VIII

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Une voix me réveilla. J'étais allongé dans une pleine d'herbe verte. Au pied d'un chêne mille fois centenaire. Sur une branche basse une colombe me regarde de ses yeux d'or.

- Reviens à la nature, reviens à la nature, reviens à la nature...

- N'es-tu pas un oiseau ? Comment se fait-il que tu parles ?

- Nous ne sommes pas un.
  Nous sommes tous.
  Nous sommes l'inséparable.

- Qui t'habite colombe ?

- Nous ne sommes pas colombe. Nous sommes esprits, reprirent les voix fantomatiques.
Nous habitons cet arbre. L'arbre de l'enseignement des    générations. Nous sommes les esprits du monde, ceux qui hantent les forêts, ceux qui rendent la terre propice, ceux qui donnent le sang de notre mère pour enherber les champs.

- Que voulez-vous de moi ? Pourquoi m'avoir fait venir ?

- Tu es une des seules personnes qui comprennent notre existence. Tu fais parti des seules qui nous respectent et qui nous écoutent. Tu as le droit de nous voir de plus près et de nous parler. Nous te remercions pour le bien qui nous est fait par ton intervention. C'est un grand privilège, ne nous oublie pas.

Et dans un battement d'ailes, elle s'envola. Et alors qu'elle montait aux cieux, son image se multiplia de sorte qu'il me sembla apercevoir les esprits qui la formaient.

- Il ne te reste plus qu'un cadeau à recevoir mon frère.

Le lion d'or était apparu pendant que je regardai le ciel. Il s'approchait de moi de sa démarche féline. Je remarquai le changement de lieu. La savane, le baobab géant et l'oasis m'entouraient.

- Il fut un temps où l'esprit de l'homme partageait celui de l'animal. Chacun était lié à l'autre. Mais depuis que l'humanité s'est affranchie des codes naturels, elle s'est repliée sur elle-même telle la fleur quand la nuit vient.
Ton coeur est illuminé par les Lois et ton esprit pur de tout vice. C'est pourquoi il t'est si facile de prendre contact avec la Nature. Ainsi Elle te donne en échange le don de la comprendre.
Je te le donne de sa main. Reçoit le et consume-toi en lui.

Il rugit vers le soleil puis baissa la tête. Un étrange frisson me parcourut; une explosion de saveurs nouvelles entra en moi et faillit me faire mourir de bonheur.
Je sentais la vie qui m'entourait, je sentais le moindre signe naturel. Chaque être vivant me remplissait de joie.

La vision se ternie, la savane disparut, le baobab s'effaça. J'étais plongé dans les tréfonds de mon esprit. Seul subsistait les sensations de mon don. J'eu encore la conscience d'une voix me murmurant: "Viens me chercher, viens me chercher"

- Où te trouver ? Le monde est si grand !

"Suis ton instinct, suis le lion qui s'est réveillé en toi"

Mon esprit repris le dessus et j'émergeais dans mon camp.

Histoires InachevéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant