Les Extraordinaires Aventures d'Etarip et Plouff

Chapitre Premier

Mafalda Plouff, l'intrépide capitaine du Calmar Cancéreux, tout juste revenue de sa dernière épopée sur une île déserte du Pacifique, était prise d'un si grand sentiment d'euphorie qu'il était difficile pour elle de se contrôler. Elle était RICHE!!!!! Il y a à peine deux semaines, après un combat acharné, elle avait achevé le monstre qui habitait l'île et trouvé le trésor légendaire que tant d'explorateurs ont cherché en vain. Elle a pu rapporter la peau du monstre, qui, à son grand étonnement, avait des pouvoirs magiques et a pu réparer son bateau, malheureusement réduit en grosses pièces. Avec le tas de pierres précieuses, de bijoux et de barres d'or qu'elle a déniché, elle a pu s'acheter un manoir grandiose près de l'eau, surnommé le Manoir Plouff. Toutes les portes étaient en or, et celle de sa chambre dessinait un arc-en-ciel metallique incrusté de joyaux scintillants. La porte d'entrée comportait un heurtoir de porte en rubis, et une grande piscine à l'eau rose parfumée à la gomme balloune se trouvait dans la cour arrière. Capitaine Plouff avait aussi adopté un perroquet bleu vif, qu'elle avait baptisé Barnabé-Gustave-Percéval (BGP pour les intimes), sans compter une horde d'amis Facebook à la suite des selfies avec lui qu'elle avait publiés en ligne. La belle vie, quoi! Elle revenait justement de l'animalerie, BGP perché sur son épaule, une cage d'oiseau en argent à la main, quand son téléphone sonna. C'était un de ses matelots.

-Capitaine?
-Qu'ai-je vous dit au sujet de mon titre? Ce n'est plus simplement "Capitaine", mais plûtot "Capitaine-Maintenant-Richissime-Admirée-de-Tous". Que veux-tu? Et fais ça vite, j'ai un rendez-vous au spa très bientôt.
-Bon, Capitaine-Maintenant-Richissime-Admirée-de-Tous, nous avons une autre mission...
-Ah oui? Quel genre de mission?
-On doit se rendre sur une autre île. Apparament, la capitaine Etarip a entendu parler de tes exploits et recherche ton aide.
-Etarip...je crois avoir déja entendu ce nom auparavant...mais oui!! Nous allions à l'école ensemble! Pearl Etarip...c'était ma meilleure amie! Qu'est-ce qu'elle veut?
-Son frère Wilfrid est rescapé sur cette île. Il faut aller le chercher, car sinon, il mourra de deshydratation et de faim.
-Ok...et l'île, ou est-elle?
-C'est ça le problème, Capitaine-Maintenant-Richissime-Admirée-de-Tous, on ne le sait pas...
-QUOI??? Espèce de singe du cosmos, tu viens juste de ruiner ma journée! Moi qui croyais passer un bel après-midi tranquille avec BGP au spa...
-C'est qui, BGP? Ton amoureux?
-C'est mon perroquet, nom d'un crabe!!! Dis à Pearl de me rencontrer à mon manoir. Nous pourrons discuter.
-Tout de suite, Capitaine-Maintenant-Richissime-Admirée-de-Tous.

Capitaine Plouff raccrocha, fulminante. Elle qui croyait pouvoir relaxer paisiblement en se faisant faire un massage. Mais non! Elle devait trouver l'emplacement d'une île nichée au beau milieu de l'océan, pour sauver quelqu'un qu'elle connaissait à peine et n'avait pas vu pour au moins dix ans! Rendue chez elle, elle appela le spa pour annuler son rendez-vous, quand la sonnette retentit. C'était Capitaine Etarip, qui portait une magnifique robe verte regorgeant de brillants et un sac matelassé rehaussé d'or. Capitaine Plouff sentit une pointe de jalousie...

-Mafalda!!! Ça fait longtemps! Comment vas-tu?

Sa bonne humeur et son look franchement superbe démoralisait Capitaine Plouff, qui était déja d'humeur massacrante. Comme réponse, elle grogna. Capitaine Etarip répondit:

-Sacrée Mafalda! Tu n'as pas changé!

En entrant dans le vestibule, Capitaine Etarip retint son souffle.

-Que c'est beau! s'exclama-t-elle en voyant le chandelier en diamant.
-J'ai entendu la nouvelle à propos de ton frère, dit Capitaine Plouff brusquement.

À ces paroles, le regard émerveillé se dissipa sur le visage de Capitaine Etarip, et ses yeux se remplirent de larmes. Puis, elle se jeta dans les bras de Capitaine Plouff en sanglotant. BGP, effarouché, s'envola vers la mezzanine.

-C'est horriiiiiible!!!! sanglota Capitaine Etarip. On ne sait pas ou il est, et si on le trouve, il sera probablement mort!

Capitaine Plouff essayait de réconforter son amie d'enfance, mais en même temps, elle était dégoûtée, car Capitaine Etarip était en train de répandre de la morve sur son nouveau chandail griffé.

-Si on allait dans ma chambre? demanda Capitaine Plouff. Capitaine Etarip hocha la tête. Elles grimpèrent les escaliers (qui changeaient de couleurs à mesure qu'elles montaient) menant à la mezzanine et pénétrèrent dans la chambre, peinte en bleu électrique (tout comme sa cabine à l'intérieur du Calmar Cancéreux). Capitaine Etarip se posa sur le lit et enfouit son nez dans les coussins, au grand dégoût de Capitaine Plouff.

-Écoute, on va trouver ton frère. Je le jure sur la tête de mon arrière-grand-oncle Alphonse!
-Mais il s'est fait décapiter en Arabie saoudite, non?
-Ah oui...ce n'est pas grave! Que sais-tu au sujet de ton frère?
-Je sais que Wilfrid a pris une croisière dans les Caraïbes et que son bateau a heurté un volcan sous marin qui a explosé...Je sais aussi qu'il a survécu à l'explosion, mais c'est tout.
-Alors, il doit se trouver sur une île dans les Caraïbes!
-Oui, mais LAQUELLE? À ce que je sais, il y en a plusieurs! Oh, mon petit frère...il doit vraiment s'ennuyer...
-On ne peut pas être sûres! Peut-être que Wilfrid est en train de danser avec des indigènes ou pêcher des poissons bizarres! Peut-être qu'il s'amuse!

Capitaine Etarip commença à pleurer de plus belle. Capitaine Plouff commençait à être un peu irritée. Elle chercha une carte des Caraïbes sur son téléphone. Effectivement, plusieurs petites îles peuplaient le fond bleu qu'était l'océan. Capitaine Etarip n'arrêtait pas de sangloter. Capitaine Plouff était bien tentée de prendre un granité du mini-réfrigirateur rose dans le coin pour l'enfouir dans le visage de Capitaine Etarip, juste pour qu'elle se taise. Mais elle se retint. À la place, elle en offrit un à son amie. Le granité fut presque instantanément couvert de larmes salées. Berk.

-Arrête de pleurer, Pearl! s'emporta Capitaine Plouff. C'est franchement bébé et en plus, tu mouilles tous mes coussins! Mon cousin Barthélémy s'est retrouvé sur une île déserte en Malaysie et je n'ai pas pleuré.
-Ça, c'est parce que t'est égoïste et tu te fous de tout le monde!

À ces paroles, Capitaine Plouff sentit une vague de culpabilité s'écraser sur elle. C'est vrai, elle accordait plus d'importance à l'état de ses coussins qu'au frère de son amie.

-Bon...je suis désolée. Je n'aurais jamais du dire ça.

En lui montrant la carte sur son téléphone, elle désigna les petites îles.

-Ton frère est surement sur une des ces îles. Il suffit de les explorer une à une.
-Mais combien de temps prendra cette expédition?

Capitaine Plouff compta les petites îles sur la carte.

-Mon bateau va à 175 km/h, au plus vite, et il a 13 îles. L'expédition prendra peut-être plus que deux semaines.
-Mais qu'arrive-t-il s'il est mort?

Capitaine Plouff ne repondit pas à la question sous peine de blesser son amie davantage. Elle était si tentée de répondre "On l'enterre et on s'en va", mais elle s'abstena. À la place, elle tapota sur l'écran du téléphone pour examiner les îles de plus près. En examinant une île, elle trouva une horde d'indigènes en train de crier, immobilisés dans le cliché. Ils tenaient des lances dans leurs mains et étaient peinturés de motifs bizarres aux couleurs criardes. Et là, au beau milieu du groupe, se trouvait...Wilfrid. Lui aussi brandissait une lance et avait des spirales bleues peinturées sur les joues.

-WILFRID!!!! s'exclama Capitaine Etarip, si fort que Capitaine Plouff faillit échapper son téléphone. C'est lui!!! Vite, note les coordonnées!!

Capitaine Plouff saisit son bloc-notes en forme de pomme et nota les coordonnées ainsi que la date que la photo a été prise: le 12 juin, il y a à peine deux jours. Elle nota aussi le nom de l'île: L'Île aux Sauvages. Ça promettait...