Beignes à tout prix

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- Aaah!!!!!

Un jeune homme venait de rentrer brusquement dans ma chambre, refermant la porte derrière lui comme s'il était poursuivi par le diable en personne. Il se retourna vers moi, pâlie par la surprise, et eut un sourire désolé.

- Content que t'étais pas en train de t'habiller. Vraiment désolé, ces paparazzis me collent aux fesses comme du sirop d'érable. Mais en moins délicieux, grimaça-t-il.

-...

Les mots me manquaient. Devant moi se tenait le célèbre Harry Styles, avec ses boucles brunes presque aussi célèbres, et moi j'étais encore en pyjama. Classe.

Il marquait un point, si je pouvais sauver la vie des gens tout en étant habillée, que demander de plus à la vie? Enfin, c'était surtout qu'avec tout ce boucan, il m'avait réveillé et que j'étais encore trop fatiguée pour le chasser. Alors je dis ce que je faisais le mieux en situation de stress. Je dis n'importe quoi.

- Ça doit être fou comme vie quand ton sport matinal c'est la course à obstacles.

Harry éclata de rire tandis que je me frottai paresseusement les yeux avant de m'étirer comme un chat. Dans une autre vie, j'avais surement été un petit minou.

- Bon, je vais aller me rendre plus présentaaable, bayais-je, mais l'envie n'y était pas.

- Oh mais t'es très bien comme ça, sourit-il.

- Mouais, t'as raison. Et puis, c'est pas comme si c'est ma face qui va se retrouver dans des journaux internationaux, enfin, sauf si c'est l'édition spéciale Halloween.

Harry s'esclaffa encore, son rire résonnant dans toute la salle. Et dans une piece aussi petite, il y avait de l'écho à volonté. J'avais peur que mes voisins l'entendent et débarquent chez moi.

- Oh fait, t'allais où comme ça?

- M'acheter des beignes.

- Sans garde du corps ni voiture? Demandais-je les sourcils froncés, essayant d'attacher mes cheveux mais abandonnant aussitôt, trop indomptables.

Il esquissa un sourire narquois en voyant mon élastique fendre l'âme sous la lame de mes cheveux trop volumineux (quelle poète je fais!), puis répondit à ma question.

- En fait, il y avait des gardes du corps, mais ce sont eux qui étaient dans la voiture.

Cette fois-ci, ce fut moi qui éclata de rire. Quelle idée quand même, se promener dans la rue sans sécurité. Enfin, je faisais ça tous les jours, mais ce n'était pas moi qui faisait partie des One Direction en même temps.

- Et juste avant que le serveur me donne les beignes, ils sont arrivés et j'ai dû abandonner mes beignes, continua-t-il avec la mine triste d'un enfant qui sortait les mains vides d'un magasin de jouets.

- Tout ça pour des beignes alors que tu pourrais surement en commander des tonnes??

- Pas faux, mais ils goûtent mieux sur place, je t'assure. Dommage que je sois trop célèbre pour manger en paix.

Il n'y avait pas une once de vantardise dans sa phrase, seulement un peu d'amertume mélangée à du regret.

- Bon, tiens mon numéro, dit il en déchirant une feuille d'un de mes cahiers de mathématiques.

La feuille où j'avais fait mon devoir... Super, pour une fois que mon excuse serait vraie, la madame ne va surement pas me croire.

- Garde-le bien, reprit-il en se levant de la chaise de mon bureau, encore merci, mais je vais y aller, bonne journée.

ImagineWhere stories live. Discover now