Chapitre 40 / Asher

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Le bureau est vide dorénavant. Après avoir donné les dernières indications à ma sœur et aux autres, ils sont sortis en me laissant seul. La fenêtre est la seule source de lumière dans la pièce. On ne doit pas être loin des environs de midi et je songe aux événements futurs. Cette soirée promet d'être décisive pour la suite : la mort ou la vie avec Maia. En tout cas, je ne vois pas d'autre alternative. Je me rends bien compte à quel point je suis pathétique. Depuis toujours, je n'ai voulu que des coups d'un soir pour éviter de devenir ce que je suis aujourd'hui.

Je passe une main dans mes cheveux que j'ébouriffe au passage puis soupire bruyamment. L'idée de la voir au bras de Daniel, ou pire, au bras de mon frère, cela me répugne. Dans un sens, je dois remercier ce fameux Daniel ! Après tout, c'est lui la cause de l'arrivée de Maia dans cette maison. Jamais je n'aurais pensé lorsque je l'ai amené que ça finirait ainsi, que je deviendrais ainsi. Moi ? Faire tout ça pour une fille ? Autant me donner une corde, je vous aurais sûrement répondu.
Le clan passait avant tout parce que les Angels of The Hell ont été ma deuxième famille depuis toujours, depuis la perte de mes parents principalement.

Et aujourd'hui ? Je les mets tous en danger pour sauver une personne, une seule, qui n'est d'ailleurs arrivée dans notre gang que récemment. Je ne me pensais pas capable de les mettre en danger pour elle, mais, en me trouvant dans une telle situation désormais, je ne vois pas d'autre solution. Sans elle, tout ça n'a plus de sens.

Qu'est-ce que je l'ai détesté ! Bon sang qu'est-ce que je l'ai détesté cette femme pour m'avoir tourner la tête à l'aide d'un simple regard !
La fois sur la plage, notre première véritable rencontre, a été le début de tout. Qu'elle soit aussi magnifique et inaccessible à la fois était une torture sans précédent pour moi.
Des cheveux châtains avec des reflets plus clairs causés par le soleil Californien, des yeux noisettes pétillants de malice en amande, un visage avec des traits délicats et des lèvres pleines, tout ça finit par me la faire haïr alors qu'elle m'obligeait à la désirer. Sa beauté, elle ne s'en rendait pas compte et ne s'en rend toujours pas compte, est à couper le souffle. De jolies formes en plus de ça, la rendant parfaite.

Pour dire vrai, Maia n'est pas la fille sur qui tous les hommes vont se retourner, principalement à cause de sa maladie à vouloir se fondre dans la foule. Pourtant, chaque homme regrettera de ne pas s'être retourné lorsqu'il apprendra à la connaître. En la regardant attentivement, on la trouve divine, d'une beauté pure et simple. Son caractère de feu caché sous cette simplicité rend la jeune femme encore plus exceptionnelle. Dire qu'elle tient à moi, toujours malgré que je l'ai abandonné ...

Je n'en reviens pas d'avoir été aussi stupide et je ne cesse de me répéter que c'est de ma faute si on en est là aujourd'hui. Si je ne l'avais pas laissé seule à l'extérieur, si j'étais resté avec elle, je serais à ses côtés à présent. Je serais sûrement en train de me moquer d'elle et de son plat raté, on aurait laissé les autres à table pour régler ça au sous-sol. On se serait taquiné et je l'aurais battu. Elle m'en aurait voulue. Je l'aurais embrassé pour me faire pardonné, mais surtout je lui aurais avoué à quel point elle est devenue importante pour moi et que j'étais désolé.

Au moins, je peux me vanter d'avoir fait souffrir ceux qui ont essayé de mettre fin à la vie de Maia, mais aussi au reste de ma famille. Chaque personne présente dans la voiture a subi le prix de leur acte.
Ça a mis du temps, plus que je n'avais pensé, mais j'étais dans une telle colère que je ne voulais pas qu'elle me découvre ainsi.

Pourtant, tout ça n'a servi à rien car elle est quand même entre leurs mains aujourd'hui. C'est moi qui l'aie amené dans ce monde, c'est moi le responsable si elle meurt.

Ces derniers jours, j'ai pensé à la possibilité de ne jamais la revoir alors que mes gars cherchaient l'endroit où les Blue Devils la retenaient. J'ai pensé au fait que j'allais devoir annoncer à ses parents que je l'ai tué. J'ai vu la scène, imaginé leur regard et me voyais très bien demander à son père de laisser sa colère me tuer. Sans elle, autant mourrir.

J'ai honte de moi en pensant à ces derniers jours. Tout ce que j'ai fait, c'est ruminer et donner l'ordre aux autres de la retrouver pour pouvoir savoir l'endroit où je devais aller, l'endroit où j'allais laisser libre cours à ma haine.
Ils ont cherché, j'ai imaginé la façon de les tuer.
Ils ont étudié des plans, j'ai envisagé les pires souffrances pour ces hommes.
Encore une fois, je n'ai pas assuré et je me rends compte que je suis un monstre, un monstre qui ne mérite pas Maia.

Pourtant, je ne serais pas celui qui lui demande de m'éviter, de vivre sa vie sans moi, de vivre une vie normale, je suis bien trop égoïste pour ça.
Je sais très bien qu'elle est devenue une drogue pour moi et que, sans elle, autant mettre fin à mes jours.

Même si je déteste l'admettre, Daniel a réussi son coup. Il a frappé cette fois au bonne endroit, là où ça fait mal. Il a donné le coup après lequel tu as du mal à te relever, celui qui te coupe le souffle.
L'absence de Maia m'a rendu l'ombre de moi-même mais, doucement, j'émerge. L'idée de la revoir ce soir me fait revivre, même si je risque de perdre la vie. Tout ce que je souhaite, c'est qu'elle s'en sorte. Je l'ai mis dans ce merdier, je dois l'en sortir à n'importe quel prix.

En y réfléchissant bien, en comparant nos deux âmes, il n'y a pas d'hésitation à avoir. Elle est la personne à sauver, celle qu'on choisit lorsqu'on a un minimum de bon sens. Maia est pure et forte, je suis un homme avec les mains salies. Après tout, c'est l'héritage de mon père.
Pendant que j'étais loin d'elle, je me suis surpris à voir notre vie ensemble, sans ces histoires de gang. Je ne sais pas si cela aurait été possible nous deux, si je n'avais pas été dans un gang.
Si ça se trouve, c'est à moi que Monsieur Davis aurait donné la main de sa fille. Et aujourd'hui ? De quel avenir on peut espérer ensemble si on s'en sort ? Je ne sais pas quoi espérer ...

Dans tous les cas, je lui donnerais ma vie sans hésiter. Elle m'a fait changer, m'a ouvert les yeux, m'a fait vivre quelques instants, m'a fait découvrir ce sentiment qu'est la frénésie.
Pour ça, je lui en serais éternellement reconnaissant.
Ce soir, Maia aura la vie sauve. J'en fais le serment.

FrénésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant