Chapitre 18:Recherche

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Kaythleen gara la voiture, les mains crispés sur le volant, le cœur au bord des lèvres en se remémorant le corps déchiqueté de sa meilleure amie sur le journal local. En lui ayant promis qu'elle trouverait son meurtrier, elle se ne doutait pas encore que le pire n'était qu'à venir.

-J'en reviens pas que Zeke t'aie embrassée, chantonna Ariane.

-Pourtant il va falloir t'y faire, répliqua Kaythleen plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu. Désolée, reprit-elle en croisant le regard effaré de son amie.

-Vous sortez ensemble?

-Non.

Son visage s'étira en une moue disgracieuse, déformant la beauté de son visage.

-Pourquoi? Une relation débute par un baiser. C'est un faux pas que tu fais, là et en bonne amie, je dois te remettre sur le bon chemin.

-Je ne veux pas sortir avec Zeke. D'ailleurs, je te l'ai dit pour que tu m'accompagnes et pas pour que tu me fasses la morale.

Ariane leva ses mains au ciel, capitulant.

-C'est bon, je laisse tomber le morceau. Et comment comptes-tu t'y prendre?

-Avec des talons hauts.

Brandissant une paire d'escarpins à haut talons devant le nez de son amie, elle ne put empêcher un sourire moqueur de s'étendre sur son visage.

-Ou as-tu dénicher cette magnifiques paires de talons hauts? Demanda-t-elle bouche bée devant la beauté des escarpins noir.

-Je préfère t'éviter les détails.

-D'accord, c'est préférable que ne me dises rien. Et sans tenue, tes talons te servent à quoi?

-Qui a dit, que je n'ai pas de jolie petite robe?

Empoignant une robe rouge sensuel s'accordant merveilleusement bien avec la pâleur de sa peau, elle sortit de la voiture et s'engouffra à l'arrière d'un buisson, pour en sortir quelques minutes et jurons plus tard. Secouant sa chevelure qui voletait dans le vent furieux d'octobre, elle interrogea son amie:

-Alors, de quoi j'ai l'air?

-D'une princesse gothique. Tu es superbe. Et cette robe moule tes formes. Succès garantis avec Zeke, ma belle.

Faisant glisser un doigt sous sa gorge en direction d'Ariane, celle-ci emprunta avec grâce l'escalier menant au café, mais Ariane n'avait pas tort, cette robe la moulait comme une seconde peau.

-Au fait, pourquoi est-ce qu'on est là?

-Pour interroger.

-Ca oui, mais pourquoi ici?

-L'article mentionnait que Pauline et son copain se donnait rendez-vous ici.

Le regard de son amie, ricocha contre le panneau du café.

-"Saut en Enfer?". Lut-elle sa voix montant de quelques octaves. Ils étaient en panne d'inspiration ou c'est vraiment le trou paumé du coin paumé?

-Ne me regarde pas comme ça, j'y peux strictement rien.

-Si ça (sa voix se fit dédaigneuse) c'était son habitude, on a l'air de quoi, nous dans ce décor?

-De parfaites inconnues venues rendre visites à de la famille à Portland. Et n'oublie-pas: nous sommes vulnérables, alors les regards meurtriers, on oublie.

-Ton commentaire s'adresse plus à toi. C'est toi, celle qui est la plus insaisissable entre nous deux. Regarde un peu le pauvre Zeke, tu l'as planté en plein couloir.

-Et j'avais de très bonnes raisons.

En ayant suffisamment entendu de critiques, elle pénétra dans le café. Aussitôt une douce brise effleura ses jambes nues, et l'odeur musqué de l'alcool s'imposa comme unique senteur à son odorat. Puis les relents des cigarettes s'ensuivirent. Son regard de biche terrifié effleura les alentours. Des gothiques amassés les uns sur les autres les contemplaient. Elle sentit Ariane agripper son bras. Au lieu de lui servir de soutien, Kaythleen s'avança, s'efforçant de contrôler son regard assassin.

Appuyant ses mains à plats ouverts, elle héla le serveur qui ne se gêna pas le moins du monde pour admirer ses jambes et ses cuisses que sa robe dévoilait un peu trop au goût de la jeune fille. Qu'avait-dit Ariane déjà? Ah oui, être maître de soi-même et surtout paraître vulnérable.

-Qu'est-ce que je vous sert? Dit-il en effleurant du regard le décolleté plongeant de son amie.

-Un café, rétorqua cette dernière.

-Un coca.

Leur décochant un sourire charmeur, qui révélait des dents jaunis et des trous à certains autres endroits dans sa bouche, il hurla leur commande à son collègue en train de faire la discussion à un groupe de groupie. Ces dernières, riant à pleine dent, se donnant un mal de chien à tirer son regard vers leurs jambes dénudées, gloussaient telles des poules dans un clapier. Kaythleen en eut froid dans le dos. Comment pouvait-on se baisser à ça?

-Tu commences par quoi? L'interrogea Ariane.

-J'en ai aucune idée. J'écouterai mon instinct.

-Super le plan.

Le serveur revint avec leurs commandes, le sourire aux lèvres.  

-Excusez-moi, s'interposa Kaythleen.

-Je peux vous aider?

Son haleine empestait l'alcool.

-Eh bien, mon amie Pauline qui est récemment décédée venait souvent vous ici, pas vrai?

-Je crois bien, une petite brune?

Elle acquiesça.

-Vous connaissez son petit-ami?

-Un blond à la peau bronzé avec un look de surfeur?

-Ouais.

-Ben ouais, je le connais.

Perplexe, Kaythleen coula un regard à Ariane.

-Comment s'appelait-il?

-Alex.

Alex. Alex? Ce nom ne lui disait rien.

-Il étudie bien à NightFall?

-Pour sûr. Il paraît même que c'est lui qui ait tué sa copine. Ce que je doute, Pauline avait trop une gueule d'ange pour qu'il la tue. Même si Alex ne semblait pas l'apprécier à certains moments. Il ne s'embrassait jamais. Mais pourquoi vous voulez savoir tout ça?

-On ne va pas vous embêter plus longtemps, répliqua Kaythleen.

Empoignant son amie par le bras, elle l'entraîna dehors, à sa suite. Lançant quelques pièces à la tête du serveur, elles s'éclipsèrent dans la nuit.

Elle regagnèrent la voiture dans le plus grand silence, les talons hauts de Kaythleen claquant sur le dallage pavé de la ville. Elles se glissèrent telles des ombres dans Portland, longeant les murs, se dissimulant dans des lieux étroits. Pendant ce temps, les pièces du puzzle tournèrent furieusement dans la tête de Kaythleen. Cette suite ne signifiait donc rien. Les pièces refusaient de s'emboîter dans son esprit. Il n'y avait aucune suite logique, seulement des éléments qui refusaient de s'aligner dans sa tête. D'ailleurs, elle n'avait croisé aucun garçon correspondant à cette description à NightFall tandis que le nom sonnait creux dans sa bouche.

Soudain, une idée s'immisça dans le puzzle incomplet.

Ce dénommé Alex devait être un imposteur et pour une raison ou une autre, il s'était rapproché de Pauline pour la tuer. C'était la seule raison qui coïncidait avec les autres événements. Il ne restait donc plus qu'à découvrir, pourquoi Alex avait enlevé la vie de Pauline.

A la tombée de la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant