Chapitre 6

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Puis le silence se fait à part deux-trois conversations qui continuent discrètement, la nourriture est posée, on va pouvoir commencer à jouer.

- On va commencer la partie, lançais-je à l'attention de tout le monde, dont les visages étaient tournés vers moi, dans l'attente du signal de départ.

Des exclamations enthousiastes parcoururent l'assemblée.

- C'est bien mais dis moi Octavia, ça marche comment ton truc avec le magnétophone, demanda quelqu'un en pointant l'objet du doigt.

Et c'était effectivement une bonne question, je n'en avais aucune idée. Je m'apprêtais à lui répondre d'une voix gênée lorsqu'une voix masculine, qu'il me semblait avoir déjà entendue mais sans savoir où, surgit de nulle part. Tous les regards convergèrent vers le magnétophone placé au centre du cercle.

- C'est super glauque, lança quelqu'un en rigolant, arrachant des rires à d'autres.

La voix reprit :

- Maintenant que tout le monde a vu sa carte, le village s'endort.

Cette voix était définitivement celle d'un homme, pas celle d'un robot. Elle me disait vraiment quelque chose, mais c'est flou, mon cerveau embrumé ne parvenait pas à lui associer un visage.
Presque immédiatement après la fin de la phrase, je vois tout le monde s'écrouler au sol, comme morts. Un sentiment de panique s'empare de moi, mais les bruits de respiration que je perçois me rassure, ils sont juste véritablement endormis. Ce qui se passe est très très bizarre, et complètement flippant. Puis je réalise que je suis la seule réveillée et encore assise. Je me dépêche de me coucher au sol comme les autres et feins de dormir, ma respiration se calme peu à peu.
J'attends mais rien ne semble se passer.
Je rouvre les yeux discrètement et constate quelque chose d'encore plus bizarre. Une sorte de brume a envahit le sol de la cabane et l'air s'est considérablement refroidit, il fait trop froid pour un mois d'été. Un frisson me parcoure. Les flammes des bougies vacillent légèrement, et une sorte de brise légère semble circuler autour de nous.
Je jette un œil vers Alice et reste stupéfaite. Ses vêtements se sont changés en veux d'une vraie villageoise. Les yeux écarquillés de stupeur je balaye l'assemblée d'un regard, et constate que tous sont habillés comme elle. Je me penche pour jeter un regard vers mon propre corps, je suis également dans une tenue similaire à celle d'Alice. Un cri de surprise jaillit de ma bouche sans que je puise le retenir, pourtant aucun son ne se produit. Comment est-ce possible ? Quand ce changement s'est-il opéré ? Et pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'on porte ces vêtements bizarre ? Et surtout pourquoi mon cri n'a-t-il produit aucun son ?
Là je flippe vraiment. Comment vont réagir les autres en voyant ça ? Peut-être qu'au réveil tout sera redevenu comme avant, me dis-je en tentant de me rassurer.
Le silence qui pèse dans la cabane m'effraie, je ne suis plus aussi sûre qu'offrir ce jeu à Peter était une bonne idée, ni y jouer d'ailleurs. Je n'aime pas ça. Quelques larmes m'échappent, je veux sortir d'ici. Mais je prends une grande inspiration et tente de me calmer. C'est bizarre mais peut-être est-ce l'effet de l'alcool sur mon esprit qui me produit de telles hallucinations. Oui, ça doit être ça, il n'y a pas d'autres explications, je n'ai pas d'autres explications. Je vais arrêter de boire. Mes pensées continuent de s'enchaîner rapidement quand la voix du magnétophone résonne de nouveau dans le silence de la cabane.

- Cupidon se réveille...

J'entends un froissement de vêtements à côté de moi, tourne légèrement la tête et observe Alice s'éveiller à travers mes cheveux.
Elle est donc Cupidon, nous sommes dans le même camp, enfin une bonne nouvelle.
Je la vois lever la tête et laisser son regard se balader autour du cercle. Elle a un mouvement de recul, la surprise se peint sur son visage, son expression s'accentue lorsqu'elle voit les vêtements qu'elle porte, puis qu'elle constate que nous en portons tous des similaires. La seule différence est que de petites ailes blanches, pâles flottent derrière son dos, une auréole de la même couleur est apparue au dessus de sa tête, un arc noir est posé à côté d'elle et un carquois tout aussi noir se dessine dans son dos, contenant uniquement deux flèches sombres, dont les pointes représentent un cœur rouge écarlate. Je vois sa bouche s'ouvrir dans une exclamation de surprise, mais comme moi auparavant aucun son ne sort. La panique la gagne, les larmes gagnent ses yeux. Je n'y comprends plus rien, je suis sûre que jusque là elle portait simplement les mêmes vêtements de villageois que nous, et puis d'où sort cet arc, et ces flèches, et puis ces ailes aussi !? Ils seraient tous apparus d'un coup ? Mais comment ? Je deviens définitivement folle.
Alice a l'air complètement affolée. Je voudrais la rassurer, lui dire que je suis là, lui dire de ne pas paniquer et que tout va bien aller mais lorsque j'ouvre la bouche pour parler, toujours aucun son n'en sort. Les larmes me montent de nouveau aux yeux.
Alice tente encore de comprendre ce qui lui arrive, ce qui nous arrive à tous lorsque la voix du magnétophone retentit une nouvelle fois.

The last game [EN RÉÉCRITURE]Where stories live. Discover now