Nuit infinie

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Je vois déjà des gens s'imaginer qu'après ces maigres confessions, on s'était embrassées. Puis qu'on s'était laissées allées dans un ouragan de sentiments qui ne se serait calmé que le lendemain.

Mais non. Rien de tout ça.
Pourtant, j'avais trouvé cette soirée bien intense.

J'arrêtais pas de te regarder, et malgré ça, je n'étais jamais assez rassasiée de ton image virevoltant dans la pièce sous une forme quelque peu timide. Je trouvais ça attendrissant ; qu'un esprit aussi libre se sente entravé par ma présence - pourtant pas bien impressionnante.

On a passé la nuit à parler. Je ne peux même plus citer tous nos échanges tant ils étaient uniques.
Je me souviens de quelques passages :

— Dis éternelle, t'as déjà fermé les yeux très très longtemps, avant de les rouvrir et de redécouvrir le monde, les couleurs, la lumière ... Tout ça t'agresse dans une sorte de synesthésie violente qui ne s'arrête qu'une fois que tu retrouves cet état d'indifférence face à ce qui t'entoure... T'as déjà essayé ?
— Euh... Pas vraiment, non.
— Tu devrais, un jour. Parce que ce soir-là, c'est ce que je suis en train de vivre. Je viens de rouvrir les yeux, et putain comme c'est beau.

[...]

— Daphné ?
— Oui ?
— Non, rien. Je voulais vérifier, j'ai presque eu le temps de croire que je t'avais inventée. On peut parler jusqu'au lever du jour ? Quand il fait nuit, j'ai peur que les étoiles te kidnappent.
— D'accord.

Et t'as tenu jusqu'au lendemain, malgré tes joues creusées par les cernes.
Malgré la peur du jour qui se lève qui te tiraillait l'estomac.
Parce que tu savais.
Et que je savais.

Qu'à la lumière du jour, il est beaucoup plus dur de se cacher de sa vie. De ses obligations.
Des au revoir.



L'éther nie tes soupirs.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant