La Décadence des Flamants - Tome 2

Chapitre 20 : Reconnaître ses torts (Cole)

Je n'avais que peu d'amis, c'était un fait. Déjà, j'étais incapable de leur faire confiance et aussi parce que je détestais les sorties entre amis juste pour savoir si ça allait. Quelle ne fut pas ma déception d'apprendre que Mitt m'en proposait tout juste une.

Je me rassurais en me disant que ce n'était que prendre un rapide café. On ne se voyait pas tellement. On s'entendait bien, mais ce n'était pas suffisant pour devenir les meilleurs amis du monde. Je n'avais qu'une réelle amie, dommage qu'elle soit loin en ce moment.

Arrivé au café, je le vis assis à une table tenant son gosse dans les bras. Je ne pus m'empêcher de soupirer intérieurement. J'allais devoir me le farcir ainsi que son gamin.

Je m'assis face à lui, prétendant que le voir me faisait plaisir et que ne pas se voir était un supplice. Le mensonge était plus que jamais un atout dans ce genre de circonstances.

— Tu as encore divorcé Cole, me sermonna-t-il d'un ton grave.

— Et alors ? rétorquai-je comme si je m'en foutais, ce qui était vraiment le cas.

— Tu comptes enchaîner combien de mariages comme ça ? s'enquit-il sérieusement.

— Ça te dérange si je fume ? lançai-je en ignorant sa question.

— Oui, ça me dérange, s'offusqua-t-il d'un ton de plus en plus grave. Reese est là.

Il me coupa dans mon élan. Fumer m'aurait aidé à supporter ce moment. Sûrement pour ça que l'idée d'avoir des enfants commençait à me répugner. En fait, elle m'avait toujours répugné, peu importe les raisons.

— Tu as changé le sujet de discussion, constata-t-il, venant de s'en rendre compte.

— Exactement ! Bravo, tu es génie ! lâchai-je d'un ton sarcastique.

Je fis signe à la serveuse que je voulais un café. Elle ne semblait pas très agréable et pas très bandante non plus. Déjà que je n'appréciais pas d'être ici, il n'y avait rien à mater. C'était vraiment parti pour se faire chier.

— Tu es sûr que ça va ? Tu es très pâle.

— Oui, ça va très bien, mentis-je.

La serveuse arriva avec ma tasse. J'en bus rapidement une gorgée. Amer. Je fis comme si c'était le meilleur café de ma vie.

— Tu penses à ton divorce ? m'interrogea-t-il, incapable de trouver un autre sujet de discussion.

— Je ne vois pas pourquoi je penserais à mon divorce quand je suis en couple, répliquai-je, insouciant.

Je m'apprêtai à continuer l'horrible dégustation de ce café et me figeai dans mon geste quand je me rendis compte de l'ampleur de mes mots. Merde. C'était sorti naturellement. Je détestais avoir des amis.

— En couple ? Tu dis ça pour te foutre de ma gueule ou tu es sérieux ? s'étonna-t-il en écarquillant des yeux.

J'allais continuer dans ma lancée, tant pis. Heather n'en saurait rien, et puis Mitt n'irait certainement pas répéter ça à de nombreuses personnes.

— On ne peut plus sérieux, déclarai-je en buvant une gorgée de mon atroce café.

Son regard s'agrandit, la surprise prenait part de lui. J'aurais vraiment dû contrôler mes mots cette fois-ci. Pourquoi n'y étais-je pas arrivé ? Heather, tu me rends faible même quand tu n'es pas là.

— Il y a vraiment une femme qui a accepté de sortir avec toi ? plaisanta-t-il comme si c'était vraiment drôle.

— Merci de dire que je dégoûte toutes les femmes. Si c'est ça, je me casse !