Locomotion

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Merindol possède plusieurs véhicules d'exploration, des engins insolites, invraisemblables qu'il est très dangereux de conduire pour le commun des mortels:

"...Laissez moi vous présenter Bucéphale IV, mon destrier de métal. A la fois forteresse imprenable et labo de recherche avant gardiste ce petit bijou technologique est un véhicule sophistiqué et efficace, aussi à l'aise sur terrain escarpé que dans les pires marécages.Jouissant d'un équilibre parfait entre blindage et vélocité, truffé d'instruments sifflants et bourdonnants - dont je ne connais pas la moitié des fonctions - Bucéphale IV est propulsé par une chaudière pressurisée de grande taille et commandé par un complexe système de levier, le manoeuvrer est d'ailleurs une tache bien ardue. Le coût de cette machine extraordinaire? Oh le Petit Peuple a dépensé sans compter.

Je possède le modèle le plus récent, ces prédécesseurs ayant eu quelques petits problèmes...En effet le premier a malencontreusement explosé lors de sa mise en service, pulvérisant la moitié de l'atelier de construction, le second a dégringolé une pente escarpée pour tomber dans un précipice sur les versants orientaux des Carpates. Quand au dernier, il a subit l'ire de Thor, revenu d'une partie de pêche infructueuse ,son marteau transformant Bucéphale III en épave fumante...un peu soupe au lait le dieu du tonnerre..."

"...L'aérocyclette est un moyen de locomotion écologique et un outil de proximité avec la nature quelque peu insolite des Terres d'Ailleurs. Bricolée en une nuit par le mécano Forge Magnanime, l'aérocyclette fonctionne à la Nocturnaline liquide et dispose des dernières trouvailles en matière de technomagie...De fait converser avec les dragons, nourrir les harpies ou prendre une tasse de thé sur la lune est pour moi un véritable jeu d'enfant...

Grâce à cette petite merveille, j'ai pu notamment suivre, il y a quelques années de cela, la migration des oiseaux de feu à travers la Russie, la Pologne et l'Ukraine. J'ai assisté à leurs premiers envols, aux difficultés d'un tel voyage...et observé la précarité de leur existence...Parés de plumes rougeoyantes et semblables à des soleils miniatures, ils furent pour moi des guides d'une inaltérable beauté...Je me souviens des cieux slaves et de leurs multiples dangers..."

"...La Sardine est mon sous marin de poche. A bord de ce poisson de métal, j'ai écumé les 7 mers...Nombreuses furent mes aventures au royaume de Poséidon...J'ai même visiter les ruines de l'Atlantide, gisant quelques parts dans les ténèbres. Autrefois belle et puissante, phare du monde, berceau des civilisations, une terre de légendes et de mythes à présent glacée et brisée par des millénaires d'oubli, coquille vide suspendue aux lèvres de l'océan...Les sorcières des mers tiennent leurs sabbats dans ses temples et des choses innommables rôdent dans ses avenues...mais ses cloches résonnent toujours...dong,dong,dong...elles disent,qu'à la fin des temps, " la Noyée " remontera à la surface juchée sur le serpent de l'Apocalypse afin de défier à nouveau la lumière du jour...La mélancolie m'étreint lorsque je repense à cette escale dans le monde du silence...Némo avait son Nautilus, moi j'ai ma bonne vieille Sardine...

J'eus, une autre fois, le désagréable privilège de visiter les entrailles d'un serpent de mer. Parti en plongée nocturne au large des côtes islandaise, je me fis happer aux premières lueurs de l'aube par un de ces monstres qui hantent les eaux du Nord. Après m'avoir mâchonné sans succès pendant plusieurs minutes et s'être brisé une ou deux dents sur mon scaphandre en écailles d'acier - loué soit l'habilité des fils d'Ivaldi - le bougre se décida à m'avaler tout rond. Oh,  je préfère taire les détails peu ragoûtants du voyage vers l'estomac de mon agresseur mais comme à quelque chose malheur est bon,  je pu constater, arrivé à destination, la présence d'épaves de navires des temps jadis, cadavres de bois naviguant sur un océan de sucs gastriques, dont l'illustre Hollandais Volant, je suis d'ailleurs l'une des rares personnes à connaitre la vérité sur sa fin tragique. Une véritable caverne d'Ali Baba qui se déployait à perte de vue devant moi. Evidemment, je pris durant mon bref séjour de nombreux clichés, certains des plus beaux de ma collection. Qui peut se vanter d'avoir photographié de l'intérieur la panse d'un serpent de mer?...Comment ai je échappé à cette étrange geôles dites vous? Mais par voie naturelle, voyons! Une expérience dont je garde de bien mauvais et malodorants souvenirs..."



"...La Coquille de noix est un bateau équipé d'une machine à vapeur qui le propulse par l'intermédiaire de roues à aube sur chaque flanc . Je m'affranchis ainsi complètement des hasards du vent. Mais en vérité, ce n'est pas le vent  qui pose vraiment problème. Papy Joster, qui est le Gremlins qui a supervisé la construction de la plupart de mes véhicules, m'a récemment fait un étrange rapport: " Oui, oui j'vous jure m'sieur Maitre Mérindol, votre rafiot, il est hanté. Ya un truc là d'dans et c'est un vicieux. Il s'amuse à arrêter les moteurs ou vider les réservoirs et puis plein d'autres trucs agaçants...et puis ça pu le poisson pourri et la vieille chaussure de troll dans la cabine...M'est avis qu'vous feriez mieux de faire ami-ami avec ce zèbre là, faites y preuve de qu'eques gentillesses, un p'tit verre de lait, une part de gâteau ou chais pas quoi...Sinon vous aurez des tas de problèmes...Quoique c'est??Ben un drôle de lutin pour sur..."

Ma Coquille de noix hantée? Ce passager clandestin serait il responsable de mes ennuis à Vienne?...

Cette fois là, je tentais un entretien avec le vampire de la ville, un ancien bedeau, maudit pour avoir organiser une partie de cartes avec les morts. Confortablement installés sur le pont du navire après avoir blablater sur l'augmentation exponentielle du prix du sang, nous nous apprêtions à commencer un poker lorsque la Coquille toute entière fut secouée; nous fûmes projetés comme des fétus de paille par-dessus bord . J'étais alors en train de boire la tasse quand, soudain, un cri le plus horrible que j'ai jamais entendu déchira la nuit...Je connaissais la puissance sonore d'une demi-douzaine de chimères rugissant en choeur; j'avais également gardé en mémoire le barrissement d'une femelle kraken devenue folle de douleur, ou encore les hurlements d'un loup-garou pris au piège et emplissant la nuit de ses cris d'agonie. Mais jamais je n'avais entendu et je souhaite ne jamais plus entendre un cri semblable à celui poussé ce soir là. Mon invité, trempé des canines aux pieds se transforma aussitôt en une chauve souris humide, disparaissant dans la nuit noire en jurant qu'il n'avait jamais été aussi humilié de sa non-vie tandis que je remontais difficilement sur la berge boueuse de la Vienne. La police gobeline (connu pour son incompétence) mena promptement l'enquête, sans résultats évidemment. Et voilà que le vieux Joster me mène sur les traces d'un lutin farceur...Affaire à suivre..."

Le carrefour des chimèresWhere stories live. Discover now