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La noirceur nocturne est agressée par d'incessants flashs lumineux : ceux d'appareils photos professionnels aux objectifs des plus précis.

On me dit, demande, ordonne de patienter dans le véhicule où je suis installée, sur la banquette arrière. Bien que coupée du froid mordant extérieur, je suis frigorifiée. Les débuts de soirées se rafraîchissent en cette période de l'année. 

Le nez collé à la vitre, je m'impatiente. M'inquiète. S'ils t'ont retrouvée, pourquoi mettre autant de temps à te ramener jusqu'ici ? Tu dois avoir si froid... Je prépare déjà mes excuses mentalement. Je te réchaufferais à l'aide de mes bras tout en te demandant pardon et te promettant de ne plus jamais t'abandonner.

Des inspecteurs de police arrivent. Non pas en ta compagnie, mais avec un rouleau de ruban adhésif jaune et noir... Démarquant une zone à l'aide de celui-ci.
J'ai bien peur de comprendre.

Je sors de la voiture telle une furie en faisant des frictions sur mes avants-bras pour ne pas finir gelée sur place. Deux agents de police m'ordonnent d'y retourner. M'ordonnent de stopper là ma progression. Je les ignore, me mettant à accélérer le pas en les voyant se rapprocher dans le but de neutraliser mon avancée.


Vous ne pouvez pas voir ça ! Vous n'êtes pas autorisée à entrée dans la zone délimitée ! Mademoiselle !

Je me fige. Là, inerte, recouvert d'un drap blanc... Un corps. Ton corps.


— SOO-YOUNG !



Un frisson, aussi violent qu'un éclair, me tiraille l'échine.
Je me redresse, en sursaut.


Quelle heure est-il ? L'obscurité est encore omniprésente au sein du dortoir aux volets fermés. 
J'halète, parcourue de sueurs froides, mon cœur manquant d'exploser face à se brusque surplus d'adrénaline. 
Sommeil agité. Cauchemar. Calme-toi Ju-Hyeon (nom d'Irene) ce n'était pas réel... Pas réel...
Tu n'es pas inerte, sans vie, dans un lieu sordide. Ton agresseur, ton violeur, ne t'a pas assassinée. Tu es là, saine et sauve... Tu es là, à la maison... Tu es là, dans mes bras, ta respiration lourde de sommeil.


Les larmes me montent aux yeux. Ce n'était qu'un mauvais rêve... Mais il s'avérait si réaliste... Cet horrible scénario, ce soir là, aurait pu se produire...


J'enfouis mon visage dans le creux de ton cou, passant mes bras dans ton dos, te serrant contre moi, comme-ci j'avais besoin d'un élément, un contact me prouvant que je suis bel et bien dans le monde réel. Que je ne suis pas plongée dans un monde onirique, que l'horreur que j'ai vue est bien un cauchemar et rien de plus qu'un cauchemar...
Nul doute. Ton parfum, si doux, si frais... Il est vrai.
Les ronflements de notre collègue aussi, le sont. On ne peut plus authentique que la respiration bruyante et régulière de notre chère Wendy épuisée !
Mon dieu. Wendy ! Qu'a-t-elle pensé du fait que nous nous sommes endormi lovées l'une contre l'autre ?

—  Mon dieuuu... Elle va me charrier toute la journée... Elle va se faire des films et tout ce qu'il ne faut pas... Songes-je, désespérée. 


Je relève le visage, m'éloignant de ton enivrante odeur, de ton cou au teint de porcelaine. J'observe ton visage. J'ai... chaud ?... Suis-je ?...Oui. Je rougis.

Dumb || Joyrene - Red VelvetWo Geschichten leben. Entdecke jetzt