Domitille sentait un étrange malaise la saisir, sans parvenir à en identifier la cause. Toujours assise au bord de l'étang, Edmondine à ses côtés, elle serrait Le Kilt du Destin entre ses doigts et fixait la couverture d'un air absent.
Il s'agissait de l'un de ces dessins bourrés de couleurs pastels et de grands éphèbes aux abdominaux musclés. Le protagoniste masculin, dont le kilt si fameux avait donné son nom à l'ouvrage, tenait d'une main ferme le menton de sa dulcinée si fière dans sa belle robe en tartan. Le couple échangeait un regard de braise sous le soleil couchant. Lui, grand et musclé, un sourire arrogant vissé au visage ; elle, petite et fragile, mais l'air étonnamment endurant sous ses dessous délicats. Pour peu, Domitille aurait cru s'y reconnaître, avec Valmont. Les traits des personnages, idéalisés au possible, ne leur correspondaient pas, mais il y avait quelque chose dans l'attitude.
La jeune fille retourna le livre pour déchiffrer le quatrième de couverture, qui s'étalait au milieu des cœurs et des paillettes en arabesques compliquées.
« Dans les terres sauvages d'Écosse, la belle dame Ailein Mac Claondach découvre le cadavre d'un inconnu sur ses terres, assassiné avec la propre pelisse en peau de renard roux que la famille Mac Claondach se transmet de génération en génération. Quand le chef de clan, Bruce Mac Macarron vient enquêter, Ailein comprend vite qu'il la soupçonne du crime ; mais elle ressent également une incroyable attirance pour ce géant roux dont le kilt si bien coupé dévoile des poils de jambes bouclés et fournis. Pourra-t-elle y seulement y passer les doigts ? Le Destin unira-t-il Ailein et Bruce ou persistera-t-il dans sa volonté de les séparer, tel le kilt qui contient leur désir ? »
En feuilletant l'ouvrage, Domitille trouva un extrait qui laissait présager de la qualité de la prose de l'auteur :
« La lune scintillait de mille feux dans cette nuit odorante qui humait bon le marais et la grenouille écossaise. Ailein se tenait au bord de l'étan, ses grands et beaux yeux tristes plongée dans l'infinie munificence de la nuit noire. Elle s'était échappé du superbe bal telle une voleuse dans la pénombre car elle ressentait une profonde tristesse à nul autre pareil. Comment Bruce avait-il pu embrasser Vanessa ??? N'avait-il pas passé la soirée à faire valser Ailein dans ses beaux bras musclés ??? La belle dame Mac Claondach ne comprenait plus. La blessure de son cœur et de son amour infinie pour le géant au kilt étais telle qu'elle sentait une sourde douleur sourdre de chacuns de ses sentiments blessés. Le meurtre de l'inconnu sur ses terres et le fait qu'on puisse la croire coupable en devenait secondaires : seul comptait Bruce. Bruce... Oh Bruce !!!
Nonobstant, des pas se firent soudain entendre sur la verge de l'étan endormi où croassaient toujours les grenouilles, et Bruce fit son apparition de sa démarche de bad boy si terriblement séduisante. Il était si beau qu'Ailein se senti défaillir mais le géant roux la rattrapa dans ses bras puissant et la serra contre son corps musclé dont elle pouvait sentir chacun de ses muscles abdominaux.
– Je n'aime que vous, Ailein, et je n'aimerais jamais que vous !!! déclama-t-il.
Il l'embrassa avec fougue... Leurs lèvres se cherchèrent, se trouvèrent, se lièrent. »
Bruce et Ailein au bord de l'étang... Valmont et Domitille au bord de l'étang...
– Ah, c'est drôle, fit amèrement remarquer Domitille lorsqu'elle eut achevé sa lecture. L'histoire m'a presque l'air familière à présent... Une histoire d'amour, et une histoire de meurtre.
– Celle-là aussi se termine mal, avoua tristement Edmondine. Bruce est tué lors d'une chasse au renard et Ailein part le rejoindre dans la mort.
À côté d'elle, la petite blonde haussa les épaules.
– Notre histoire, à Valmont et moi, n'a pas eu le dénouement qu'elle méritait ; c'est vrai. Mais la mienne n'est pas terminée, et j'ai envie de croire qu'elle se finira bien.
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Le cadavre sexy du monsieur tout nu sur la peau d'ours dans la bibliothèque
Mystery / Thriller« Qu'est-ce qui avait bien pu lui prendre, à ce jeune homme de bonne composition, pour venir mourir sur la somptueuse peau d'ours polaire de la bibliothèque ? » Au pensionnat de Touchet, une étrange apparition vient troubler la quiétude des demoisel...