One Shot : Uncontrollable Feelings

Texte Nagemy_

Point de vue Elijah

- Ok les mecs, vous l'aurez cherché !

Caleb, qui crève maintenant de chaud sous l'effort, se débarrasse de son gilet et le balance plus loin sur le sable. Après ma discussion avec Ella, celle-ci a réussi à me convaincre de rejoindre les garçons pour jouer. Ce que j'ai fait depuis une heure et depuis, Joshua et moi gagnions face à Thomas et Caleb. Tout ça, sous le regard rieur de notre soeur spectatrice de l'action. Alors Caleb semble déterminé à se venger. Je vois son regard joueur qui ne cesse de me fixer à quelques mètres et je ne suis plus très sûr de pouvoir sortir vivant de cette partie de football.

 Malgré tout, je me replace sur la ligne tracée dans le sable avant d'échanger un regard avec Joshua, qui met ses muscles en avant. Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire à cause du grand sérieux de la situation. Nous ne faisons que jouer sur la plage et pourtant les garçons prennent ce jeu trop à coeur. Peut-être un truc de sportif que je ne suis pas apte à comprendre.

- 3... 2... GO ! crie Ella, tout aussi déchaînée que nous.

- Eh tu as tri...

A peine ais-je le temps de finir que mon frère me crie de courir ; j'obéis alors en observant le ballon qui vole droit devant. Bientôt, les trois garçons courent aussi dans le même sens que moi et je suis étonné de voir que j'ai une petite longueur d'avance sur eux. Puis j'entends dans tout ce brouhaha les encouragements de Joshua et les menaces de Caleb. 

- T'as intérêt à continuer de courir aussi vite parce que si je t'attrape, tu vas morfler !

Alors, je comprends que maintenant c'est bien plus qu'un jeu entre nous quatre, c'est surtout un jeu entre nous deux. Un jeu dont nous seuls avons les règles. Quelque chose de discret et d'intime qui n'en reste pas moins fort. J'adore ça. Mon sourire idiot ne me quitte pas alors que j'attrape maladroitement le ballon. Je continue de courir, bien que j'ai dépassé la ligne d'enbut depuis très longtemps. Derrière moi, Joshua célèbre notre victoire aussitôt attaqué par la mauvaise humeur de son jumeau. Et à en juger la distance de leurs voix, je sais qu'il n'y a plus que Caleb qui me court après dorénavant.

- Tu commences à fatiguer, se moque-t-il. Lâche l'affaire bébé !

Mon coeur loupe un battement. J'abandonne. Ce n'est pas grave, je n'ai pas peur de perdre. Je n'ai plus peur, avec lui. Je me retourne alors et ai à peine le temps de le voir qu'il me plaque avec force, nous faisant tous les deux atterrir sur le sable frais. La première idée qui me traverse l'esprit c'est que mes frères risquent de nous voir puis la deuxième, qui vient chasser la précédente, c'est que son contact me fait du bien. Je ne sens même plus la douleur de mon dos, à cause de notre chute, ni le poids de son corps musclé sur le mien ; je ne sens plus que sa chaleur, sa présence réconfortante. Mais la peur réside... Peur que l'on se dévoile à mes frères alors que l'on ne sait même pas où l'on en est. Et je me demande si cette frayeur s'effacera un jour. Si nous serons capable de privilégier notre bien-être au lieu de laisser vaincre notre appréhension.

- Tu as encore des progrès à faire, rigole-t-il.

- Peut-être que je t'ai laissé m'attraper.

Il releve un sourcil, surpris puis ses yeux se mettent à pétiller de malice avant qu'il ne rétorque :

- Arrête un peu, on sait très bien que je suis le plus fort de nous deux !

- Parce que je veux bien te laisser le croire.

Sa bouche s'ouvre de stupéfaction. Il semble de plus en plus étonné que j'ose lui répondre et autant le taquiner. Je ne sais moi-même pas ce qu'il me prend, seulement une envie de le piquer pour recevoir quelque chose en retour et ainsi sentir sa présence. C'est dingue de constater comme il m'a réellement manqué. Je finis par reprendre mes esprits, raclant ma gorge.

- Ils vont commencer à se demander pourquoi tu... enfin... t'es... là, sur moi... balbutie-je.

- C'est vrai. Ce serait gênant que tu aies à leur expliquer, affirme-t-il avec un sourire qui en dit long.

- Caleb.

Mon ton un peu plus ferme et ma voix quelque peu tremblante a du lui faire comprendre que je ne rigolais plus tellement. Je redoutais vraiment que les jumeaux remarquent un quelconque détail ; je ne suis pas capable d'imaginer comment ils réagiraient mais je ne préfère pas savoir pour le moment. Je veux que Caleb et moi prenions d'abord le temps de comprendre ce qui nous arrive et enfin de nous trouver. Non, c'est bête comment puis-je nous envisager dans le futur... Au fond de moi, je sens que tous ces sentiments sont bien plus que passagers mais qu'en est-il de Caleb ?

Il finit par se relever puis m'aider à faire de même. En me retirant tous les grains de sable collés dans mes cheveux et dans mon dos, j'observe mes frères et ma soeur qui, plus loin, ne sous prêtent pas du tout attention. Ils sont bien trop investis dans leur bataille d'eau pour cela. Je sens la main de Caleb se poser sur mon épaule, attirant alors mon regard sur lui. Lui, fixe Ella et les jumeaux avec une sorte de sourire à la fois attendri et mélancolique. Je sais qu'il aurait aimé avoir un entourage comme le mien ; il aurait aimé encore avoir sa soeur auprès de lui en ses fêtes. Il ne me l'a jamais dit et ne le fera jamais mais d'une certaine manière, je l'ai toujours su. Caleb n'est pas le genre de personne qui se confie beaucoup, c'est plutôt le genre de personne qu'il faut apprendre à comprendre par soi-même. Je suis prêt à continuer d'en découvrir davantage sur lui, encore plus aujourd'hui.

Mais pour cela, il nous faut un avenir.