Chapitre 3 : "Le début de la fin".

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Je m'éveillai tôt le lendemain, et à ma grande surprise, un chocolat chaud m'attendait, posé sur la table, juste devant moi. La femme qui m'avait servi la veille était affairée dans l'arrière-salle, je pouvais entendre ses pas distinctement, qui faisaient des allers-retours.

J'avais du mal à sortir complètement de la torpeur du sommeil, les membres tous courbaturés, et je ne cessai de bâiller. J'observais une seconde la tasse fumante qui se trouvait là, quand la serveuse ouvrit la porte à la volée, me tirant de mes pensées.

Elle portait un grand plateau où s'empilaient des dizaines de verres, qui s'entrechoquaient à chaque petite secousse. Elle manqua de le faire tomber, mais le rattrapa de justesse, avant de le poser sur le comptoir.
Comme je la fixais inconsciemment, elle m'aperçut, se dirigeant alors vers moi.

« Bonjour jeune fille ! Je suis bien désolée du confort qu'a pu t'apporter cette banquette... Mais je t'ai fait du chocolat chaud, c'est offert ! Dit-elle en désignant la tasse, que je n'avais pas encore touchée.

– Merci... Soufflai-je.

Elle souriait à pleines dents, et le silence commençait à s'installer, elle enchaîna.

– Quel âge tu as ? Tu ne devrais pas dormir dans de tels endroits, tu sais... Pourquoi ne rentres-tu pas chez toi ? Tu es du quartier ? Je ne me rappelle pas t'avoir déjà vu auparavant...

– Assez ! Trop de questions ! Grognai-je, coupant alors cours à son monologue. »

Et pourtant, elle souriait encore.

Comment pouvait-on sourire autant, et tout le temps ? Quelle horreur... Et puis je détestais qu'on me parle au réveil, elle me tapait vraiment sur les nerfs.

« Excuse-moi... Je retourne travailler... Si tu as besoin de quelque chose, appelle-moi, je verrais ce que je pourrais faire... »

Comme elle avait prononcé, presque chuchoté, ces mots, elle se leva, et toujours souriante, retourna s'atteler à sa tâche.





Pour moi, retour à la case départ. Je ne savais toujours pas où aller, je n'avais pas de travail, et ma maturité d'orpheline n'arrivait plus à compenser avec mon esprit d'enfant. Au bout de quelques heures de réflexion, j'optais pour la recherche d'un toit en priorité, puisque j'avais un peu d'argent de côté, le travail pouvait attendre encore un peu.

Après avoir demandé un exemplaire du journal quotidien à la serveuse, je retournai m'asseoir, et armée d'un stylo, j'entrepris d'entourer les annonces intéressantes.

En tout, j'avais relevé trois annonces pour des appartements, mais je n'avais de quoi régler qu'un mois de loyer, deux annonces pour des chambres chez l'habitant, mais le moins coûteux et le plus avantageux pour moi me semblait être l'hôtel. Une bannière publicitaire proposait des chambres entre 30$ et 40$ la nuit, petit déjeuner et repas du soir inclus, dans un petit hôtel de qualité à fortiori acceptable.

Le seul problème était que, sans parents, et sans papiers d'identité, louer une chambre seule m'était impossible...
Finalement, la serveuse allait pouvoir m'être utile. J'allais devoir me farcir son bla-bla inutile, mais je n'avais personne d'autre sous la main.

Comme je l'appelais, elle revint s'asseoir au même endroit que quelques heures plus tôt, le même sourire collé aux lèvres.

« J'ai besoin de vous, je ne peux pas trop vous en dire, mais vous aller pouvoir m'aider.
J'ai besoin que vous louiez une chambre d'hôtel pour moi. Il vous suffit de venir avec moi, et de prendre la chambre à votre nom, je m'occupe du reste. J'ai suffisamment d'argent pour payer, expliquai-je à la femme qui me fixait.

Son expression changea, passant d'un sourire à la surprise, puis à une moue dubitative.

– Je ne sais pas trop si je dois faire ça... Tu as peut-être fugué, et si tes parents te cherchent...

– Écoutez, ma mère m'a abandonné pendant ma petite enfance, et mon père est mort l'an dernier, personne ne me cherche ! Mais je n'ai pas de temps à perdre ! La coupai-je. »

Elle n'avait pas l'air convaincue, mais en me voyant rassembler mes affaires et me lever, elle décida finalement de m'aider. 





À la fin de son service, elle m'accompagna jusqu'à l'hôtel en question, et se présenta à l'accueil comme étant ma mère. On ne se ressemblait pas du tout, mais le réceptionniste indifférent enregistra le nom de la serveuse, et réserva une chambre pour 35$ la nuit, services compris comme le stipulait l'annonce.

Cela fait, je quittai le hall en direction de l'étage indiqué, le femme toujours sur mes talons. Nous marchions, en silence pour une fois, dans les couloirs, à la recherche de la chambre. Le sol était recouvert de moquette, et le papier peint qui couvrait les murs était lisse, sans tâche, l'endroit semblait propre, voire même accueillant. Les portes de chêne sombre s'alignaient, les chiffres se succédaient.

267... 268... Ah ! 276 !

Enfin.

Je remerciai la serveuse sur le pas de la porte, puis elle rebroussa chemin et s'en alla en me saluant de la main. J'entrai alors dans la chambre, petite mais correcte.

De la moquette beige sur le sol, et aux murs du papier jaune peint pâle. Un lit double visiblement propre, trônait au fond de la pièce, et un fauteuil était posé près d'une petite cheminée à gaz, à côté d'une table basse. Il y avait aussi une étagère contenant quelques livres, ce qui me fit plaisir, et un poste radio. Une porte menait à une salle de bain désuète, mais à la porcelaine incroyablement blanche. À l'intérieur, une douche, des toilettes, et un lavabo surmonté d'un miroir.

On pouvait dire que c'était de loin le meilleur endroit où j'avais pu séjourner depuis que j'avais quitté la maison de mon enfance. J'avais enfin trouver où loger, et avec mes économies, je pouvais rester presque vingts jours, ce qui me laissait un peu de temps pour trouver plus d'argent.

Je m'installai alors dans mon nouveau lit, manquant cruellement de repos, et je commençais à m'endormir quand une idée me traversa l'esprit. Je n'avais pas vraiment besoin de travailler pour gagner de l'argent finalement, il me suffisait d'aller le chercher chez ceux qui travaillent, justement.

Ce n'était peut-être pas l'idée du siècle, et ça n'allait pas forcément être chose facile, mais je devais tenter le tout pour le tout, pour réunir de quoi partir loin d'ici le plus rapidement possible. Et puis après avoir tué deux personnes, je n'étais plus à un délit près...





Les quelques jours qui suivirent furent donc consacrés aux divers préparatifs, à commencer par le repérage sur une carte, que j'avais achetée un peu plus tôt ; je m'étais également fourni quelques outils, un tournevis, une pince coupante, et quelques autres choses qui pouvaient s'avérer utiles.

Je passai un bon moment à grappiller des informations un peu partout, pour connaître un peu la ville et trouver le secteur idéal ; tout devait être organisé avec soin, pour ne pas avoir de mauvaise surprise et être prise au dépourvu le moment venu, d'autant plus que je n'avais encore jamais fais ce genre de choses, étant plus habituée à vouloir m'échapper plutôt qu'à vouloir entrer en général.

Enfin, le jour J, habillée tout de noir, une capuche sur la tête, et une lampe torche à la main, j'étais prête à passer à l'action. La nuit allait tomber d'un moment à l'autre.
Cachée dans les buissons touffus, j'attendais patiemment le bon moment, déterminée.





Lorsque tout fut calme, dissimulée par les ténèbres nocturnes, je quittai ma cachette et fonçai droit au but.

Psycøpath | [ÉDITÉ]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang