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- Alors Ash' ? je lui demande tandis qu'elle fixe d'un regard vide une feuille sur le sol à quelques mètres de nous.

Cela fait plus de dix minutes que nous sommes assis, et elle n'a toujours rien dit. Elle se contente de fixer le sol. Je me mets en appui sur mes genoux grâce à mes coudes, alors qu'elle reste installée au fond du banc. Je tourne la tête vers elle et elle soupire en me regardant enfin.

- Ne crois pas que ça me fasse plaisir de la trahir comme ça, mais elle ne peut plus continuer à vivre ainsi.

- Je ne comprends rien..

- Mais enfin, Harry, c'est normal. Tu ne peux pas comprendre, tu n'es pas comme nous... Toi, tu es humain.

Je fronce les sourcils et m'apprête à lui demander de m'expliquer ce que cette phrase voulait dire, quand elle s'attrape violemment la tête entre les mains en grimaçant de douleur.

- Ashley ? Ça va ?

Elle ne me répond pas et instinctivement, je pose ma main sur mon épaule et essaie de comprendre ce qui lui arrive en l'interrogeant du regard. Son visage reflète la douleur intense, ses yeux sont fermés, et des gémissements s'échappent d'entre ses lèvres.

- Carter, stop..., gémit-elle.

Quoi ? Mais c'est absurde, Carter n'est même pas là. Je déglutis et insiste :

- Ashley, parle-moi, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Elle ne me répond pas et continue de se presser fortement la tête entre ses mains, comme si une douleur incroyable lui vrillait le crâne.

- Putain Carter ! crie-t-elle. Arrête ça ! Tu.. Arrête, je t'en prie...

Je ne dis rien et assiste à la scène complètement impuissant. Est-ce que la douleur existe vraiment ? Ou devient-elle folle ? En tout cas, elle ne se préoccupe pas de ma présence et sert les dents pour ne pas crier.

- Ashley...

- Va-t'en Harry, je t'en prie. Pars !

- Quoi ? Non, je ne vais pas te laisser seule... Tu souffres, protestai-je.

Elle tourne enfin le visage vers moi et me supplie du regard, toujours les traits tirés par un mal qui semble irréel, et qui l'est sans doute.

- Tant que tu resteras, je souffrirai... Je t'en prie... rentre à l'hôtel.

Je fronce les sourcils et secoue lentement la tête. Tout s'embrouille dans mon esprit. Je ferme les yeux quelques secondes, et finalement, je me lève et reprend la direction de l'hôtel en marchant avec colère.

Putain, mais c'est quoi leur problème aux soeurs Marshall ? Elles sont barges. Mais bizarrement, ça les rend... attachantes. Okay, je suis en train de devenir encore plus fou qu'elles. Qui les trouverai attachantes ? N'importe quoi s'enfuirai en courant, mais pas moi. Je tiens à elles, et je veux les protéger, mais je ne saurai dire pourquoi.

Perdu dans mes pensées, je ne me rends pas compte que mes jambes m'ont ramené jusque devant la porte de ma chambre en quelques minutes.

Je sors ma clé magnétique de ma poche pour ouvrir la porte, quand quelqu'un m'attrape le poignet et me le tord, puis me retourne violemment et me plaque dos au mur en me bloquant le cou par un avant-bras. Mes yeux rencontrent instantanément deux iris verts, mes préférés au monde.

- Carter ? Qu'est-ce que t'as ?

Son regard est dur, son visage froid. Ce n'est pas la Carter de d'habitude, même si celle que je connais est d'ordinaire solitaire et froide. Là, elle est... en colère, pleine de rage qui bouillonne en elle.

- Putain mais t'es con ou quoi !? Qu'est-ce que j'ai ? Tu veux savoir ce que j'ai ? J'ai qu'un petit anglais me fait chier à vouloir connaître ma vie et m'aider, j'ai que ce petit anglais, bien que sexy et incroyablement gentil, est une vraie tête de mule. J'ai que ce petit anglais ne comprend pas que ma vie est telle qu'elle doit être, et c'est comme ça. J'ai que même si au fond de moi je devrais le détester pour mettre ma vie et celle de ma soeur en pagaille, je l'apprécie plus énormément, et c'est ça qui va causer ma perte. J'ai que ce petit anglais, c'est toi.

Elle retire son coude d'un coup, et je ne bouge pas d'un millimètre, encore abasourdi par ses paroles.

- Tu.. Tu m'aimes bien ? je bafouille.

- Après tout ce que je viens de te balancer, c'est tout ce que t'as retenu ? s'exclame-t-elle.

Un petit sourire d'idiot se dessine sur mes lèvres, et elle me jette un regard noir.

- Arrête, je suis sérieuse Styles, t'es en train de tout compliquer.

- Mais compliquer quoi ? Si tu m'expliquais, je ne serai pas obligé de fouiner !

- Tu compliques tout ! Ma vie, ma relation avec ma soeur, mon année scolaire, même mon physique change par ta faute !

Pour appuyer cette dernière phrase, elle lève sa main et me montre sa paume.

Le nombre 15 tatoué en noir, brûlant encore et toujours sa peau.

Elle retire sa main brutalement, et me jette un dernier regard avant de me lancer :

- Tu penses être prêt à découvrir la vérité, mais le jour où tu la découvriras vraiment, tout ce que tu voudras, c'est t'enfuir.

Puis elle se retourne et entre dans sa chambre en claquant la porte derrière elle.

Quoi ? M'enfuir ? Pourquoi ? Comme si Carter était une tueuse en série ou une mafieuse. Non, mais franchement.

Je me mets dos au mur et me laisse glisser jusqu'au sol. La tête entre les mains, je me mets à réfléchir, à ressasser tous les moments passés avec Carter depuis le premier jour, dans le seul et unique but de trouver des indices qui m'auraient échappé.

Après une durée qui m'est inconnue, je me rends compte d'une chose, et une chose très importante, enfin je le pense.

Hier, c'était un 16. Aujourd'hui, un 15.
Un tatouage représentant un nombre ne peut pas apparaître d'un coup, et changer le lendemain pour un nombre inférieur. C'est impossible...

À moins que ce soit... Oui, c'est obligé.

C'est un compte à rebours.

Obsession || H.SWhere stories live. Discover now