Chapitre 16 : Gwydion

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-Qu'est-ce que tu fais là, traitre ? demanda Cernunnos, agressif. Tu es venu contempler les exploits de ton acolyte.

L'autre fit la moue, et me jeta un bref coup d'œil, si bref que je crus avoir rêvé.

-Moi aussi, je suis ravi de te revoir, Cern. Mille ans dans un collier, ce n'était pas trop long ?

Cernunnos fit un brusque mouvement en avant, mais il se retint d'agresser le nouveau venu. Je ne l'avais jamais vu dans un tel état, pas même face à Merlin. Si mes souvenirs étaient bons, Gwydion était le dieu qui s'était allié à Merlin contre tous les autres. Pas étonnant que Cernunnos ait envie de lui arracher la tête ! Malgré le léger sourire qui se peignait sur le visage du mage, ses yeux rouges laissaient paraitre une certaine sévérité.

-Calme-toi, mon ami, dit-il en ouvrant les bras. Je suis venu pour te proposer mon aide.

Cernunnos redressa la tête, comme un serpent prêt à mordre.

-Ton ami ? Tu es un traître, Gwydion, comment peux-tu croire que j'aie encore un semblant d'estime pour toi ? C'est par ta faute que Lug est mort !

Le dieu mage serra les dents et son regard se fit encore plus dur.

-Je suis au courant de mes erreurs, Cernunnos, et je n'ai pas besoin qu'on me les rappelle. Je n'ai pas choisi de vous trahir, et tu le sais. M'envoyer tuer Merlin est la première erreur de Lug. Celle qui l'a menée à sa perte.

Il fit une pause, laissant à Cernunnos le temps de digérer ses paroles.

-Tu as besoin de mon aide. Tu ne peux pas vaincre Merlin seul. Si les autres étaient ici, tu aurais peut-être une chance. Mais, comme toi, ils sont prisonniers de leur médaillon. Je suis le seul qui puisse t'apporter mon aide.

Cernunnos fronça les sourcils, méfiant. Du coin de l'œil, je pouvais voir Ninon qui m'interrogeait du regard. Je secouai la tête, pour lui faire comprendre que je ne savais pas plus qu'elle ce qui était en train de se passer.

-Pourquoi devrai-je accepter ? demanda le dieu cerf d'une voix rauque.

Pendant un bref instant, le regard de Gwydion se fit triste.

-Je veux venger Lug, Cern. Il était aussi mon roi, et comme toi, je l'aimais.

Je ne compris pas immédiatement ce qui s'était passé. Un éclat de lumière blanche, un hurlement de rage et le son cristallin des épées qui s'entrechoquent. Cernunnos avait bondit sur Gwydion, une lame blanche sortie de nulle part au poing. Gwydion n'avait pas bougé d'un centimètre, et avait dégainé une longue épée à la lame rouge incrustée de runes noires. L'éclat des bois de Cernunnos n'avait jamais été aussi intense, pas même lors de notre combat contre les sirènes, baignant sa tête de soleil.

-Tu mens ! hurla-t-il, hors de lui. C'est par ta faute qu'l est mort, uniquement ta faute ! Tu es complice de son meurtre, comment peux-tu dire que tu l'aimais ? Tu n'es qu'un traitre, tu l'as toujours été.

-Je ne nie pas ce que j'ai fait, Cern, répliqua le dieu, dont le médaillon sur son torse vibrait. Je veux justement rattraper mes erreurs. Je veux me racheter. Tu dois me croire.

D'un mouvement du bras, il écarta le dieu cerf, qui chargea immédiatement. Encore une fois, le métal rencontra le métal.

-Enfoiré, tu crois que je vais te croire après tous tes mensonges ? Si tu disais vrai, tu aurais empêché Merlin de massacrer ces gens ! Mais qu'as-tu fait ? Rien ! Tu n'as rien fait, Gwydion. Tu l'as laissé faire, comme toujours.

-Je ne pouvais pas ! s'emporta le dieu mage, ses yeux rouges pétillants de fureur. Seul, je ne peux rien contre lui ! Il est bien trop puissant, tu le sais.

Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt