Mourante et sans regret

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Son regard blasé se pose sur les autres personnes de la salle d'attente. Elle soupire et s'assoie sur la dernière chaise.
Le médecin la connaît bien maintenant. Il faut dire qu'elle vient toutes les semaines, pour rien d'ailleurs, étant donné qu'elle refuse de suivre ses conseils.
Elle vient pour se rassurer, pour se dire qu'elle n'a rien de grave, et qu'aller voir le médecin de son immeuble suffit.
Elle ne veut pas aller à l'hôpital. Sa mère y est morte, et elle a peur.
Elle ne prend pas les choses comme une fatalité, mais il ne lui reste seulement que quelques mois à vivre.
Sa maladie a été déclarée trop tard.
Elle ne veut pas finir sa vie à souffrir sous des traitements qui ne changent rien. Alors, toutes les semaines, elle va chez le médecin se faire prescrire des calmants pour quand la douleur et la tristesse sont insupportables.
Il y a peu de choses, peu de gens qui vont lui manquer. Et il y en a peu qui souffriront de sa mort. Elle n'est pas amoureuse, a peu d'amis, peu de famille. Enfant unique, ses parents sont déjà partis, et le reste des liens familiaux sont très fragiles.
Ses cheveux ternes, ses yeux délavés, sa manie de parler avec une honnêteté dénuée de toute diplomatie lui ont évité des "amitiés inutiles".
Elle n'est pas seule pour autant. Mais quand on va bientôt mourir, on préfère ne pas s'attacher à la vie, de peur de regretter.

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