Chapitre 10

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Cette valise était décidément trop petite.

Si le jeune homme décidait de privilégier sa seconde paires de converses, la place restante ne permettait pas de caser ses trois         T-shirts fétiches, mais si il voulait à tout prix les emporter, il devrait abandonner son pull porte bonheur.
Matt avait la soudaine impression que sa vie se jouait à cet instant même devant ce choix cornélien.

-Comment veux tu faire rentrer tout ces vêtements là dedans ? Il y en a beaucoup trop, ricana une voix dernière Matt.

Matt leva les yeux au ciel et se tourna vers sa tante, qui l'observait depuis le pas de la porte.

Béatrice Salem avait du mal à se retenir de pouffer.
Bientôt quinquagénaire malgré elle, la femme était vêtue d'un jogging et d'un sweat gris, et cette tenue n'était clairement pas destinée au footing du
samedi matin. Béatrice, comme une enfant, avait tirée sa couette jusque dans la chambre de son neveu et de sa nièce, tentant de garder la chaleur sur ses épaules. Emmitouflée dans son édredon, ses yeux riaient en observant Matt se battre avec sa valise.

- Et si tu retirais ce pull et ce    blouson ? Tu en a déjà pris six  autres, lui conseilla t'elle.
- Mais je comptais les mettre !
- Tu ne pars que quinze jours... Mais qui a bien pu dire que les filles mettaient trop de choses dans leur valise ? Voyons, Matt, tu es pire qu'une demoiselle !

                         • • •

Béatrice embrassa son neveu sur le front.
Les cheveux ébouriffés de celui ci dépassaient de son bonnet qu'il venait d'enfoncer sur sa tête.

- Quand elle se réveillera, prévient moi aussitôt, d'accord ?
- Matt, si elle se réveille, je...
- Pas si elle se réveille. Je sais qu'elle se réveillera. Et quand elle se réveillera, préviens moi aussitôt d'accord ?
- D'accord.
- Prends soin de toi. Prends soin d'elle. Je ne pars que deux semaines.

La tante pouffa.

- Matt ! Je me suis débrouillée seule pendant 20 ans, je pense pouvoir survivre à l'absence d'un ado pendant quinze jours !
- N'empêche. Fais attention à toi, marmonna l'ado en question.

Béatrice regarda le jeune homme sortir de la maison, puis du jardin, et lorsque il fut sur le trottoir, elle le salua d'un signe de main.

- À dans deux semaines, mon bien-aimé.

Matt lui lança un regard faussement exaspéré.

- Pas en public, Béatrice !

Puis il lui sourit et grimpa dans le bus.

                          • • •

Alyss s'était murée dans le silence, ce qui étonnait beaucoup Jack.
La jeune fille avait laissé sa place à Matt et était partie s'assoir quelques places plus loin des qu'elle l'avait vu rentrer dans le bus.

Le garçon brun leva les yeux de ses cartes.

Pour faire passer les longues heures de car plus vite, Jack avait décider d'emmener avec lui tous ses jeux de société. Jouer aux petits chevaux dans un car étant compliqué, les garçons s'était rabattu sur un menteur.

[Le principe est simple. Les joueurs pose chacun leur tour une carte face cachée et disant à voix haute ce qu'ils posent. Ils doivent poser les cartes dans l'ordre, de l'As au Roi. Si un joueur à un doute sur ce que son adversaire vient de jouer, il peut lui dire "menteur" et a alors le droit de retourner la dernière carte posée. Si la carte n'est pas est ce qu'il prétendait être, alors l'accusé doit récupérer tout le tas. Dans le cas inverse, c'est la personne ayant porté l'accusation qui récupère la pile de carte. Le premier joueur n'ayant plus de carte a gagné.]

Matt SalemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant