Chapitre 10

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La demeure familiale de Nolake, ainsi nommée en raison de sa proximité avec le lac No, dans la partie sud du Soudan, était une véritable prouesse architecturale. C'était comme si on avait reconstitué une partie de l'Angleterre en Afrique. La maison était de style colonial espagnol avec ses colonnes blanches, ses murs en briques et son toit en bois. Elle était très grande - environ 600 mètres carré - et le mobilier était style premier empire (tout comme à Hastings' castle). Mais, ce qui constituait le joyau de ce domaine était le parc luxuriant et verdoyant avec ses arbres européens et ses jardins à la française, il coutait une fortune à la famille - en eau surtout - . Autour, ce n'était que désolation et désert, aussi, Nolake était une véritable oasis, un petit poumon vert au milieu de ces paysages africains. C'était réellement une propriété très agréable et Arthur, même s'il ne raffolait pas de l'Afrique, se plaisait à Nolake. Il y faisait très chaud, et la ressente construction d'un bassin extérieur style romain lui permettait de se désaltérer et de se détendre. Connor n'était jamais allé en Afrique et cette demeure l'impressionnait grandement. A sa grande joie, sa chambre était conjointe à celle d'Arthur et leur relation pourra ainsi ne pas être excessivement altérée. Cependant, Arthur appris qu'en réalité, Nolake était devenue la propriété officielle d'Henry et son frère en était donc le maître de maison et se plier à ses règles ne serait pas une mince affaire. Pour l'instant, Henry ignorait son frère, mais cela restait provisoire.

Ce que préférait Arthur, c'était de passer des après-midi entières dans le parc en compagnie de Connor. Les discussions étaient souvent très animées, on parlait politique, projets futurs et autres confessions diverses. Ce jour là, un jour qu'Arthur ne serait pas près d'oublier, le lundi 7 novembre, soit deux jours après leur arrivée, il était assis sur banc devant le bassin avec Connor. Arthur avait une main glissée dans celle de l'irlandais, et la situation était si propice à la tendresse que le jeune aristocrate oublia sa pudeur et embrassa Connor. 

- Alors comme cela, mon frère est non seulement un diable de rouquin, mais aussi un pédéraste, prononça une voix haineuse.

Arthur et Connor se retournèrent vivement. Arthur se leva, rouge comme une pivoine. 

- Ce... ce n'est pas ce que tu crois, Henry.

- Oh, mais moi je ne crois rien, je vois. Je l'ai toujours su que tu étais un démon, un enfant du diable. On devrait de brûler ! La pendaison est trop douce ! Tu serras dénoncé et ramené à Londres, et crois moi, j'interviendrai auprès du roi pour que tu sois brûlé.

- Mais... je t'en supplie ! dit-il en commençant à sangloter, n'en dis rien, je ferais ce que tu voudras, pitié. 

- Tu es un faible efféminé, un sale pédéraste qui supplie, voilà ce que tu es. Je te dénoncerai et si tu t'avances à nouveau je te pourfends ! Quant à ta putain, dit-il en dessinant du menton, les yeux hirsutes, Connor qui, horrifié était resté assis, elle sera exterminé ici, ce soir ! Tu m'entends créature du diable ? Tu seras brûlé ici ! 

- Il n'en est pas question Henry ! Je t'en supplie, nous sommes frères ! Je t'en conjure, brûle moi, mais pas lui ! C'est moi qui l'ai séduit ! C'est à moi d'être puni ! 

- Puisque tu insistes, je serai clément envers ta traînée, elle sera fusillée. 

- Attend ! Henry ! Quand nous étions petits, nous étions vraiment frères, oublions nos différents, tu ne peux me faire mourir. Je suis ton frère

- Il suffit. Gardes ! 

Connor se leva et avança en direction de Henry qui recula instinctivement en dégainant son sabre.

- Gardes ! A moi ! Gardes !

Connor ferma ses poings et ses yeux étaient voilés d'un sentiment de profonde colère, le sabre n'eu qu'un effet dopant son énergie. Ses muscles se tendirent et il arriva devant Henry qui tenta de poignarder son adversaire. Il attrapa au vol son poignet qu'il tourna en le brisant. Henry hurla en s'écroulant sur le sol. Connor ramasse son sabre et menaçait Henry qui cherchait  à s'enfoncer dans le sol. 

- Gardes !!

Cinq tuniques rouges arrivèrent fusil à la main et mirent en joue Connor qui ne semblait s'intéresser qu'à Henry qui tenait son poignet cassé.

- Lache ton arme ! cria le chef de la patrouille, un sergent, qui souffla dans un sifflet en fer pour appeler des renforts. 

Arthur qui était agenouillé se releva, tandis qu'une vingtaine de soldats arrivaient, suivis par ses parents, sa soeur, la femme de Henry et quelques nègres, curieux. La situation était vraiment étrange, aucun des Hastings ne savait ce qu'il s'était passé. Arthur s'adressa à son père :

- Père, je vous en supplie, faites que l'on ne tue pas Connor ! 

Il sanglotait et Connor tenait toujours en respect le Lieutenant-Général qui haletait. 

- Mais que se passe-t-il ? Connor, pourquoi menacez vous mon fils ?

- Père ! Henry a menacé de me faire brûler vif ! Et il voulait faire fusiller Connor !

- Je... quoi ?! Henry ! Explique toi ! 

- Père, j'ai surpris Arthur embrasser cette... créature.

George regarda Arthur, totalement interloqué. 

- Est-ce vrai ?

Arthur acquiesça. 

- Henry, il ne méritait pas d'être brulé ! Nous nous devons de le guérir ! Pas de le tuer ! Et nous limogerons Connor s'il le faut. Mais le tuer ! Aurais-tu perdu la tête ?! 

Henry prit la parole en regardant le sergent.

- Sergent, ici, c'est moi qui décide. Tuez cette sale bête et arrêtez mon frère ! 

Le sergent acquiesça gravement.

- A mon commandement ! Connor, lâchez votre arme, ou mourrez.

- Je vous interdis de lui tirer dessus, sergent !  lui cria le comte, je peux vous  dire que je suis gouverneur adjoint de toutes les colonies d'Afrique et que si une seule balle atteint ce garçon, vous serez pendu ! 

Le militaire ne savait plus quoi faire, les soldats avaient tous leur fusil pointé sur Connor. Arthur s'avança pour aller se mettre à côté de Connor. 

- Si vous tirez sur Connor, vous me tirez aussi dessus. 

- Non ! cria sa mère, ne touchez pas à mon bébé ! Arthur ! va-t-en ! 

- Je ne partirai pas tant que j'aurai pas certitude que Connor et moi repartirons libres. 

Mathew, le majordome de Nolake arriva de manière inopinée, suivi d'un amiral de la Royal Navy et d'un général d'infanterie. L'amiral glissa un mot dans l'oreille du comte qui ne cacha pas sa surprise en mettant ses deux mains sur sa bouche. Margaret intervint :

- Eh bien quoi ? Qu'en est-il, George ?

- Le roi est mort.

- Oh mon Dieu ! Qui lui succède ?

- Victoria, qui abdique en faveur de son futur époux, Arthur, ici présent, dit-il les yeux perdus dans le vide.

Arthur Hastings tome 1Where stories live. Discover now