Les trois sangs (BxB)

3 - Naissance au monde de la nuit

Brusquement, la lumière revint. Quelqu'un ouvrit la porte métallique et tira sur la civière. Il le reconnut. C'était bien lui, l'homme de la veille. Il était tout de blanc vêtu. Il le posa délicatement sur une civière avec un étonnante facilité et tous deux sortirent de la pièce. Ils gagnèrent ensuite une ambulance qui attendait dehors.

Là, en un éclair, le ravisseur retira son déguisement et fit glisser sa blouse blanche. Puis, après avoir mordu son bras, il fit couler son sang sur la bouche violette de Julian. Le fluide brûlant coula dans la gorge de ce dernier et le fit suffoquer. Il revint brusquement à lui.

            « Bienvenu du côté obscur mon petit ange... » lui murmura-t-il en le fixant d'un air énamouré.

            « Que... Que s'est-il passé ? » bredouilla le ressuscité.

            « Tu es décédé... puis revenu d'entre les morts...et maintenant, nous sommes ensemble pour l'éternité mon bel enfant...»

           « Je suis mort ? Putain, mais, qu'est-ce que vous m'avez fait ? » Hurla-t-il en tentant de se relever.

           « Je t'ai fait naître une seconde fois... » lui rétorqua-il d'une voix étrangement douce qui contrastait avec la force dont il usa pour le repousser sur sa civière.

          « Naître ? » s'étonna Julian totalement perdu.

          « Oui, tu es mon enfant....et un bébé plutôt affamé...si j'en crois ton visage... » il avait froncé son visage juvénile en fixant avec inquiétude les yeux du jeune revenant.

Tout à coup, le jeune homme se tordit de douleur.

           « ...et nous allons remédier à cela dans un instant mon tout beau... » le rassura-t-il.

Julian reconnut bientôt la demeure baroque de son amant de la veille. Ce dernier le porta de nouveau sans peine dans ses bras. Passé le seuil, ils descendirent rapidement dans une sorte de cave en pierre de taille à peine éclairée de néons blafards.

Là, alors que Julian était proche de s'évanouir, son ravisseur l'approcha d'une silhouette attachée au plafond par de lourdes chaînes. Puis, il poussa la tête du jeune homme vers ce qui s'avéra être le cou d'un homme qui se débattait faiblement.

Le « nouveau-né » ne comprenait rien à la situation, sinon d'être pris d'une violente soif qui le poussait d'une façon incontrôlable vers les veines saillantes du prisonnier. Il sauta brusquement à la gorge de ce dernier et aspira tout son sang. Les flots abondants de fluide vital coulaient dans sa gorge et circulaient dans tout son corps. Un bien être immédiat s'en suivit.

Peu avant que le cœur de l'homme ne cesse de battre, son nouveau « père » le tira fermement vers l'arrière.

              « Doucement, petit vorace ! Il ne faut jamais boire jusqu'à la dernière goutte. Cela te serait fatal... Mais, tu apprendras à te contrôler... ».

Puis, soudain revenu à lui et réalisant l'horreur de la situation, Julian hurla la bouche encore rouge de sang : « Mon dieu...qu'est-ce que vous m'avez fait ? ».

            « Laisse là Dieu mon ami, il n'a rien à voir la dedans ! » lui lança son ravisseur de sa voix puissante.

            « Mais le diable ? oui...vous...vous êtes Satan ! » cria le jeune homme les yeux révulsés.

            « Satan ? » son rire résonna dans la cave. « Non...Je me nomme Arthur Galbraith...Vampire de son état... » Se présenta-t-il avec un brin de malice dans la voix.

           « Un vampire ? C'est du délire. Dites-moi que je suis défoncé...que c'est un cauchemar dont je vais me réveiller ! » Julian tenta de se débattre se sentant sombrer dans la folie.

           « Il ne s'agit pas d'un rêve, les vampires ne rêvent pas. Nous ne dormons pas non plus. Pas plus dans des cercueils que dans des lits d'ailleurs...même si j'adore les lits...mais, pour y faire bien d'autres choses... » le fixa-t-il d'un air coquin. Puis, il le tira brusquement par le bras avant de le faire entrer dans une seconde pièce petite et sombre dont il repoussa la lourde porte.

           « Arrêtez ça ! Laissez-moi partir...je veux sortir... » Cria-t-il en frappant violemment sur la l'épaisse porte blindée.

           « Oh que non...mon bébé...tu ne sortiras que lorsque tu seras prêt. Je reviendrai te nourrir plus tard...à tout à l'heure mon petit cœur ... ».

Après avoir frappé la porte pendant de longues heures, le nouveau né vampire s'effondra lourdement sur le sol nu et froid sous le coup de la douleur qui l'étreignait de nouveau. Son corps le faisait terriblement souffrir. Il hurla autant par le mal que par le souvenir de l'horrible boucherie à laquelle il avait participé. Il hurlait aussi à l'idée d'être devenu un être immonde, un buveur de sang, un monstre...

Comment cela avait-il pu se produire ? Il sentit soudain de nouveau une brûlure à son poignet et vit briller le bracelet d'or. Avec une force incroyable, il le retira violemment laissant apparaître deux marques roses qui disparurent à vue d'œil.

Il comprit à ce moment-là, les origines de sa situation.