis quelqu'un du peuple et cela me révolte de voir que ... Parce que vous êtes la reine, alors la sentence est si démesurée... Je veux dire... Pour quelqu'un d'autre avec si peu de preuves, le tribunal ne se serait jamais penché sur l'affaire ! Ce serait classé parmi les accidents domestiques sans aucune conséquence ! 

Je me tus et avalais rapidement une gorgée de thé pour reprendre contenance. Elle dardait sur moi son regard d'un bleu laiteux... C'était déstabilisant ! 

- Je suis étonnée que ma vie ait si peu d'importance à vos yeux, finit-elle par dire en déposant un loukoum rosé sur sa langue . 

Je la regardais, rougissante. 

- Vous vous méprenez, rétorquais-je. Votre vie est importante.... Mais pas plus qu'une autre à mes yeux ! 

Je baissais les yeux et reposais ma tasse. Puis, je me levais pour exécuter une révérence. Je n'avais rien à faire ici... C'était une erreur ! 

- Je..Je suis désolée de vous avoir dérangée, murmurais-je. Je vais vous laisser. 

Je quittais rapidement les lieux. Mais quelle idiote je faisais ! La reine... Pourquoi la reine serait-elle plus clémente envers son presque-assassin supposé ! Je soupirais... Pourquoi étais-je si impuissante ? Je repartis vers les bureaux de Sa Majesté le roi ... Je n'abandonnerais pas ! Je m'y refusais ! Ma cause était juste ! 

J'attendis de nouveau. Et enfin, la porte s'ouvrit ! Je voulais entrer, forcer le passage s'il le fallait mais l'annonce me cloua sur place. 

- La reine, cria-t-on. 

Je la regardais s'avancer. Elle s'arrêta devant moi. 

- Je dois dire que vous êtes surprenante, murmura-t-elle. Je crois que j'entrevois ce que mon fils vous trouve. 

Elle marqua une courte pause. 

- Alice Marchand sera chassée, déclara-t-elle. Mais pas exécutée, j'y veillerais. Même si mes motivations différent totalement des vôtres. 

Elle se pencha vers moi pour me chuchoter que "le roi n'avait pas besoin d'une mauvaise publicité en ce moment", c'était sa seule motivation. Cela me glaça totalement. 

- C'est cela qui fait de moi une bonne reine, ajouta-t-elle en se redressant, ne l'oubliait pas, Mademoiselle Daubriac. 

Elle... Elle se fichait totalement de la vie qu'elle sauverait ! De l'avenir difficile qu'aurait la petite Alice à l'extérieur du château... Je restais figée sur le pas de la porte alors que cette dernière se ferma une nouvelle fois sous mon nez. Je déglutis difficilement et me retournais. Le prince me fixait, méprisant. Il tourna les talons, me laissant là, seule et déboussolée. 



Souffle la libertéWhere stories live. Discover now