chapitre 6

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il était dix-huit heures et trente minutes. c'était l'heure à laquelle tous les patients de l'hôpital partaient dîner, et quelle honte j'avais de me tenir à leurs côtés, l'estomac et le cœur noués de chagrin.

si habituellement chez mes parents je n'avais pas faim, alors ici c'était bien pire. plus rien ne me faisait envie désormais, et la seule chose que je ressentais, c'était ma désespérée solitude.

dans les couloirs, une aide-soignante m'a indiqué où était la cantine. manger n'était devenu qu'un stupide prétexte pour gober ces foutus médicaments, après tout.

la cantine était plutôt chaleureuse, je devais l'avouer. la pièce était spacieuse, une bonne odeur de nourriture était présente et venait réchauffer les âmes meurtries. des couleurs sur les murs et surtout, les vibrations musicales de la radio qui enveloppaient doucement nos oreilles.

ayant enfin trouvé ma place, je m'asseyais à côté d'une vieille dame. elle avait déjà commencé à entamer sa pile de médicaments, et comme pour suivre son exemple, j'effectuais les mêmes actions. évidemment, mon regard ne manquait jamais de se perdre autour de moi; je jaugeais, jugeais, craignais absolument tous les êtres qui m'entouraient. c'était tellement angoissant de se retrouver ici, avec ces gens que je ne connaissais pas et que je n'avais pas envie de connaître.

mais je fus brutalement coupé dans mes pensées par le bruit strident de la chaise qui me faisait face. une main la cramponnait, et je reconnus bien vite l'auteur de ce vacarme. déjà, il semblait bien évident qu'une personne ayant de si belles mains devait être elle-même aussi belle qu'elles. ensuite, je n'avais pas oublié le sweat à capuche qui, plus tôt dans la journée, avait servi à dissimuler la moitié de sa tête. puis il y eut ses cheveux dorés, un peu ébouriffés, désordonnés, qui virent après contraster avec les premiers traits de son visage. mais ce n'était pas un contraste choquant, et à vrai dire, à force de le regarder, je commençais à me demander s'il y avait vraiment un contraste ? je me demandais justement si ses cheveux décoiffés tombant sur son visage si parfait n'étaient que l'équilibre de sa beauté, sa continuité.

quelle fut ma déception lorsque je fus confronté à son mutisme le plus total : aucune parole n'avait été échangée durant tout le repas, je n'entendais que le brouhaha des autres patients autour de moi, les couverts hurlant contre les assiettes. des conversations parfois sans queue ni tête, des bribes de paroles inintéressantes, il y a eu quelques rayons de soleil aujourd'hui ! ah oui ? le temps était doux ! on a oublié de changer mes draps ce matin, mais je ne dis rien ! est-ce que j'ai déjà pris ce cachet ? je ne sais plus ! oh tant pis je vais en reprendre un deuxième, on ne sait jamais !

"tu t'appelles comment ?" j'osais enfin dire, et par ailleurs, je vis même la bonne femme à côté de moi me regarder d'un air crédule. je me serais senti gêné si elle m'avait répondu, car la seule personne qui m'intéressait un minimum en cet endroit, c'était bien la créature qui me faisait face et me surplombait de sa beauté.

je ne savais pas s'il m'avait entendu : ses cheveux blonds balayaient son regard et il m'était donc difficile de décerner ses réactions. mais à ma plus grande surprise, il me répondit tout bas :

"baekhyun"

il émanait de lui un mystère incomparable, incompréhensible, à rendre fous tous ceux qui s'y risquaient.

"tu es ici depuis longtemps ?"

un moment de silence sépara ma question de sa réponse, puis entre temps, il planta ses belles iris dans les mienne :

"depuis toujours"

mon cœur se noua. c'était quoi cette réponse ? j'avalais difficilement les dernières cuillères de mon dessert. sa réponse me torturait les méninges, m'effrayait presque. cependant, juste après avoir partagé cet aveu au goût d'amertume, son regard s'était adouci, et il en valait de même pour les autres doux traits de son visage angélique.

"sans vouloir être indiscret... pourquoi es-tu ici ? je te trouve différent des autres" osais-je échapper de ma bouche. j'avais vraiment envie de le connaître un peu plus. j'avais besoin de m'accrocher à quelque chose, parce que jusqu'à maintenant, je n'avais fait que de sombrer dans le néant.

sa réaction me glaça le sang, fit frissonner ma peau pâle. ses yeux s'étaient plantés dans le plus profond des miens, sa tête légèrement inclinée sur le côté. et pour clôturer le tout, un horrible sourire.

sous la table, mes mains serrèrent mon jean, et mes ongles se plantèrent entre les coutures de ce dernier.

"je te retourne la question, park chanyeol. pourquoi es-tu ici ?"

son aura était si terrifiante, et même si sa beauté m'avait auparavant foudroyée comme jamais, elle m'était devenue bien plus abominable maintenant.

et je crois bien que ce qui était le plus terrifiant dans tout ça, c'était que je ne lui avais pas encore dit mon nom.



qui diable était-il ?



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(je suis trop trop désolée, ça fait 4 mois que j'ai pas update, mais avec le bac, les coup de blues de la vie d'une ado et tout tu vois, j'ai vraiment pas le courage, mais bon je vais essayer de faire des efforts promis !! merci encore pour tout bisouuus love)

ASYLUM (baekyeol) - en réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant