3 ~ Guerre de sociétés

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C'est le mardi suivant que Georges met sa menace a exécution.

Je suis dans la cour avec Penny, lorsque cette dernière reçoit un oeuf sur la tête.

Penny va au centre, comme moi. Je crois qu'elle est bipolaire ou quelque chose comme ça mais à vrai dire, nous n'en avons jamais réellement discuté. On se voit de temps en temps là bas, mais pas souvent. L'après-midi, elle vient au lycée et c'est là qu'on reste ensemble. Je lui raconte des trucs inutiles et elle écoute sans parler. On ne discute pas des choses importantes,  mais au moins, on se sent moins seul, ce qui est plutôt cool, parce qu'elle a de super goûts.

Toujours est-il qu'elle se redresse, surprise et regarde autour d'elle. Je sais qu'elle va vouloir le faire payer à celui qui a fait ça. Elle est comme ça Penny, bagarreuse, et bipolaire. Il y a un petit groupe de dix personne derrière la grille du lycée. Ils rient et nous visent avec leurs projectiles.
Je reconnais tout de suite la voix du meneur. Il me fait un petit signe de la main en croisant mon regard, le même sourire aux lèvres que la dernière fois.

Autour de nous, les oeufs fusent. J'attrape Penny qui est sur le point de se jeter dans la bagarre pour la ramener à l'abri.

- Sa majesté la poule ne vient-elle pas de nous attaquer ? Viens, on va se venger.

Et elle me suit, soudain très excitée par la perspective de les anéantir.

On se dirige vers la cafétéria en suivant le flot d'élèves qui court se mettre à l'abri. Le chef m'aperçoit quand on rentre dans la cafète. Il me regarde d'un air étonné et me demande ce que nous faisons là.

Dans le couloir, Penny s'arrête et ouvre son sac en me faisant signe de regarder dedans. Je baisse les yeux pour apercevoir un pack de farine.

- Ça vient d'où, ça ?

Elle me fait un sourire en coin.

- Je l'ai piqué quand il avait le dos tourné.

Je lui jette un regard réprobateur qu'elle ignore royalement.

Nous sortons et allons rejoindre le groupe de secondes composé de cinq garçons et trois filles. Ils sont les seuls qui ne se sont pas retranchés à l'intérieur. Ils essaient d'éviter les jets qui se dirigent sur eux. Je reconnais une fille un peu rebelle, Katherine et son petit copain, Jesse. Ils sourient en nous voyant et Penny leur distribue des oeufs. Puis on avance et vers la grille sous les projectiles. A cinq mètre de celle-ci, je m'en suis pris au moins deux et mes cheveux dégoulinent. C'est plutôt une drôle de blague et c'est vraiment désagréable.

Subitement, j'entends Penny crier et l'interprète comme le signal. J'ouvre le pack de farine et me prends un oeuf dans l'oeil. Malgré tout, ils commencent à manquer de munitions. Je trébuche en ouvrant le paquet et, heureusement pour moi, une grosse quantité de poudre vole dans la direction des élèves de Hillburn. Je me retrouve par terre, avec rien de cassé, mise à part mon estime personnelle. Finalement, nous finissons tous par manquer de munitions. Les ennemis reculent lentement pour finalement repartir avec des cris et des rires.

Nous restons un instant puis Penny arrive en hurlant, comme shootée à l'adrénaline. Elle tape dans la main de tout le monde en disant qu'elle s'est éclatée, et que si c'était tous les jours comme ça,  les cours seraient beaucoup moins ennuyeux. Je suis d'accord avec elle, mais je n'ose pas le dire, parce que tout le monde a déjà oublié que j'existe et que je n'ai pas envie de subir tous ces regards sur moi. 

***

C'est plutôt une drôle de blague. J'ai l'impression de la voir partout. Sauf qu'Elle n'est nulle part. De dos, je crois l'apercevoir mais ce n'est pas Elle. Je me retourne sur toutes les filles dans la rue qui doivent vraiment me prendre pour un énorme pervers. Saviez vous que le cerveau continue d'envoyer des signaux électriques jusqu'à 37 heures après la mort ? Maintenant oui. Vous mourez moins bête. 

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