Pour un peu de Magic-X

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Chtonya. Ville de Parys. Après-midi du 3 Janvier 2015.

Livia contemplait son reflet dans le miroir, passant lentement ses mains sur les bandes de gazes sales qui recouvraient son cou et une partie de son épaule. La soirée du Nouvel An n'avait pas très bien tournée, mais son métier comportait des risques, elle en avait parfaitement conscience du haut de ses vingt ans. Fille d'Atia César, elle-même cheffe de la famille César, elle aidait sa mère dans les affaires de drogue avec son gang, les Centurions. Raison pour laquelle Livia s'occupait de distribuer la Magic-X dans les rues. Ceux que la drogue ne tuait pas, elle les rendait totalement accro et ramassait de jolies sommes au nez et à la barbe de tous. D'autres concurrents tentaient bien de s'élever, eux aussi, mais il n'existait qu'un seul fournisseur pour cette substance : celui des César. Un asiatique du nom de Nagato Ryúkage, qui cachait, en outre, un terrible secret. Sa mère était-elle déjà au courant, au moment où elle avait envoyé sa fille unique se ravitailler chez ce... Monstre ? Probablement et Livia le vivait plus comme une épreuve que comme une trahison. D'ailleurs, elles n'évoquaient jamais le sujet entre elles.

Atia pénétra dans la chambre de sa fille, jetant un regard impérieux tout autour d'elle. Il n'était pas rare que des Centurions, pour la plupart les enfants des familles affiliées à celle des César, squattent cet endroit où régnait toujours un joyeux bordel. Pourtant, Livia essayait souvent de ranger mais la pièce semblait imperméable à toute forme d'organisation, aussi abandonnait-elle, au grand désespoir de sa mère. Comme quoi, on peut diriger la mafia sicilienne de Parys et rencontrer les mêmes problèmes domestiques que le clampin moyen.

— Comment tu te sens ? demanda-t-elle, rivant son regard sur la blessure de sa fille unique.
— Ça pique mais ça va.
— Tu n'as pas changé ton bandage, lui reprocha-t-elle.

Sans attendre la réponse, elle s'approcha jusqu'à s'agenouiller près d'elle et Livia remarqua alors la trousse de premiers secours qu'elle avait emporté. Une preuve que sa mère la connaissait bien... Sur ses talons suivit Lamya, une galga à la robe beige et cendre. L'animal très fin dégageait une impression de fragilité à laquelle il ne fallait pas se fier. Génétiquement modifiée après avoir été recueillie dans un refuge, l'animal ne vieillissait plus, résistait aux coups grâce à une peau aussi dure que le métal et surtout, possédait des dents acérées de prédateur. Livia comme Atia adoraient cette chienne, une vraie battante comme le répétait souvent sa mère, il suffisait de voir les nombreuses cicatrices sur son corps. Quant à savoir ce que la dame du crime faisait dans un refuge exactement... Mystère. Elle était tombée sous le charme de l'animal au premier regard et elles se ressemblaient assez.

Le visage d'Atia, couturé de cicatrices lui aussi, se barra d'une expression inquiète quand elle ôta les bandages. Son nez se fronça devant la plaie mal refermée, puisque Livia refusait d'arrêter de bouger. Elle aspergea la blessure d'iso-Bétadine et la jeune femme sursauta à cause de la brûlure, s'empêchant de gémir bien que les larmes lui montent aux yeux. Avec énergie, Atia frotta les tissus et Livia se décida à parler pour ne plus penser à sa mère qui la torturait, littéralement.

— Nagato a envoyé la Magic-X pour ce soir ?
— Je n'ai rien eu, non.
— Quoi ?! Mais merde il ne me reste plus rien, j'ai tout écoulé au Nouvel An. Enfin, Clélia et Aurélien ont terminé après que ce taré m'ait sauté dessus.
— Tu le connaissais ?
— J'sais pas, j'crois pas.

Pourtant, le visage de son agresseur lui semblait vaguement familier mais Livia avait beau retourner le problème dans tous les sens, rien ne lui venait.

— Il a juste pété les plombs, je lui ai donné une seule pilule, mais y'a des gens qui savent pas supporter.

Elle haussa les épaules, se rappelant trop tard de sa blessure. Le tiraillement lui arracha une exclamation douloureuse et un regard désapprobateur de sa génitrice, en train de remettre en place le pansement. Comme pour compatir, Lamya vint lui pousser les doigts avec son museau et Livia lui gratouilla l'oreille.

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