À travers les étoiles

I - Chapitre 4 - Assassinat au Palais

La capsule de sauvetage s'était posée dans une plaine désertique de la planète. Un désert froid, rempli de cailloux et d'herbes éparses. Mais il était non loin de la capitale planétaire, et représentait donc un choix judicieux en termes de discrétion.

Ydrissa descendit de la capsule, puis vérifia qu'elle avait bien tout préparé. Dans sa poche de gauche, le couteau, l'arme du contrat. « On peut dire ça comme ça. » pensa-t-elle, « puisque le commanditaire a exigé que ce soit réalisé d'une façon très précise ». Façon très précise qui avait augmenté son tarif de dix mille crédits. Dans sa poche de droite elle avait un petit pistolet-blaster, réglé sur 'paralysant'. Il avait été très précis : le contrat concernait juste le secrétaire d'Etat au Commerce, personne d'autre ne devait y passer. Mais elle pouvait – devrait, probablement – envoyer quelques décharges électriques sur sa route.

Elle était plutôt jeune, avec de longs cheveux noirs, comme ses habits. Aujourd'hui sa tenue était plutôt élégante. La sécurité du palais présidentiel était loin d'être parfaite, mais autant jouer le jeu de l'infiltration plutôt que d'être trop repérable. Au cas où, elle avait toujours son fusil-blaster automatique dans son sac, sur son dos, réglé également sur paralysant. Plus une poignée d'explosifs, des vrais pour le coup. C'était pour la suite de la mission.

Pendant son trajet spatial jusqu'à la planète, elle avait consulté les plans de la ville, des hologrammes aussi, pour bien se repérer dans les rues, prévoir des planques potentielles au cas où. Elle n'eut pas de mal à atteindre le palais présidentiel.

Un garde était là, devant un accès secondaire. Il s'ennuyait à mourir : avant les réductions budgétaires mises en place par le Président, son boulot n'était déjà pas passionnant, mais il avait au moins un collègue à qui faire la conversation. Il avait hésité un instant, puis avait lancé un film récent sur l'écran intégré à son casque.

Quand Ydrissa arriva, il ne l'aperçut même pas. Il ne la vit pas non plus dégainer son blaster et perdit conscience quelques secondes plus tard. Dans son casque, le film ne s'était pas arrêté. « Pour l'instant, ça se passe pas trop mal », pensa-t-elle.

La porte était protégée par un détecteur d'empreinte tactile, et elle n'allait pas se promener avec un bout de doigt dans tout le palais. Surtout que ce garde n'avait peut-être pas accès à toutes les sections. Ydrissa regarda attentivement le détecteur, il était conforme aux modèles qu'elle avait déjà étudiés précieusement et dont elle connaissait les failles. Elle ouvrit son sac, en sortit une perceuse et fit un trou dans le boitier à un endroit précis. Avec un petit outil, elle dégagea quelques fils du détecteur, et sortit un petit instrument qu'elle connecta.

Le dispositif envoya une tension plutôt forte au boitier, le forçant à redémarrer. Elle en profita pour s'y connecter à partir de son périphérique, et inséra un nouveau compte administrateur dans la base de données, avec un nom : « Y » et comme mot de passe 0000. Puis elle redémarra de nouveau le détecteur, et put se connecter à l'aide du nouveau compte ainsi créé. Elle avait accès à tout le réseau du palais, via la connexion du détecteur. « Ils n'ont même pas pensé à faire des zones de sécurité étanches entre elles », soupira-t-elle devant un tel niveau d'incompétence. « Tant mieux, ça va me faciliter la tâche ».

Elle trouva facilement la base de données avec toutes les empreintes digitales autorisées à accéder l'ensemble du palais, et y ajouta une supplémentaire, avec accès illimité. Ce n'était pas la sienne, bien sûr, elle n'allait pas leur donner cette information. Elle sortit de sa poche un gant fin, qu'elle enfila. Il était transparent, avec un peu de gel chauffant et des lignes gravées, faisant l'illusion d'un doigt humain pour les détecteurs. C'était cette empreinte là qu'elle avait ajouté au système. Quand elle posa son doigt ganté sur le détecteur, l'écran indiqua : « Y, bienvenue au Palais de Notre Bien Aimé Président, Sauveur du Peuple, Général en Chef et Eternel Représentant de l'Ordre, de la Justice et de la Prospérité » et la porte s'ouvrit automatiquement.