Chapitre 2 [RÉÉCRIT]

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-C'est bon t'es piégée, dit l'homme, tu peux plus t'enfuir, hein ma belle.

Les larmes brouillent désormais ma vue. Comment me sortir de cette situation. Plus l'homme se rapproche, plus des scénarios tous plus horribles les uns que les autres s'enchaînent dans ma tête, je ne vois aucune issue, je ne peux clairement pas escalader le mur et l'homme à la cannette me bloque le passage. Je me mets à imaginer ce qu'il risque d'arriver, l'homme tend la main et je l'imagine me toucher, cette pensée fait redoubler mes larmes et je me colle encore plus contre le mur, s'il était possible de fusionner avec les objets je serais déjà rentrée dans le mur. Hélas ce n'est pas possible. Je recule, encore et encore, même si finalement je ne recule plus vu que je suis déjà collée au mur, quand je sens soudainement quelque chose de dur, comme une sorte de barre en fer arrondi dans mon dos. C'est étrange, je ne la sentais pas il y a 30 secondes, alors que cela fait bien plusieurs minutes que je suis collée à ce mur en cherchant une solution, et en profitant du fait que l'homme ait des difficultés à avancer à cause de son état pour gagner du temps. J'aimerais me retourner pour voir ce que c'est mais je ne veux pas quitter l'homme des yeux. Ça suffit, il faut que j'arrête de réfléchir, je n'ai pas le temps pour ça, je décide de me retourner et j'ai le temps de voir que la barre en fer que je sentais est une poignée avant de la tourner au moment où je sens le souffle de l'homme dans ma nuque. Je m'enfonce dans le noir en tombant. En arrivant dans l'impasse j'avais remarqué le graffiti représentant un magasin de jeux mais il n'y avait aucune poignée, ou du moins je n'y avais pas fait attention, ce qui est normal vu la situation dans laquelle j'étais.
Je me relève tant bien que mal dans le noir et cherche mon téléphone pour faire de la lumière. Une fois la lampe torche allumée et mes affaires ramassées, je constate avec tristesse et énervement que j'ai effectivement perdu mon skate, j'ai dû l'oublier devant une vitrine, je décide de regarder autour de moi. Mon premier réflexe est de me retourner vers l'endroit par lequel je suis rentrée pour vérifier que l'homme ne pourra plus m'approcher, même si je l'ai pas entendu depuis tout à l'heure, ce qui est bon signe. Je me tourne donc vers la porte, mais je ne la trouve pas. De plus en plus étrange, je ne comprends pas, je tourne sur moi même mais ne vois pas de porte. D'abord une poignée qui apparaît par magie, ensuite une porte qui disparaît, rien ne va. Je ne comprends rien, je ne comprends pas où je suis, ni comment je suis arrivée là. Je m'adosse contre le mur et soupire, je me passe les mains sur le visage, j'ai arrêté de pleurer depuis que l'homme n'est plus à côté de moi. Je regarde de nouveau autour de moi à la lueur de ma lampe torche, dans l'espoir de trouver quelque chose d'utile, mais utile à quoi, je ne sais même pas ce que je cherche.
Je crois que je suis dans une sorte de débarras, il y a des étagères remplis de cartons, et il n'y a que ça. Je me demande ce que contiennent ces cartons. Je m'apprête à bouger du mur contre lequel je suis appuyée lorsque j'entends la voix lointaine de l'homme à la cannette proliférer des insultes, je l'entends se demander où je suis passer en criant, puis il finit par comprendre que j'ai disparu, et part. Enfin non, il n'a pas dû comprendre mais moi non plus, il mettra sûrement ça sur le coup de l'alcool, mais moi je ne sais toujours pas où je suis.
Je me décolle du mur et m'avance au centre de la pièce, toujours à la lumière de mon téléphone et me dirige vers les premières étagères à ma droite et ouvre le premier carton à ma portée. Je l'ouvre sans savoir à quoi m'attendre, et constate sans être vraiment surprise qu'il contient des boîtes de jeux. Je regarde dans les cartons à côté, ils contiennent également des jeux, de toutes sortes, allant du simple jeu de carte au ouija.
Je m'avance en me prenant quelques cartons dans les pieds et finit par voir une porte se détacher dans la lumière de mon téléphone. Je tends la main pour l'ouvrir mais mon geste se bloque. Que peut-il y avoir derrière cette porte, probablement un magasin de jeux, mais je ne suis pas rassurée, et si c'était autre chose ? Vu la manière dont je suis arrivée dans cet endroit, il doit forcément y avoir quelque chose de bizarre ici.
Au bout de quelques minutes je ne vois pas d'autres solutions que de sortir par la porte, je ne vais pas pouvoir rester ici éternellement et tout ce qu'il s'est passé depuis que je suis arrivée dans ce village m'a beaucoup ralentie. Je reviens soudain à la réalité et voit que si je continue à traîner je ne vais jamais être prête pour ce soir. Un élan de courage et de motivation me vient et je tourne la poignée sans réfléchir.
Je me retrouve dans un pièce plus grande, plutôt sombre, comme si on avait tamisé la lumière pour rendre l'ambiance calme, comme une fin de journée tranquille. L'atmosphère de la pièce était apaisante, il faisait bon, ce qui contrastait avec la chaleur étouffante de dehors. Je regarde autour de moi en m'avançant pour pouvoir refermer la porte par laquelle je venais de passer. La pièce dans laquelle j'avais atterri semblait figée dans le temps, les sortes de vitraux aux quelques fenêtres donnaient une couleur rouge à l'endroit. Quelqu'un d'autre aurait trouvé l'atmosphère de la pièce pesante et un peu effrayante mais j'y étais bien, je me sentais à l'aise, à ma place. Je décide de continuer mon exploration et m'avance en silence pour ne pas rompre l'harmonie présente. Je me rendis compte que j'étais extrêmement calme et apaisée par rapport à tout à l'heure, comme si j'étais sûre d'être en sécurité dans cet endroit et que rien ne pouvait plus m'arriver, comme si la situation dans laquelle j'étais il y a peu n'était jamais arrivée.
La pièce était remplie d'étagères débordantes de jeux en tout genre. C'était donc bien un magasin de jeux. Mais il n'y avait pas que des jeux, également toutes sortes d'accessoires de voyance ou "magiques".
Je parcours les étagères des yeux en cherchant avec attention le jeu parfait pour Peter. Je commence à désespérer et avance pour me rabattre sur un jeu convenable mais qui ne me satisfait pas réellement, lorsque, mon regard s'accroche sur une boîte rouge, un loup-garou dessiné, à la main semble-t-il, dessus. Je m'approchais de la boîte, freina mon mouvement en me demandant si j'avais le droit de regarder comme ça, puis finalement je laissais mon questionnement de côté et saisis la boîte avec délicatesse. Je passais ma main sur la boîte pour retirer la poussière qui s'était accumulée dessus en une couche fine, ce qui ternissait la couleur de la boîte. Une fois la poussière enlevée, la boîte était désormais d'une couleur rouge sang, effrayement réaliste, comme si on avait trempé la boîte dans du vrai sang. Je frissonai à cette pensée.
J'ouvris la boîte doucement, en osant à peine la toucher, comme si elle risquait de se décomposer dans mes mains. Un léger nuage de poussière sorti lorsque je levais le couvercle. Je jetai un oeil à l'intérieur et resta bouche bée. Les cartes étaient incroyables. Je me mis à les sortir une par une avec précaution et à les étaler sur un espace que j'avais réussi à trouver sur une étagère. Les cartes étaient sublimes, on voyait et on sentait au toucher qu'elles étaient faites main. J'étais subjuguée, je ne pouvais plus les quitter des yeux. À ce moment précis, je savais que c'était le jeu qu'il me fallait, c'était une évidence. Je remis les cartes dans la boîte, la referma et me mit à chercher le prix. Mais rien n'était indiqué à l'endroit sur l'étagère où se trouvait la boîte auparavant, ni sur la boîte.
Je me dirigea donc vers ce qui semblait être la caisse, même si c'était plus un espèce de bar en hauteur, des stickers et des dessins partout sur le mur, derrière une vieille chaise usée de longues années d'utilisation.
Arrivée au niveau de la pseudo-caisse, je réalisa que je n'avais vu personne depuis que j'étais rentrée dans le magasin, un peu bizarre, je me retournais vers le fond du magasin et sursauta en apercevant un jeune homme, les bras croisés, appuyé contre un des murs, des yeux rieurs rivés sur moi.
Il se tient un peu dans l'ombre donc je n'arrive pas très bien à le distinguer, mais de ce que je discerne, il est plutôt grand, les cheveux ébouriffés, noirs à première vue. Il a l'air jeune, un peu plus vieux que moi, je dirais 19 ou 20 ans. Je sens son regard peser sur moi, ce qui me déconcentre dans un premier temps et je me mets à bafouiller ce qui ce voudrait être une phrase.

The last game [EN RÉÉCRITURE]Where stories live. Discover now