Les Porteurs d'Hesperūs

24- Catacombes

Pdv Issélia:

_ Debout la Marmotte Éternelle ! me hurlait mon amie.

Je grommelai quelques sympathiques insultes que je laissai retomber aux tréfonds de ma gorge.

Je repensai aux paroles de Marc d'hier. Aller sur Hespérūs ? Quitter la Terre ? Était-ce bien ce que je voulais ? Je me vêtis d'un débardeur proche du corps bleu ciel et d'un pantalon blanc en lin. Je soupirai. Je ne voulais pas de nouveau partir sans laisser de traces. Mes nouveaux amis étaient devenus plus proches au fil du temps à New-York et je ne voulais pas les laisser sans nouvelle.

"Nous partirons après les examens"

À moins que ... ce soit pendant les vacances d'été ! Je me retenais de glousser. Si tout se passait conformément à mes plans, mon séjour à Hespérūs revètrait les allures d'un voyage à l'étranger.

Plus qu'un mois et demi. Espérons que mon père ne controverserait pas cette grande initiative de Marc.

Avec tout cela, j'en avais presqu'oublié que ce cher Sylvain - à qui j'avais délivré mon secret malgré les protestations de Marc et mon père - restait dans un mutisme total et refusait toujours autant de m'adresser la parole. Génial ! On s'attend à subir de la compassion de la part de son ami et on obtient une carpe.

En n'écoutant que d'une oreille le récit du rêve que me contait passionnément Claire, je balayai du regard la salle commune de l'hôtel.

Il n'est pas là... Sylvain n'est pas là ... mon coeur se serra dans ma poîtrine. Pourquoi n'es-tu pas ce que j'attendais de toi ?

_ Tu viens Issi ? Ooh je crois qu'il ne reste qu'une table ... et oh ! C'est celle du monsieur BG (=Beau Gosse) ! Quel dommage, hein Issi ?! me chuchota mon amie.

_ Mmmh oui, vraiment, pouffai-je devant l'air taquin qu'elle affichait.

Naturellement, elle n'était pas au courant pour Valentin et moi. Qu'il était devenu mon Garde du Corps assigné par Marc ! Même si depuis hier soir, il s'avérait être une véritable sangsue. Une sangsue pas très bavarde tout de même.

_ Bien dormi ? lança Claire à l'intention de Valentin avec son plus beau sourire.

_ Oui, moi c'est Valentin, répondit sèchement l'intéressé.

Claire me regarda en me dévisageant. J'avalai de travers la brioche que je venais d'entamer.

_ Euh ... Valentin ? Voici Claire. Claire, je te présente Valentin.

Les joues de mon amie se colorèrent de pourpre et elle m'adressa un bref sourire. Je continuai donc à observer la salle pendant un moment.
Puis, il entra. Mon coeur rata un battement.
Sylvain, l'air barbouillé, était encore plus beau aux lueurs matinales. Je soupirai. Il me manquait et qu'importait le fait que je lui avais dévoilé mon secret. Sa présence me manquait. J'avais eu le temps de le connaître depuis janvier et il devenait à mes yeux bien plus qu'un ami.

Ses pupilles semblèrent rechercher quelque chose, glissèrent sur ma table, puis repartirent vers une chaise vide à une table d'à côté.

Il m'a vu ! pensai-je. Pourquoi ne vient-il pas ?

Je le suppliai intérieurement de se joindre à nous. De changer d'avis et de me pardonner. Le soir où je lui avais tout raconté, il y avait eu l'attaque de Claire (qu'elle a ensuite prise pour un rêve) puis la lumière de mes mains et enfin, l'aide d'un parfait inconnu (finalement Valentin). J'étais comme lui, seule avec un lourd secret et des tas de questions.